Menu

Rechercher dans ce blog

lundi 26 octobre 2015

Traquemage

Traquemage, Tome 1, Le serment des Pécadous,
Lupano et Relom, 
Delcourt, Septembre 2015
58p.

L'an dernier, je vous avais parlé avec beaucoup d'enthousiasme d'une autre BD de Lupano, Les Vieux Fourneaux. Cette fois-ci, rien à voir, si ce n'est que je me suis bien marrée aussi.

"Plus qu'un récit d'aventure, plus qu'un manifeste écologique, Traquemage pose tout simplement les bases d'un nouveau genre littéraire: la rural fantasy fromagère non pasteurisée, aux gros laids crus. 
Traquemage: une histoire, un terroir, des traditions. 
En vente chez tous les bons libraires affineurs."

Pistolin est un berger, fromager, qui vit peinard dans un petit village de montagne. Mais il commence à en avoir raz le béret de la guerre des mages qui ravage son troupeau. Et cette année c'est le pompon quand une des armées ne lui laisse qu'une seule brebis, la trouillarde Myrtille. C'est décidé, Pistolin va partir à la chasse aux mages et tous les exterminer. Plus facile à dire qu'à faire quand on est paysan et qu'on n'a aucun pouvoir.
Alors pour s'échauffer un peu, Pistolin décide de commencer par s'attaquer à plus petit qu'un mage, une fée pourquoi pas? Et au cœur d'une taverne il va rencontrer la fée la plus sensass du royaume, la fée Pâquerette, alcoolique notoire, fée déchue. 

Voici une bande dessinée de fantasy complètement décalée. Quand le Seigneur des Anneaux rencontre le Génie des Alpage ça donne Traquemage. Une BD qui fleure bon le fromage de brebis, l'étable et l'aventure. Des rebondissements, des personnages attachants ou hilarants, juste de quoi passer un bon moment. Et une envie irrésistible de lire la suite. Vivement!

lundi 19 octobre 2015

Avant j'avais deux seins

Avant j'avais deux seins, Delphine Apiou
Robert Laffont, Septembre 2015
158p

C'est très très rare que je me lance dans la rédaction d'un avis directement après avoir terminé un livre. D'habitude j'attends un peu que les premières émotions de lecture soient passées, que le texte soit un peu digéré, pour me lancer dans la rédaction. Alors voici une exception qui confirme la règle (et en plus j'ai l'intention de poster ce texte juste après la rédaction, sans le laisser mariner 10 ans dans la case "brouillons").

Je viens juste de terminer un excellent petit livre. Avant j'avais deux seins de Delphine Apiou. La vache je viens de lire un témoignage! Et sur le cancer du sein! Si un jour on m'avait dit que je le ferais j'aurais rit, fort. Comme j'aurais ris si on m'avait dit à 25 ans que j'aurais un cancer à 30 ans à peine.

Dans son livre Delphine Apiou ne parle que peu des traitements, des douleurs, de la fatigue et tout ce que l'on sait du cancer. Non elle parle de l'intime. Que se passe-t-il dans l'intimité face à un cancer? Comment l'annoncer? Comment s'épauler? Comment regarder son nouveau corps? Comment gérer les annonces des médecins?
Bien qu'on soit toutes différentes, que les annonces soient toutes différentes (je bénie son médecin qui lui a annoncé si délicatement. Moi j'aurais bien planté un stylo dans l’œil de mon gynéco. C'est pas parce que j'avais pris l'annonce du cancer sereinement avec le sourire que l'annonce de la mastectomie devait être faite avec autant de désinvolture), bien que les réactions de l'entourage soient elles aussi variées, je me suis souvent retrouvée dans son texte. Elle m'a touché. 
Son texte est souvent drôle (rassurée. Je ne suis pas la seule tarée à avoir envie de sortir une blague au médecin pour faire retomber la pression et l'angoisse qui m'envahissent), souvent touchant, et toujours juste.

Je ne peux que la remercier de mettre des mots simples et bien tournés sur ce que nous sommes de plus en plus nombreuses à traverser. Parce que l'acceptation de son nouveau corps, ce corps amputé d'une partie importante (quoiqu'on en dise) de notre féminité, se voir nue, se montrer nue, avoir une relation amoureuse sereine sont des choses dont les médecins ne parlent pas quand on discute avec eux. La sexualité, le bien être psychologique ne sont pas des notions qui les intéresse plus que ça. Au mieux ils nous proposent de rencontrer un(e) psychologue (et je remercie la mienne), au pire ils restent silencieux sur ces sujets. Et si on ne pose pas les questions, autant vous dire que vous restez seule dans votre coin.

Je ne sais pas si ce texte peut vous intéresser, vous les femmes qui n'y avez jamais été confronté. Je ne sais pas si vous, messieurs, vous y trouverez un intérêt (et pourtant ça pourrait vous faire du bien, même si votre femme n'a pas de cancer). Mais je sais que son texte m'a fait du bien. 
Alors merci. 
Merci aussi de m'avoir appris des nouveaux mots comme nullipare et mammectomie.

dimanche 18 octobre 2015

Déroute sauvage

Déroute sauvage, Guillaume Guéraud, 
Rouergue, DoAdo Noir, 
septembre 2009, 144p.
A partir de 14 ans.

J'avais tellement aimé la lecture de Plus de morts que de vivants (et c'est maintenant que je me rends compte que je n'en n'ai même pas fait la critique) que je me suis plongée avec délice dans ce, plus ancien, roman de Guillaume Guéraud.

La 4ème E du collège Paul Eluard se rendent en Espagne pour un voyage linguistique. Une semaine d'immersion à Saragosse pour apprendre la langue, la culture et les ouvrir au monde. Au cours de la nuit de trajet en car, l’excursion tourne au cauchemar!

Vous avez vu -ou lu- Délivrance? Vous avez aimé? Vous adorerez Déroute sauvage! 
Suite à un accident du car en pleine montagne en plein milieu de la nuit, les survivants se retrouvent traqués par trois ombres. Trois hommes sanguinaires, sans pitié, dont le seul but est de tuer pour s'amuser!
Une violence à l'état pure qui plonge les collégiens dans une terreur sans nom. Et le lecteur dans des frissons entre peur, dégoût, et plaisir. 
Un hommage aux films d'horreur, qui offre aux lecteurs quelques heures de sueurs froides!
Oubliez la collection Chair de Poule. Vous voulez frissonnez sous vos draps? Ruez vous sur les romans de Guillaume Guéraud!

dimanche 4 octobre 2015

U4

U4, Stéphane, Vincent Villeminot
U4, Yannis, Florence Hinkel 
U4, Koridwen, Yves Grevet
U4, Jules, Carole Trébor

Il faut absolument que je vous parle d'U4! La nouvelle série publiée chez Syros-Nathan fin août, et qui a ravi mon mois de septembre.
Alors que pour mes vacances je m'étais préparé une belle liste de romans adultes de la rentrée littéraire, à 2 jours de mon départ je me suis dit "Quand même ça me tente pas mal ce projet littéraire... Bon aller, j'en lis un pour voir..."
Finalement j'ai dévoré les 4 d'une traite. Et tant pis pour mes bonnes résolutions de la rentrée littéraire.
Vous allez me demander, "Mais de quoi s'agit-il?'

U4 c'est 4 romans, 4 personnages, 4 auteurs, 4 destins, et presque 1 but commun.
Nous sommes en France. Un virus, le Utrecht 4e génération a fait de véritables ravages dans le monde entier. Entre le premier symptôme et la mort vous ne pouvez pas espérer plus de 2 jours. Alors que 90% de la population mondiale semble avoir été décimée, en France, ne reste que des jeunes, de 15 à 17 ans (et encore pas tous!).
Voilà le postulat de départ à chacun de ces romans. Nous sommes début novembre. Et chaque personnage, pour une raison ou une autre, souhaite se rendre à Paris pour le 24 décembre.
Chaque roman raconte donc les aventures, les sentiments, les doutes, les peurs, les réactions d'un personnage. Et son point de vue sur les autres. Car les romans sont un ensemble. Stéphane, Yannis, Koridwen et Jules n'étaient pas voués à se rencontrer (du moins pas Avant). Mais les circonstances exceptionnelles les amènent à faire un bout de chemin, plus ou moins long, ensembles. 

Bon autant vous le dire tout de suite, j'ai adoré!
Même si l'histoire de base peut sembler avoir été lue et relue (un virus, des survivants...), U4 c'est bien plus que ça!
Ce que j'ai trouvé vraiment formidable c'est que chaque personnage principal se retrouve personnage secondaire dans les autres romans. Et du coup tous les personnages secondaires, même ceux qui n'ont pas leur propre roman, prennent une dimension beaucoup plus grande. Le fait de voir qu'il y a une vie pour les personnages en dehors des romans apparaît de manière très concrète dans ce polyptyque littéraire. 

Intérêt premier de cette oeuvre, vous pouvez commencer par le personnage que vous souhaitez. Pas d'ordre prévu, pas d'ordre imposé. Et personnellement, j'ai été ravie de mon choix aléatoire, au départ.

J'ai commencé par Stéphane. D'abord je pensais qu'il s'agissait d'un garçon mais j'ai rapidement compris mon erreur), et cela faisait longtemps que j'avais envie de lire un roman de Vincent Villeminot. Stéphane est une fille forte. Son père, virologue, lui a appris à survivre en cas de pandémie. Elle a donc des instincts de survie très développés pour son âge. Un peu égoïste, elle cherche à rejoindre Paris pour retrouver son père, qu'elle croit toujours vivant, puisqu'il a été appelé dès le début de la maladie pour y trouver un remède. Ce tome nous apporte un éclairage non dénué d'intérêt sur le virus, et les enjeux médicaux. De plus le style de Vincent Villeminot est très efficace et totalement addictif.

Rapidement, dans son périple, Stéphane rencontre Yannis, avec qui elle va poursuivre son voyage. J'ai donc décidé ensuite de suivre Yannis.
Et j'y est découvert un personnage très sensible. Pas du tout comme Stéphane se l'imagine. Plutôt suiveur, mais sur qui on peut toujours compté, Yannis c'est un peu la voix de la raison de Stéphane lorsque celle ci perd le sens des réalités. C'est un personnage intéressant, et plus altruiste que Stéphane. Il l'adoucie. Et son personnage qu'il s'est construit pour survivre et se donner force et courage, renforce l'intérêt pour ce personnage.

Du coup, ayant fait une fille, un garçon, pourquoi ne pas enchaîner sur une fille?
J'avais prévu de me réserver le Koridwen pour la fin, car j'adore Yves Grevet. Du coup j'avais pensé "Le meilleur pour la fin!"
Finalement j'ai bien fait de ne pas terminer la saga dessus, car je pense que sinon je ne serais peut-être pas allée au bout. 
Je suis navrée mais je n'ai pas du tout aimé Koridwen. Déjà, aux travers des descriptions des deux précédents personnages, je la trouvais étrange. Et, à la lecture, je l'ai trouvé, je ne sais pas, pas antipathique, mais pas sympathique c'est certain.
Koridwen est persuadée d'être celle qui va sauver le monde. Sa grand-mère, qui était un peu sorcière dans le folklore breton, lui a laissé en héritage des informations qui laissent croire qu'elle va accomplir un grand dessein. Et elle vit son périple en croisant des signes partout. 
Bien qu'elle vive son aventure en compagnie de son cousin handicapé qu'elle ait allé sauver de l'institut où il était Avant, elle est encore plus égoïste que Stéphane. Comme cette première, elle pense avoir un rôle important à jouer, et qu'importe le rôle ou les sentiments des autres. C'est elle avant tout (un peu son cousin aussi, mais finalement il sera rapidement plus un boulet pour elle qu'autre chose, puisqu'elle finit par l'abandonner).
De plus, je ne sais pas si c'est le fait d'avoir lu ce roman d'Yves Grevet en relation avec les autres, mais je l'ai trouvé moyen au niveau de l'écriture. Dans mon souvenir il avait un style beaucoup plus intéressant. J'espère qu'il ne s'agit que d'un effet de style efficace associé à son personnage.

Et finalement je me suis gardée, sans vraiment le faire exprès, le meilleur pour la fin. Enfin si, un peu voulu tout de même.
J'ai adoré Jules dans le regard des autres. Même si ce n'est pas le personnage dont les 3 autres parlent le plus, sans doute parce qu'il est celui dont la personnalité est la moins marquante, c'est celui qui me semblait le plus sympa.
Et Jules est fantastique. C'est le plus humain des quatre personnages. Celui qui a les réactions qui me semblent les plus normales. Jules n'est pas un héros. Jules n'est qu'un ado comme les autres, accro aux jeux vidéos il ne fait pas de sport. Et quand la maladie se déclare, comme tous les ados de son âge, il panique, ne sait pas comment réagir sinon qu'il se claquemure dans son appartement parisien. Alors oui, Jules est mon chouchou. Même si dans sa propre histoire il a souvent l'impression d'être le personnage secondaire. C'est lui qui parle du rendez-vous du 24 décembre à ses amis, et pourtant il se retrouve relégué au second plan et ne participe pas à la préparation stratégique de ce rendez-vous. Il s'oublie souvent pour améliorer le quotidien de ses amis. Il reste souvent en retrait. Et il n'en n'est pas moins attachant!

Voilà donc les 4 romans qui forment ce polyptyque. Deux destins de filles fortes, indépendantes, et un peu guerrières écrits par deux hommes. Deux destins de garçons plus réservés et suiveurs mais touchants écrits par deux femmes. 
Quatre destins parmi le petit millier de survivants. 
Chacun se lit dans le regard des autres et nous dévoile son histoire, son point de vue.
Une scène qui les réunit tous les quatre. Un scène intense, véritable huis clôt dans un moment de tension extrême.
Quatre romans que vous ne lâcherez pas de si tôt!


vendredi 2 octobre 2015

Guerre et si ça nous arrivait?

Guerre et si ça nous arrivait?
Janne Teller, 
Les Grandes Personnes, mars 2012
64p.
A partir de 12 ans.

Sous la forme d'un passeport un petit roman coup de poing, qui bien qu'ayant été publié il y a 4 ans, colle parfaitement à l'actualité.

Nous sommes en France. Le héro c'est le lecteur. Un jeune français qui se retrouve du jour au lendemain dans un pays en guerre. Car l'Europe entière est en guerre. Les bombes pleuvent, tombent sur les maisons, détruisent les écoles, les lieux de vie, et l'avenir de tous les enfants. La guerre c'est le froid, la faim, la peur. Et une famille de 5 personnes c'est trop, aucun pays ne veux d'une famille de 5 réfugiés. Finalement ton père s'organise avec un passeur pour que vous vous rendiez en Egypte, pays en paix, qui accueille déjà de trop nombreux réfugiés. Et là commence la difficile intégration dans un pays qui ne veut pas de ces étrangers qui ne parlent pas la langue, ne connaissent pas les coutumes et sont là pour profiter et pervertir les bons égyptiens...

C'est impressionnant de voir comment ce roman illustre parfaitement l'ambiance actuelle. Les rôles sont inversés. Cette fois c'est un de nos enfants qui est au cœur de la catastrophe et qui est rejeté. Mais finalement n'est-ce pas déjà le cas quand on ferme sa porte à un réfugié quelque soit le pays d'où il vient. N'est-ce pas un de nos enfants que nous condamnons à la mort quand nous ne le voulons pas ailleurs que dans son pays en guerre?

Si Janne Teller ne veut pas faire de son roman, un roman politique, l'actualité lui donne pourtant une dimension qui dépasse sa volonté. C'est navrant. Mais je conseille tout de même avec beaucoup de force ce roman. A faire lire autour de vous, à tous. Enfants, adultes.... Un bel éclairage sur les difficultés que l'on rencontre lorsque l'on est obligé de tout quitté, contre sa volonté, et que l'on devient un étranger qui ne rêve que d'une chose, retrouver un "chez soi".

Magnifique roman qui tente d'aborder tous les problèmes, de l'intégration, des violences, du déracinement, des différences de valeurs et de religions...
L'écriture est dure, froide, descriptive, et renforce le message. Les illustrations ne sont pas sans rappeler celles que l'on trouve régulièrement dans Le Courrier International
Un véritable coup de poing!