U4, Stéphane, Vincent Villeminot
U4, Yannis, Florence Hinkel
U4, Koridwen, Yves Grevet
U4, Jules, Carole Trébor
Il faut absolument que je vous parle d'U4! La nouvelle série publiée chez Syros-Nathan fin août, et qui a ravi mon mois de septembre.
Alors que pour mes vacances je m'étais préparé une belle liste de romans adultes de la rentrée littéraire, à 2 jours de mon départ je me suis dit "Quand même ça me tente pas mal ce projet littéraire... Bon aller, j'en lis un pour voir..."
Finalement j'ai dévoré les 4 d'une traite. Et tant pis pour mes bonnes résolutions de la rentrée littéraire.
Vous allez me demander, "Mais de quoi s'agit-il?'
U4 c'est 4 romans, 4 personnages, 4 auteurs, 4 destins, et presque 1 but commun.
Nous sommes en France. Un virus, le Utrecht 4e génération a fait de véritables ravages dans le monde entier. Entre le premier symptôme et la mort vous ne pouvez pas espérer plus de 2 jours. Alors que 90% de la population mondiale semble avoir été décimée, en France, ne reste que des jeunes, de 15 à 17 ans (et encore pas tous!).
Voilà le postulat de départ à chacun de ces romans. Nous sommes début novembre. Et chaque personnage, pour une raison ou une autre, souhaite se rendre à Paris pour le 24 décembre.
Chaque roman raconte donc les aventures, les sentiments, les doutes, les peurs, les réactions d'un personnage. Et son point de vue sur les autres. Car les romans sont un ensemble. Stéphane, Yannis, Koridwen et Jules n'étaient pas voués à se rencontrer (du moins pas Avant). Mais les circonstances exceptionnelles les amènent à faire un bout de chemin, plus ou moins long, ensembles.
Bon autant vous le dire tout de suite, j'ai adoré!
Même si l'histoire de base peut sembler avoir été lue et relue (un virus, des survivants...), U4 c'est bien plus que ça!
Ce que j'ai trouvé vraiment formidable c'est que chaque personnage principal se retrouve personnage secondaire dans les autres romans. Et du coup tous les personnages secondaires, même ceux qui n'ont pas leur propre roman, prennent une dimension beaucoup plus grande. Le fait de voir qu'il y a une vie pour les personnages en dehors des romans apparaît de manière très concrète dans ce polyptyque littéraire.
Intérêt premier de cette oeuvre, vous pouvez commencer par le personnage que vous souhaitez. Pas d'ordre prévu, pas d'ordre imposé. Et personnellement, j'ai été ravie de mon choix aléatoire, au départ.
J'ai commencé par Stéphane. D'abord je pensais qu'il s'agissait d'un garçon mais j'ai rapidement compris mon erreur), et cela faisait longtemps que j'avais envie de lire un roman de Vincent Villeminot. Stéphane est une fille forte. Son père, virologue, lui a appris à survivre en cas de pandémie. Elle a donc des instincts de survie très développés pour son âge. Un peu égoïste, elle cherche à rejoindre Paris pour retrouver son père, qu'elle croit toujours vivant, puisqu'il a été appelé dès le début de la maladie pour y trouver un remède. Ce tome nous apporte un éclairage non dénué d'intérêt sur le virus, et les enjeux médicaux. De plus le style de Vincent Villeminot est très efficace et totalement addictif.
Rapidement, dans son périple, Stéphane rencontre Yannis, avec qui elle va poursuivre son voyage. J'ai donc décidé ensuite de suivre Yannis.
Et j'y est découvert un personnage très sensible. Pas du tout comme Stéphane se l'imagine. Plutôt suiveur, mais sur qui on peut toujours compté, Yannis c'est un peu la voix de la raison de Stéphane lorsque celle ci perd le sens des réalités. C'est un personnage intéressant, et plus altruiste que Stéphane. Il l'adoucie. Et son personnage qu'il s'est construit pour survivre et se donner force et courage, renforce l'intérêt pour ce personnage.
Du coup, ayant fait une fille, un garçon, pourquoi ne pas enchaîner sur une fille?
J'avais prévu de me réserver le Koridwen pour la fin, car j'adore Yves Grevet. Du coup j'avais pensé "Le meilleur pour la fin!"
Finalement j'ai bien fait de ne pas terminer la saga dessus, car je pense que sinon je ne serais peut-être pas allée au bout.
Je suis navrée mais je n'ai pas du tout aimé Koridwen. Déjà, aux travers des descriptions des deux précédents personnages, je la trouvais étrange. Et, à la lecture, je l'ai trouvé, je ne sais pas, pas antipathique, mais pas sympathique c'est certain.
Koridwen est persuadée d'être celle qui va sauver le monde. Sa grand-mère, qui était un peu sorcière dans le folklore breton, lui a laissé en héritage des informations qui laissent croire qu'elle va accomplir un grand dessein. Et elle vit son périple en croisant des signes partout.
Bien qu'elle vive son aventure en compagnie de son cousin handicapé qu'elle ait allé sauver de l'institut où il était Avant, elle est encore plus égoïste que Stéphane. Comme cette première, elle pense avoir un rôle important à jouer, et qu'importe le rôle ou les sentiments des autres. C'est elle avant tout (un peu son cousin aussi, mais finalement il sera rapidement plus un boulet pour elle qu'autre chose, puisqu'elle finit par l'abandonner).
De plus, je ne sais pas si c'est le fait d'avoir lu ce roman d'Yves Grevet en relation avec les autres, mais je l'ai trouvé moyen au niveau de l'écriture. Dans mon souvenir il avait un style beaucoup plus intéressant. J'espère qu'il ne s'agit que d'un effet de style efficace associé à son personnage.
Et finalement je me suis gardée, sans vraiment le faire exprès, le meilleur pour la fin. Enfin si, un peu voulu tout de même.
J'ai adoré Jules dans le regard des autres. Même si ce n'est pas le personnage dont les 3 autres parlent le plus, sans doute parce qu'il est celui dont la personnalité est la moins marquante, c'est celui qui me semblait le plus sympa.
Et Jules est fantastique. C'est le plus humain des quatre personnages. Celui qui a les réactions qui me semblent les plus normales. Jules n'est pas un héros. Jules n'est qu'un ado comme les autres, accro aux jeux vidéos il ne fait pas de sport. Et quand la maladie se déclare, comme tous les ados de son âge, il panique, ne sait pas comment réagir sinon qu'il se claquemure dans son appartement parisien. Alors oui, Jules est mon chouchou. Même si dans sa propre histoire il a souvent l'impression d'être le personnage secondaire. C'est lui qui parle du rendez-vous du 24 décembre à ses amis, et pourtant il se retrouve relégué au second plan et ne participe pas à la préparation stratégique de ce rendez-vous. Il s'oublie souvent pour améliorer le quotidien de ses amis. Il reste souvent en retrait. Et il n'en n'est pas moins attachant!
Voilà donc les 4 romans qui forment ce polyptyque. Deux destins de filles fortes, indépendantes, et un peu guerrières écrits par deux hommes. Deux destins de garçons plus réservés et suiveurs mais touchants écrits par deux femmes.
Quatre destins parmi le petit millier de survivants.
Chacun se lit dans le regard des autres et nous dévoile son histoire, son point de vue.
Une scène qui les réunit tous les quatre. Un scène intense, véritable huis clôt dans un moment de tension extrême.
Quatre romans que vous ne lâcherez pas de si tôt!