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mardi 27 janvier 2015

Si c'est un homme

Si c'est un homme, Primo Levi
Pocket, 224p
1987.

Aujourd'hui nous commémorons les 70 ans de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz. 
Aujourd'hui on veut nous faire prendre conscience de l'importance de se souvenir. Les survivants sont de moins en moins nombreux. Bientôt plus personne ne pourra nous parler directement de l'extermination scientifique et méthodique de plus de 6 millions de personnes sous prétexte qu'ils étaient juifs, tziganes, homosexuels, communistes... Pourtant ce soir à la télé on vous propose les mêmes absurdités que tous les autres soirs de l'année (heureuseent qu'il y a France 2).
Dans le contexte actuel, il est encore plus importants de se souvenir pour ne pas reproduire.
Alors ce soir, si vous ne voulez pas regarder France 2, fouillez votre bibliothèque, celle de vos parents, ou sonner chez votre voisin. Sortez Si c'est un homme de l'étagère, et (re)plongez-vous dedans. C'est un livre qu'il est INDISPENSABLE d'avoir chez soit.

Ecrit entre décembre 1945 et janvier 1947 ce livre est un témoignage poignant, qui laisse une marque indélébile en chaque lecteur. Ecrire pour exorciser. Ecrire pour témoigner et pour se libérer. Voilà pourquoi dès sa sortie des camps Primo Levi s'est lancé dans cette écriture.
Il y parle de son expérience personnelle dans le camps de la mort où il a été déporté de février 1944 à sa libération en plein hiver. On y apprends les souffrances, les humiliations, la déshumanisation qui y étaient pratiqués. 
Il faudra attendre 1987 pour que le livre soit traduit en français. 40 ans pour que la France accepte de mettre entre les mains de tous ce témoignage douloureux et puissant. 
Ce sont eux que l'on a cherché à détruire hier. Seront-ce eux ou d'autres que nous chercherons à détruire demain? Personne je l'espère. Mais pour que le passé ne se reproduise pas, il faut savoir. Connaitre devrait permettre de ne pas faire deux fois la même erreur horreur. 

Alors au diable l'incroyable talent chantant ou dansant de France, et faites travailler votre sens critique! 

jeudi 15 janvier 2015

Puzzle

Puzzle, Franck Thilliez
Pocket, octobre 2014
480p.

Je n'avais jamais lu Thilliez. Ayant oublié de prendre assez de lecture pour un aller-retour en train, je décide de m'acheter un poche pour mon voyage à la boutique de la gare. Tiens me dis-je, et si j'essayais cet auteur français?

Quelle déception...
Le livre étant sorti depuis un moment en grand format, et Franck Thilliez ayant toute une armée d'aficionados derrière lui, je vais tenté d'être brève.

Rien d'original dans ce roman. Une chasse au trésor géante, 8 candidats retenus pour participer à la phase finale qui tentent de gagner un gros paquet d'argent. Pour gagner? Il faut vaincre ses plus grandes peurs. Alors on les enferme dans un ancien hôpital psychiatrique perdu dans les Alpes. Coincés par une tempête de neige, avec sans doute un serial killer introduit à leur insu dans les locaux ils sont sensés poursuivre leur chasse au trésor sans que personne ne soit au courant de leur présence en ces lieux qui doivent foutre les jetons.
En réalité on s'ennuie un peu. Pas de grande surprise, pas de rythme haletant. 
Si vous voulez lire un bon livre bien flippant, huis clôt de personnes coincées par la neige, choisissez plutôt Shinning ou Misery de Stephen King.
Si vous voulez lire un bon roman dans un hôpital psychiatrique, je vous conseille Shutter Island qui est tout de même un peu meilleur.
D'ailleurs Monsieur Thilliez s'en est sans doute fortement inspiré...

Comme un bonbon déjà sucé ayant perdu toute saveur, un thriller sans surprise. 

mardi 13 janvier 2015

Le cabinet du Docteur Black

Le cabinet du docteur Black, 
par E.B.Hudspeth, 
Le pré aux clercs, Septembre 2014, 
194p.

Voici un livre bien étrange, très beau mais aussi très dérangeant, que nous offrent les éditions Pré aux Clercs. Cet ouvrage mêle mythologie, histoire, récit fantastique et sciences. Un cabinet de curiosités qui est une curiosité à lui tout seul.

Spencer Black était médecin chirurgien très talentueux dans les années 1870 aux Etats-Unis. Très prometteur et très doué, il s'était spécialisé dans les opérations de malformations. Toujours à la recherche de nouvelles malformations surprenantes à opérer, il aurait fini par développer des théories sur l'évolution. Pour lui, chaque malformation serait le retour d'une des nombreuses tentatives de la nature pour créer l'Humain parfait. Car le corps humain est une machine fantastique où chaque chose à son utilité et sa place. Mais pour le Dr Black, la Nature n'a pu aboutir à ce résultat qu'après des tâtonnements et des tentatives hasardeuses. Ainsi il pense que les créatures mythologiques ont véritablement existé, et que les bébés qui naissent mal formés, ne présentent que des résurgences de ces tentatives très anciennes. 
Ne pouvant prouver à l'aide des squelettes existants ses théories, le Dr Black va progressivement sombrer dans la folie et tenter des greffes pour faire naître ces bêtes mythologiques improbables. Et à l'époque ou les cirques de Freaks et les spectacles de curiosités et de monstruosités étaient légions et appréciées du public, quoi de mieux que de créer des êtres hybrides vivants?

Dans la première partie du livre nous avons une biographie du Dr Black. Une biographie historique émaillée des écrits de son journal intime. On y voit le Dr Black plonger progressivement dans la folie, se déconnecter du monde réel. Plus il avance dans ses recherches et réussis ses greffes sur des êtres vivants, moins il comprends l'animosité et le rejet de ses contemporains à son égard. Les gens viennent à ses représentations, sans doute attirés par cette fascination morbide, sont ensuite révulsés par les abominations présentées par Black, quand ils ne les rejettent pas tout bonnement en cherchant la supercherie.

La seconde partie du livre reproduit son ouvrage, "Codex des espèces animales éteintes" édité en 1908. 6 exemplaires ont été imprimés avant que Black ne fasse stopper le projet et ne disparaisse dans la nature. Ce Codex est fait comme tous les manuels de référence anatomique à l'intention des naturalistes de tous bords. Sauf qu'ici, au lieu de nous proposer les planches anatomiques des différentes variétés de scarabées, Black nous offre celles des espèces mythologiques du règne animal. Du Sphinx à Ganesh, en passant par la sirène ou Cerbère, ce sont des planches très détaillées des squelettes, des muscles et autres couches du corps de ces créatures. Ces planches sont magnifiques.

Autant vous le dire tout de suite, ce livre est sorti tout droit de l'imaginaire de Hudspeth, écrivain et illustrateur américain. Mais on se laisse prendre au jeu. Sur fonds de vérités historiques, comme les Freaks Show ou les découvertes scientifiques en matière de chirurgie de l'époque, sont le prétexte à une théorie effrayante imaginaire. 
C'est un texte véritablement original, bien qu'il ne brille pas par ses qualités littéraires. J'ai été happée par cette lecture, d'autant plus attrayante qu'elle fait échos avec la série The Knick dont je suis totalement fan. 

Petits bémols tout de même: l'emplois du terme ADN totalement anachronique, et les légendes des planches anatomiques un peu légères à mon goût (je ne suis pas du tout calée en anatomie, mais il me semble que les médecins ont un vocabulaire scientifique beaucoup plus riche que celui que nous propose l'auteur).



Les enfantillages d'Aldebert

Les enfantillages d'Aldebert, 
Aldebert et Simon Moreau, 
Gallimard Jeunesse Musique, 
octobre 2014
44p + 1cd
A partir de 4 ans.

Vous ne connaissez pas encore Aldebert? Alors il faut y remédier!
Voici un nouvel album de 17 chansons en duo avec (entre autres) Louis Chedid, Sanseverino, Bénabar, François Morel, Alexis HK...
Des chansons sur les enfants, pour les enfants, accompagnées des paroles illustrées par Simon Moreau. C'est chouette, ça swingue. 
Un petit coup de cœur pour le troisième morceau de l'album, "La maison monde". Dans ce titre l'enfant aimerait voyager, en attendant il le fait dans son immeuble grâce au brassage culturel. Passant d'un étage à un autre il découvre d'autres cultures mais aussi d'autres styles musicaux avec Kassav', Les Yeux Noirs et Zola Tempo. 

Pour découvrir l'univers d'Aldebert pour les enfants, le clip Les Amoureux, en duo avec Claire Keim (piste 8 de l'album).


samedi 10 janvier 2015

Les caniveaux de la gloire

Les caniveaux de la gloire, 
Pixel Vengeur et Monsieur le Chien
Fluide Glacial, Trafik, 
Septembre 2014, 64p

Reçue dans le cadre d'une opération sur Babelio, rien que le titre et les auteurs me donnaient envie.

16 histoires courtes, comme des sketchs, de quelques pages chacune. Les auteurs y abordent plusieurs thèmes comme l'adoption dans les pays pauvres (pour moi la meilleure de l'album), les vacances low coast, les vidéos de chats sur Internet (bien bonne aussi), le SM, les GN, les geeks, le handicape... 
Si une unité apparaît dans le trait de ces deux auteurs, ce n'est pas tout à fait le cas dans le niveau des histoires.
J'aime l'humour noir et souvent trash que l'on peut trouver dans les pages de Fluide Glacial. Ici j'ai trouvé la plupart des histoires sans intérêt. Pas toujours drôle, on se demande parfois où est la chute ou le gag, pas toujours fin ni intelligent. L'humour noir est difficile. Et pourtant Pixel Vengeur et Monsieur le Chien ne sont pas des débutants. Pourtant avec moi ça n'a pas fait mouche. Dommage.

vendredi 9 janvier 2015

Le jour où je me suis déguisé en fille

Le jour où je me suis déguisé en fille, 
David Walliams,
Gallimard Jeunesse, 240p
février 2010
A partir de 9 ans.

Lorsque j'ai lu Joe Millionnaire, j'ai fortement pensé à Roald Dahl. Je ne m'étonne donc pas de lire qu'à sa sortie, en 2009, en Grande-Bretagne, ce roman est arrivé finaliste du "Prix Roald Dahl de l'humour".

Nous sommes en Angleterre, dans une ville ordinaire. Dans une maison ordinaire, perdue dans une rue ordinaire, vit Dennis. A 12 ans il vit seul avec son père et son frère aîné, John. Il adore le foot, et c'est même le meilleur butteur de son collège. Mais Dennis ne se sent pas ordinaire. D'ailleurs, pour preuve, il partage un secret avec Lisa, la plus belle fille de l'école. Une passion dont il ne sait pas s'il faut avoir honte ou pas. Dennis est un fan de mode, et plus particulièrement de robes. Il peut passer des heures à regarder les pages glacées des magazines de mode pour admirer toutes ces jolies robes, qui font de si jolies silhouettes aux femmes. C'est injuste que les garçons ne puissent porter eux aussi de si jolies tenues!
Qu'à cela ne tienne, Lisa lui propose d'essayer des robes quelle coud elle-même. Et cela lui va si bien qu'ils tentent un pari. Et si Dennis passait une journée entière à l'école habillé en fille, est-ce qu'il pourrait tromper ses camarades, ses professeurs, et passer une journée incognito dans une jolie robe?

Voilà le début de ce livre drôle, au héros irrésistible qui nous offre des situations cocasses en osant être lui-même. Il y a une part de Billy Elliot dans ce petit roman. Drôle et attachant ce roman est un véritable plaidoyer à la tolérance, qui revendique haut et fort le droit à la différence. 
Dennis est un jeune garçon mal dans sa peau. Non pas parce qu'il serait homosexuel ou transsexuel (j'entends déjà les critiques s'élever), mais juste parce qu'il a honte de s'intéresser à des trucs de filles. Mais aussi parce qu'il a l'impression de n'avoir rien en commun avec son père ou avec son frère. Il pense être le seul à qui sa mère manque. Et dans une cellule familiale très masculine où l'on ne se parle pas de ses sentiments, Dennis se sent bien seul. Il se sent différent. Et pourtant... Darvesh, son meilleur ami, Sikh, a une éducation et une culture différente de celle de ses camarades, et lui se sent bien dans sa peau. Il faut juste que Dennis apprenne à exprimer sa passion pour la mode féminine, qui lui permet de dire au monde ses sentiments (tristesse, joie, etc...). 
Les personnages secondaires sont eux aussi très intéressants et apportent leur touche de consistance à ce roman. 
On retrouve aussi les petites interventions de l'auteur, qui s'adresse directement aux lecteurs, comme David Walliams aime le faire. Cela renforce le lien entre le lecteur et le roman, le tout avec drôlerie: "Si péter avait été une discipline olympique (au moment où j'écris ces lignes, on me confirme que ce n'est pas le cas. Ce qui, de mon point de vue, est une honte!), il aurait remporté quantité de médailles d'or et aurait été fait chevalier par la reine." (p15)

Avec humour, et aidé des dessins de Quentin Blake (et oui! Encore le grand Quentin Blake!) David Walliams offre aux jeunes lecteurs un roman qui aide à réfléchir.

jeudi 8 janvier 2015

L'étranger de Cabu

L'étranger de Cabu, 
en collaboration avec SOS Racisme, 
Le cherche Midi, 
96p, mai 2002.

En mai 2002, après les résultats du FN au premier tour des présidentielles, Le cherche Midi et SOS Racisme publiaient ensembles ce petit recueil des dessins de Cabu. Certains de ses dessins avaient été publiés dans Charlie Hebdo, d'autres venaient du Canard Enchaîné ou autres.

Tous ces dessins autour du racisme, de la montée de l'extrême droite, de Le Pen... compilés dans cet ouvrage ne sont pas récents. Pourtant nombre d'entre eux nous parlent encore.
C'est drôle, caustique, piquant, comme souvent chez Cabu. Et ça tombe souvent bien juste. 

Puisqu'un dessin vaut plus qu'un long discours, il suffit de remplacer "Jean-Marie" par Marine et il est encore plus d'actualité.



L'étranger de Cabu, p76-77.
Le Cherche Midi, 2002.












Ce 7 janvier est un jour choquant et sombre pour tous. Mais attention à ce qu'il n'offre pas une porte ouverte aux extrémismes de tous bords. Cabu se battait contre une seule race, celle des cons. La liberté d'expression a été bafouée hier. Mais nous nous devons d'être encore plus vigilants à ce que soit respectés nos semblables humains de toutes confessions. Des types qui n'avaient ni humour ni assez d'intelligence pour répondre à des dessins et des mots par des dessins et des mots ont assassinés 12 innocents. N'oublions pas de rire de tout en restant unis.
Comme le disait Cabu dans sa préface à son livre Peut-on encore rire de tout? (Le Cherche Midi, mars 2012)
"Peut-on rire de tout?
Et pourra-t-on encore demain rire de tout?
Ces question méritent d'être posées...

Et c'est l'objectif de ce livre.
Pas de limites à l'humour qui est au service de la liberté d'expression, car là où l'humour s'arrête, bien souvent la place est laissée à la censure ou l'autocensure.
Ni les religions et leurs intégristes, 
ni les idéologues et leurs militants,
ni les bons pensants et leurs préjugés
ne doivent pouvoir entraver le droit à la caricature, fut-elle excessive.
Cabu."



 Au 12 innocents qui eux, avaient de l'humour.

"Parfois quand on désespère de l'actualité, un de ses croquis nous fait bien marrer et surtout nous rappelle que le tragique, la violence, la haine parfois, ne résistent pas aux éclats de rire". Malek Boutih, en préface de L'étranger de Cabu.

mardi 6 janvier 2015

Le noir est ma couleur, tome 2.

Le Noir est ma couleur, tome 2, 
La Menace, 
Olivier Gay, 
Rageot, 304p
septembre 2014
A partir de 13 ans.

Je vous avais parlé il y a plusieurs mois, et avec enthousiasme, du premier volume de la saga d'Olivier Gay, Le Noir est ma couleur. Cet automne sortait le deuxième volume. Je sais, j'aurais mis le temps pour écrire ma critique... J'ai honte! Aucune régularité!
Alors si vous n'avez pas encore lu le tome 1, ne lisez pas trop le résumé, vous y trouverez des infos qui gâcheraient le plaisir de la lecture...

Dans ce deuxième opus, nous retrouvons donc Alexandre et Manon. Comme dans le premier, chacun leur tour nous raconte leur vision des événements. Sauf que la vision des événements par Alexandre est un peu... perturbée. En effet, ce dernier se réveille à l’hôpital, sans souvenir aucun de la façon dont il s'y est retrouvé. Aucun souvenir de toutes les aventures qu'il a vécu aux côtés de Manon dans le tome 1. Alors quand cette dernière vient le trouver car elle a encore besoin de son aide, tout est à refaire. Enfin tout... presque tout. Heureusement que les liens qu'ils avaient noués ont laissé une trace dans le cœur d'Alexandre. Mais cette fois-ci c'est Alexandre qui semble être la cible d'attaque d'Ombres. Que lui veulent-elles, à lui qui n'est pas un Mage comme Manon?
Et Manon qui doit faire face à ses nouveaux pouvoirs qui lui font si peur. Comment faire pour apprendre à les apprivoiser sans se faire repérer? Mission d'autant plus difficile avec l'arrivée de Jordan. Bel américain, fils d'amis de ses parents, Jordan est, lui aussi, un mage. Manon va devoir se montrer encore plus prudente. Alexandre et Manon doivent désormais faire face à de nouveaux ennemis. Mais quel est le pire?

Comme le premier, ce tome se lit d'une traite. J'y ai retrouvé tout ce que j'avais aimé précédemment. Cette fois-ci je me suis un peu plus attachée à Manon, que je trouvais un peu pimbêche il est vrai. Les deux personnages principaux prennent en profondeur. Mais ils doivent faire face à de nombreux obstacles. Reste à savoir comment ils vont s'en sortir.

Le troisième volume est prévu pour le 21 de ce mois-ci. Autant vous dire que je l'attends de pied ferme!