Menu

Rechercher dans ce blog

lundi 30 novembre 2015

Bilan lectures de Novembre



En me baladant sur les blogs littéraires, je me suis aperçue que de très nombreuses personnes faisaient le bilan de leurs lectures chaque mois. Un bon moyen de voir tout ce qu'il me reste à chroniquer, et de faire un mot sur mes lectures dont je n'ai pas spécialement l'intention de parler dans un article complet. Alors pour la première fois en plus de 2 ans (presque 3 ans pour ce blog, je n'en reviens pas!) je me lance. 
Ce mois-ci, ayant eu des vacances, autant vous l'avouer, j'ai lu beaucoup plus que d'habitude (sur la photo ne sont présents que les livres que j'avais sous la main au moment de la photo). Je lis lentement, et je ne fais pas la course au nombre de pages avalées (plus que la quantité, j'essaie de lire de la qualité, des choses qui me plaisent). 
Autre aveu à vous faire, quand un livre ne me plaît pas, dès les premières pages, j'abandonne. Il y a tellement de livres qui me font saliver que j'ai décidé de ne pas perdre mon temps avec ceux qui m'ennuient.

Donc ce mois-ci beaucoup de lectures, comme je vous disais:

En littérature adulte


La clé sous la porte, de Pascale Gautier, dont je vous ai parlé en tout début de mois.










Brutes, d'Anthony Breznican. Ça je vais vous en parler, parce que j'ai adoré!







Je voyage seule, de Samuel Bjork. Un polar nordique qui m'a offert plusieurs heures bien sympathiques. Celui-ci aussi je vous en parlerai plus longuement.










Chez les ados


A la poursuite de ma vie, de John Corey Whaley. On m'en avait beaucoup parlé, comme le nouveau Nos étoiles contraires de John Green. Et bien j'ai été déçue. Car ce n'est pas du tout le même genre, sinon qu'il parle aussi de la mort d'un adolescent, mort due à la maladie. Mais je vous en dirais deux mots prochainement.








Les petites reines, de Clémentine Beauvais.
Bon celui-ci, juste une tuerie, un petit bijou! 














Ma mère, le crabe et moi, d'Anne Percin. Un magnifique roman sur le cancer d'une mère, vu par sa fille. Je me disais que j'allais peut-être faire un billet qui regrouperait plusieurs lectures sur le thème. Mais celui-ci vaut le détour.












CIEL 1.0 L'hiver des machines de Johan Heliot. Un roman d'anticipation vraiment palpitant où les machines prennent le pouvoir dans le but de protéger l'environnement des activités humaines.






Premier baiser et autres complications, de Mara Andeck chez Fleurus. A partir de 12 ans. 
Un roman sous forme de journal intime qui m'a terriblement ennuyé. Tout du moins le début, car j'ai rapidement lâché l'affaire. Héroïne sans intérêt qui écrit toutes les 5 minutes dans son journal pour se plaindre et blablabla. Donc les états d'âme de Lilia, 16 ans, qui veut embrasser des garçons, très peu pour moi.

Pour les plus jeunes




Le secret de grand-oncle Arthur, de Véronique Delamarre Bellego.
Une chasse au trésor très mignonne à partir de 8 ans. 
Les enfants vont découvrir que finalement le trésor le plus précieux, n'est pas forcément celui qui est fait de monnaie sonnante et trébuchante.








Au secours! Ils me prennent pour un génie, d'Alice Brière-Haquet.
Un petit roman pour les lecteurs à partir de la fin du CP chez Castor Poche. 
Je l'ai lu car un article du Monde le démontait. Et pourtant il n'est pas si horrible que ça. Il n'a rien d'extraordinaire non plus. Un roman sympatoche pour expliquer aux enfants que ce n'est pas toujours utile de se mettre la pression pour réussir à l'école, mais aussi qu'il ne faut pas s'attaquer aux têtes d'ampoules.


Les filles au chocolat, tome 1, Cœur cerise. Cathy Cassidy. Pocket jeunesse.
A partir de 8-10 ans.
Autre livre dont je ne vous parlerai pas plus que ces quelques lignes. Je l'ai lu pour comprendre pourquoi cette série est un tel carton. Et j'ai compris. C'est mièvre, plein de bons sentiments, une méchante qui n'est qu'une jeune fille blessée et pas vraiment méchante au fond. Une famille recomposée où tout le monde est beau et vit au pays des Bisounours. Trop sucré pour moi.

La vérité sur les tapirs. Livre-CD de Julien Baer, dessins de Philippe Katerine, Actes Sud Junior.
J'avais entendu Philippe Katerine chanter un morceau de ce livre CD sur France Inter, et j'avais adoré. Dans la petite vidéo, publiée par les éditions Actes Sud Junior, on peut voir un aperçu de l'ouvrage et entendre un extrait de ce morceau qui m'enchante. 
Le livre est rigolo. Des illustrations sympa, des photographies marrantes. Mais bon 23€ pour 7 chansons de moins de 2min chacune, ça fait cher l'album rigolo. D'autant plus que finalement Samba est la meilleure de l'album. Si vous tombez dessus en bibliothèque et que vous voulez vous marrer n'hésitez pas une seconde. Sinon il faut être terriblement fan de Philippe Katerine. Dommage, l'idée était tellement bonne.


Chat chat chat, de Pascal Parisot. Illustrations de Charles Berberian. Didier Jeunesse.
Un livre CD sur les chats. Des chansons qui swinguent, des jeux de mots autour de cet animal indépendant et fascinant. 12 morceaux qui plairont surement aux plus petits mais que je n'ai absolument pas envie d'entendre en boucle dans la voiture. Car 12 chansons sur les chats, c'est bien sympa, mais on a un peu l'impression de tourner en rond. Heureusement que musicalement ce n'est pas mauvais. 
Pour résumer des illustrations très sympa, des morceaux qui feront danser les petits, mais on est loin du coup de cœur en temps qu'adulte.  


Le carnaval Jazz des animaux, Livre-CD, chez Gautier-Languereau. Histoire originale de Taï-Marc Le Thanh, illustrée par Rose Poupelain, racontée par Edouard Baer et accompagnée par The Amazing Keystone Big-Bang, d'après l'oeuvre de Camille Saint-Saëns.
L'an dernier j'ai eu un trip Pierre et le Loup. N'ayant la version de Gérard Philippe qu'en vinyle j'ai cherché une version CD. Et je suis tombée sur une version jazz, lue par le grand Denis Podalydès, et accompagnée par The Amazing Keystone Big-Bang. Un coup de coeur pour cette version du conte classique de Prokofiev!
Et cette année le big-bang remet ça avec le Carnaval des animaux.
Une manière ludique, originale et sympathique de faire découvrir le jazz aux petits. L'histoire est sympathique et rigolote, les illustrations terriblement chouettes, et Edouard Baer incarne un loup arrogant et sur de lui, tout du moins au début. Un album qui swingue, qui bouillonne. Des soli, de l'impro, tout comme pour les grands. Quand on prends pas les oreilles des enfants pour des puits de misère ça donne un album qui vaut vraiment le détour!

Le livre sans image, de B.J. Novak. Editions l'Ecole des Loisirs. A partir de 4-5 ans.
Oh un album pour les enfants sans illustrations! Voilà qui est original. Des pages blanches, une typo noire, et une demande faite au lecteur de tout lire. Et comment faire rire les petits et maintenir leur attention sans image? Et bien en faisant dire n'importe quoi au parent qui lit. Des onomatopées, des bruits de prout et autres joyeusetés. Des apartés comme au théâtre, des phrases qui font passer le lecteur pour un imbécile. Tout est fait pour faire rire les enfants. Le genre de livre que j'aime bien car il permet au lecteur de jouer réellement le texte, et donc avec l'enfant qui écoute. Un peu comme dans la série Le Pigeon de Mo Willems. Mais je suis beaucoup plus fan de Ne laissez pas le pigeon conduire le bus.
Il ne me reste plus qu'à le tester sur un public. Si quelqu'un a un enfant à me prêter.


Et enfin les BD et manga

Boule & Bill T36, Flair de cocker de Verron chez Dargaud.
Je me suis replongée dans mon enfance avec ce nouvel album. Boule sans grandir est tout de même plus moderne (il a même un téléphone portable!). Mais sinon tout y est comme dans mes souvenirs.






Les Vieux fourneaux T3, Celui qui part de Lupano et Cauuet chez Dargaud.
3ème tome de la géniale série de Lupano et Cauuet. Un peu moins rigolo que les précédents, mais très touchant. On y apprends plein de choses sur Mimile et sa vie de bourlingueurs dans le Pacifique. La gouaille des personnages y est toujours grandiose. Pierrot et son collectif "Ni Yeux Ni Maîtres" nous offre une action pour la sauvegarde des abeilles de toute beauté. Et Sophie apprends qu'il ne faut pas prendre ses œufs n'importe où au village. Des souvenirs, de la rigolade, de la réflexion. Encore un très bon album.





Chauve(s) de Benoît Desprez chez La Boîte à Bulles.
Benoît Desprez nous y raconte l'année de traitements de son amoureuse atteinte d'un cancer du sein, et soignée à Lorient. Un écho bien fort. Encore un titre qui devra faire partie de la sélection.

Et puis comme je suis dans une phase shojo (parce que j'aime bien me détendre avec une bonne histoire d'amour adolescente à l'eau de rose) je suis en train de relire Kare First Love de Kaho Miyasaka qui ressort actuellement en album double.
J'ai lu Virgin Complex de Natsumi Aida. Un one-shot de l'auteur de Switch Girl qui nous parle de 4 jeunes filles et de leur envie, leur peur et autres, face à la perte de leur virginité. Rien de transcendant.


Et enfin je me suis lancée dans Daytime Shooting Star de Mika Yamamori, dont l'héroïne, Suzume 15 ans, tombe amoureuse de son professeur d'Histoire. Un titre que je pensais niaiseux, mais qui, tout en respectant tous les codes et en utilisant les ficelles habituelles du shojo me botte plutôt bien (puisque j'ai enchaîné les 4 premiers volumes).



Voilà donc pour mon premier bilan mensuel. Autant vous dire tout de suite que les prochains ne seront pas aussi long et fournis. Je n'ai pas des vacances tous les mois non plus. 
Un total de 23 livres (+1 abandonné rapidement) c'est énorme! Maintenant il ne me reste plus qu'a faire les billets correspondants aux titres qui, pour moi, en valent la peine. Encore pas mal de travail en perspective!

Klonk

Klonk ou comment se débarrasser des adolescents, tome 1
François Gravel, 
Les Editions Québec Amérique Jeunesse, 1993
144p, 
A partir de 8 ans.

C'est plus fort que moi, même en vacances je ne peux m'empêcher d'entrer dans une librairie. J'ai donc profité de mon séjour à Montréal pour faire ma curieuse. J'ai demandé au libraire du rayon jeunesse de me proposer des romans jeunesse d'auteurs québécois, qui font désormais partis du patrimoine. Des romans étudiés à l'école. Et j'ai craqué pour Klonk de François Gravel. Pour moi ce monsieur était un inconnu, alors quand je vois la taille de sa bibliographie j'ai un peu honte. 
Ce roman est le premier d'une série de 12. 

Dans ce roman, François Gravel, avec beaucoup d'humour, nous parle de l'adolescence, mais aussi de l'amitié et surtout de la lecture. Alors qu'il s'est cassé la jambe en jouant au hockey, le héro se retrouve privé de récréation. Avec les enfants malades il passe ce moment dans une grande salle, et ne sait pas trop quoi y faire. Parmi les enfants qui ne vont pas en récréation se trouve Klonk, un garçon de sa classe qu'il ne connait pas bien. Atteint de la polio quand il était petit, Klonk se retrouve désormais avec un handicap, d'où son surnom. Mais alors que le narrateur observe Klonk plongé dans sa lecture, celui-ci disparaît sous ses yeux ébahis. Et si la lecture était ce refuge, cette île déserte que le narrateur cherche pour échapper aux cris, aux crises et aux portes qui claques à la maison. Car vivre avec 4 ados à la maison quand on a que 11 ans, ce n'est pas une sinécure! 

C'est un petit roman très drôle qui nous apporte un regard drôle et tendre sur l'adolescence. Mais aussi sur l'enfance et ces amitiés qui nous marques. Sans Klonk le narrateur n'aurait jamais découvert le plaisir de la lecture. Sans lui il n'aurait jamais aimé L'île au trésor ni Sherlock Holmes. Et dans les années 60 il n'y avait pas encore de consoles, tablettes et autres loisirs pour passer le temps quand on était cloué au lit avec un plâtre. 
Une amitié qui forgera toute une vie, et qui renaîtra 30 ans plus tard.

"L'adolescence est une maladie qui s'attrape généralement vers treize ou quatorze ans. Ceux qui en sont atteints se mettent à manger des tonnes de hamburgers et de pizzas. Ils grandissent tellement vite qu'ils ne savent pas trop quoi faire de leurs grands bras et de leurs grandes jambes, si bien qu'ils ressemblent souvent à des babouins. Comme si ce n'était pas suffisant pour les rendre ridicules, il leur pousse des touffes de poils un peu partout, ils sentent mauvais et ils ont des boutons.
Cette maladie n'est pas seulement physique, elle est aussi mentale. Même les enfants les plus intelligents deviennent un peu débiles quand ils attrapent l'adolescence, mais il ne faut pas trop leur en vouloir: ils ne sont pas entièrement responsables de ce qui leur arrive." (p11-12)

vendredi 13 novembre 2015

Les affalés

Les affalés, Michele Serra
Flammarion, Avril 2015
144p.

Voilà un livre qu'il ne faut typiquement pas jugé à sa couverture. Si je m'y était arrêtée, je ne l'aurais jamais ouvert. Et pourtant.

Il ne s'agit pas là d'un roman, mais plutôt d'une lettre. Michele Serra, ou le narrateur, parle à son fils. Adolescent de cette génération dite "Z". Des enfants surprotégés, devenus des ados qui ont l'air encore plus attardés que les générations précédentes.
Au travers de ses constatation sur la vie quotidienne de cet animal diurne, avachi, qui ne sait que faire de ses membres, ultra-connecté, incapable de mettre son assiette sale dans l'évier et ses chaussettes dans la panière, Michele Serra réfléchit sur le devenir de cette génération. 
Malgré quelques clichés - mais peut-on vraiment y échapper lorsque l'on parle des adolescents? - ce livre est plutôt intelligent. 
Une réflexion sur le vieillissement et l'acceptation de la vieillesse. 

dimanche 8 novembre 2015

Plus de morts que de vivants

Plus de morts que de vivants, 
Guillaume Guéraud, 
Rouergue, DoAdo Noir, 
Mars 2015, 251p
A partir de 14 ans, et pour adultes.

Comment ai-je pu oublié de vous parler de ce roman?! Je n'en reviens pas!
Parce que pour une lecture accrocheuse et marquante, ce roman vaut son pesant de cacahuètes!

Nous sommes dans un collège de Marseille, le dernier vendredi avant les vacances de février. Les élèves ont déjà, pour la grande majorité, la tête aux vacances, au ski, aux journées console... Et pourtant ce matin, rien ne va se passer comme prévu. Tout commence avec trois élève, et la CPE qui tombent malades. D'un coup, comme ça, alors que rien ne semblait aller de travers. Un nez qui se met à saigner sans discontinuer, des cheveux qui tombent par poignée, une gastro vidange, des os qui se disloquent et une mâchoire qui tombe. A première vue, 4 maladies aux effets bien différents. Et pourtant...
Au fil des heures, le nombre des morts s'alourdit. Le virus inconnu semble incontrôlable. Alors le collège est mit en quarantaine. 
Dans ce huis clôt gore et angoissant, nous suivons un groupe d'élèves de 3ème, avec leurs problèmes d'ado, leurs amours, leurs angoisses et leur peur grandissante face à l'étendue de la catastrophe. Slimane, le caïd, qui cherche à tous prix à protéger son petit frère, et Lila, une petite 6ème, un peu timide.
A travers leurs yeux nous suivons la progression du virus dans le collège. Les parents angoissés qui appellent sur les portables pour comprendre. Mais comment faire comprendre quelque chose que l'on voit et qui nous dépasse?

Guillaume Guéraud fait progressivement monter la sauce. Il rend un bel hommage au cinéma gore. Et, comme au cinéma, il vaut mieux avoir le cœur, et l'estomac, bien accrochés! Les descriptions créent des images atroces. Et pourtant on en redemandent. Puis vient le grand carnage. Suivi d'un grand silence. Finalement l'angoisse est toujours là, mais le gore beaucoup moins présent. Fini le trash, il nous distille maintenant la peur, la vraie. Celle qui est irrationnelle, et qui nous fait agir de manière déraisonnable. Jusqu'à cette fin qui hantera vos nuits!


Amateurs de gore, réjouissez-vous! Guillaume Guéraud est fort, très fort!

La pyramide des besoins humains

La Pyramide des besoins humains, 
Caroline Solé, 
L'école des Loisirs, Mai 2015
128p.
A partir de 12 ans.

Vous connaissez la pyramide des besoins humains de Maslow? Personnellement, j'avoue que je n'en n'avais jamais entendu parlé.
C'est une pyramide qui hiérarchise les besoins, comme son nom l'indique. D'abord viennent les besoins purement physiologiques, puis les besoins de sécurité, les besoins d'appartenance, les besoins de reconnaissance, et enfin les besoins d'accomplissement de soi. Pour atteindre le dernier stade de la pyramide, celui de l'accomplissement de soi, il faut d'abord avoir rempli l'intégralité des niveaux inférieurs. Sans ça, les bases ne sont pas solides, et tout peut s'écrouler.
Comme un dessin vaut mieux qu'un long discours, voici la représentation de cette pyramide:

Bon c'est bien beau tout ça, mais ça n'explique pour le moment que le titre de ce roman me direz-vous. Et bien non, pas que. 
Dans ce roman, Caroline Solé nous parle d'un jeu de télé-réalité basé sur cette pyramide. Nous sommes à Londres. Un nouveau jeu vient d'être lancé. Il suffit de s'inscrire, puis de poster une photo et un texte qui informe que nous avons rempli les conditions du premier palier pour passer ensuite au suivant. Mais tous les joueurs ne peuvent prétendre à grimper l'échelle du jeu. Il faut récolter suffisamment de vote du public et des autres joueurs pour cela.
Chris lui se lance dans l'aventure. Mais Chris n'est pas un jeune homme comme les autres. Chris ne rempli aucune case de la pyramide. En effet, le jeune homme vit dans la rue. Fugueur il squatte un morceau de carton et fais la manche pour survivre. Alors quand il se lance dans l'aventure c'est surtout sur un coup de tête, pour montrer au monde ce que c'est que d'avoir besoin de remplir ces échelons.

Ce roman apporte une critique intéressante des dérives de notre société. Pas forcément des dérives de la télé-réalité. Mais plutôt celles du tous connectés, mais tous anonymes, tous personne. Chris est heureux de n'être personne au début. Et puis en gravissant les échelons il réalise qu'il a tout de même donné des informations sur lui, que les gens pourraient le trouver. Mineur, fugueur il risque d'être envoyé dans un foyer, voire pire dans son ancien foyer. Alors il prie pour ne pas gagner, pour conserver son anonymat. 
Mais Chris est, malgré tout, ballotté par des sentiments contradictoires. Il voudrait tellement devenir quelqu'un, que les gens le voient. Là, assit sur son morceau de trottoir, il regarde passer les gens. Ces gens les yeux rivés à leur portable, qui commentent ses post, sans réaliser qu'ils passent à 20m de lui. Car aujourd'hui, qui fait attention à son voisin? 
Au milieux des 14 999 autres candidats, qui postent des photos toutes plus alléchantes les unes que les autres sur ce qui rend leurs vies si géniales, Chris ne montre que sa réalité. Son morceau de carton, son duvet, un poing ami qui peut lui venir en aide en cas de besoin... Et sa réalité est provocante dans ce monde ultra-connecté au virtuel et déconnecté du réel.

J'ai trouvé que ce roman, bien que trop court, était intéressant.
De quoi proposer aux jeunes lecteurs de lever le nez de leurs écrans et de s'intéresser à l'autre, et à ce qu'il est dans la réalité et non au travers de post dématérialisés. 

vendredi 6 novembre 2015

Les beaux étés

Les Beaux étés, Tome 1, Cap au Sud 1973.
Zidrou et Jordi Lafebre,
Dargaud, Septembre 2015
56p.

Été 1973, toute la famille est dans les starting blocks pour le grand départ en vacances. Traverser la Belgique puis la France jusque dans le Sud en 4L. Trois enfants, un ami imaginaire, et les parents... Sauf que Pierre, le père n'a pas terminé le travail de colorisation sur sa nouvelle BD, alors tout le monde patiente... Trois jours d'attente, jusqu'à ce que le top départ soit donné.
Entre difficultés de couples, péripéties inattendues, chamailleries d'enfants, pic-nique sur le bord de la nationale... Des instantanés de vie.

Bien que l'action se passe en 1973, on reconnait tous ses départs en vacances d'été. 
Je me suis laissée porter par les dessins tendres et lumineux de Lafebre, par le scénario de Zidrou. Un moment de lecture bien agréable. 
Et ce départ en vacances permettra sans doute de couper avec la routine et de colmater, quelque peu, les brèches d'un couple qui ne vit plus que côte à côte.
Car derrière les sourires et les blagues de vacances, le couple vit un vraiment moment difficile.

C'est chouette, ça fait du bien, ça remonte le moral. 

La clef sous la porte

La clef sous la porte, Pascale Gautier, 
Editions Joelle Losfeld, 
juin 2015, 192p


Lorsque j'ai demandé ce roman pour la "Masse Critique" de Babelio, je m'attendais à un livre drôle. J'imaginais un regard plein d'humour sur les personnages. Je n'ai pas lu Les Vieilles, qui avait eu un grand succès. Je ne savais donc pas du tout à quoi m'attendre. Et à la lecture des premières pages je me suis dit que mon attente face à ce roman allait-être déçue. J'ai donc mis du temps à y entrer.

Non ce livre n'est pas drôle. Il nous raconte 4 vies. Agnès, quadra solitaire. Elle ne veut pas d'enfant, vit seule et ne tombe amoureuse que d'hommes mariés. C'est plus simple pour ne pas avoir d'homme dans sa vie de tous les jours. Surtout qu'elle a grandit avec 3 frères, qu'elle ne semble pas beaucoup aimer. Et là il lui faut casser sa routine pour se rendre au chevet de sa mère mourante, ce dont elle n'a pas du tout envie.
Ferdinand, un quinqua dont la vie est détestable. Autant au bureau qu'à la maison. Sa femme le trompe, sa fille ado le déteste et le provoque sans cesse, lui qui cherche refuge dans ses livres car il ne supporte pas les conflits. Il apparaît comme un être faible.
Ce qui est le cas aussi d'Auguste, prof quinqua qui n'aime pas son travail, n'est même pas bon dans ce qu'il fait. Célibataire, sans enfant, il vit sous la coupe de ses parents, trop bon trop con.
Et enfin José, retraité de la mairie, célibataire, qui n'aime que la télé, la seule fenêtre qu'il s'autorise sur le monde. Il n'aime pas ses contemporains, n'aime pas le monde dans lequel il vit, ou tout du moins fait semblant de vivre.

Quatre personnages, tous aussi solitaires et à côté de leur vie les uns que les autres. Leurs non-vies se ressemblent tellement. Ils pensent de la même manière sur de nombreux points (comme Agnès, Auguste et Ferdinand qui trouvent que c'est une aberration de faire des enfants dans ce monde pourrit déjà surpeuplé). Seuls au milieu du monde qui tourne sans eux, et pourtant tellement proches par leurs similitudes.
Ils sont tristes et gris, traînent la vie qu'ils n'ont pas choisis comme un boulet à leur pied. Ils semblent tous attendre que ça passe. 
Et pourtant, sur ces deux jours, leur vie va basculer. Chacun à un moment de crise, à une croisée des chemins. Faire comme d'habitude, courber l'échine et attendre que l'orage passe, ou se relever et affronter la vie en la prenant à bras le corps? De quelle manière chacun va-t-il mettre la clef sous la porte?

Pascale Gautier nous offre une vision finalement assez optimiste du monde. Car oui malgré ce vague à l'âme qu'ils semblent tous porter, cette vie qu'ils jugent tous sans intérêt, l'espérance semble plus forte. Tous semblent se débattre pour garder la tête hors de l'eau, toucher le fond pour y prendre appuie. Chacun se débats dans ses relations parents/enfants. Un rôle que l'on ne choisit pas mais que l'on vit tous. Un rôle qui nous va plus ou moins bien. 
Ferdinand déteste son rôle d'époux et de père. Rôle de père qu'il juge avoir totalement raté. Pour lui l'éducation passe par la culture et sa culture à lui ce sont les livres. Sa fille en rejetant sa seule passion le rejette lui et lui montre tout le mépris qu'elle lui porte.
Agnès déteste son rôle de fille et de sœur. Elle a fuit sa famille et son éducation dès qu'elle l'a pu. Prenant un métier que sa famille ne comprends pas, à Paris, loin de tout ce qu'elle a toujours connu. Elle rejette en bloc ce que ses parents attendent d'elle.
Auguste, subit son rôle de fils. Alors que ses frères et sœurs se sont émancipés et ne s'occupent plus de leurs parents vieillissants, Auguste semble incapable de les contredire. Il semble subir la vie que ces derniers ont voulu pour lui, même s'il n'est pas rentrer dans les ordres, comme sa mère l'espérait.
José lui n'a jamais eu le rôle de fils. Élevé par sa grand-mère, il ne se souvient plus de sa mère qui l'a abandonné. Et il a absorbé l'éducation de sa grand-mère avec une foi aveugle l'empêchant de vivre.

Ce sont des destins comme il doit y en avoir tant. Ces gens solitaires, un peu en dehors de la vie. On les juge souvent, en mal. Il n'y a que les gens aigris qui n'ont pas d'enfants et vivent seuls. Et pourtant leur combat, à leur échelle, n'en n'est pas moins un combat âpre, un combat de tous les jours. 

Un roman qui offre à réfléchir sur notre monde et la place que l'on souhaite y prendre.