Ari et la reine de l'orge,
Pan Bouyoucas,
Les Allusifs,
février 2014, 151p.
12€
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de titre aux éditions québécoises des Allusifs. Et puis j'ai vu apparaitre ce nouveau titre dans leur catalogue. Un conte contemporain par l'auteur de Portrait d'un homme avec les cendres de sa femme, pourquoi pas?
Ari est l'ainé des deux fils de la reine de l'orge. Elle règne sur son empire d'une main de fer. Si elle n'a que dégout et désintérêt pour son cadet, bègue et discret, son ainé est sa plus grande fierté. Elle a un amour sans limite pour lui. et un avenir tout tracé. Il épousera la fille du roi de la bière, deviendra encore plus puissant et riche qu'elle, accomplira son destin comme elle l'a choisi. Mais voilà que Ari cherche a s'émanciper de son carcan. Il cherche à tous prix à rencontrer la femme de ses rêves, celle a qui il pourra faire un enfant. Mais sa mère, toute puissante, les fait toutes fuir. Jusqu'au jour où il rencontre Moli, qui rêve de devenir actrice et entraine Ari dans ses répétitions nocturnes dans le cimetière. C'est la bonne, celle pour laquelle il est prêt à se battre. Celle pour laquelle il est prêt à tenir tête à sa mère, à la rayer de sa vie s'il le faut.
Avec son écriture qui mêle les codes traditionnels des contes de fées, et l'écriture contemporaine, Pan Bouyoucas nous offre un court roman sur l'émancipation. La figure de la mère castratrice y est poussée à l'extrême dans une sorte de folie. Une passion maternelle dévastatrice qui pousse aux situations les plus extrêmes, révélant chez le héros des ombres à sa personnalité qu'il n'aurait jamais imaginé. Dans ses tentatives pour se libérer et se trouver, Ari outrepasse même les codes de l'humanité. Une catharsis puissante qui se lit d'une traite avec un plaisir presque enfantin. Un conte contemporain qui fait réfléchir sur une problématique toute masculine.