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samedi 29 juin 2013

Des vacances hors du commun

Les Filouttinen, Siri Kolu, 
Didier Jeunesse, 101p.

Sur la route des vacances avec ses parents et sa sœur, la jeune Liisa s'ennuie. Quand tout à coup, la voiture familiale est braquée par des pirates de la route ! Ils embarquent bonbons, vêtements, nourriture, et la petite Liisa au passage. Pour un premier kidnapping, la famille Filouttinen ne s'en sort pas trop mal. Liisa est débrouillarde et bien intelligente.
Pas de rançon demandée, les bandits veulent juste briller par ce coup d'éclat à la grande fête des bandits de Finlande. Voilà Liisa embarquée sur les routes finlandaise avec une famille des plus originale, qui ne vole pas pour l'argent, mais pour se procurer ce dont ils ont besoin. Un été pas comme les autres, avec des braquages, des coups de maîtres, des courses poursuites, la police, des bandits, des bonbons, des poupées Barbie® et des boulettes de viande. Le tout raconté par la jeune Liisa.

Un roman d'aventures à lire à partir de 8-9 ans. C'est drôle, loufoque, rocambolesque. On se prends d'amour pour cette équipe de bras cassés un peu en dehors des réalités de notre époque, qui vit sur les routes comme les pirates vivaient en mer. Car les personnages, tous truculents, sont tout autant attachants.
Vraiment une super histoire pour ceux qui rêvent aussi à des vacances extraordinaires !

PS : j'ai été un peu déçue par la fin. Mais là c'est mon regard d'adulte qui crée cette mélancolie....



mardi 18 juin 2013

London Calling

London WC2, Gilles Sebhan
Les Impressions Nouvelles, 160p.

Lorsque j'ai fais la demande de ce livre pour en faire une critique, je ne m'attendais pas du tout à cela. Me voilà bien embêtée pour en faire une critique. Non pas que je n'ai pas aimé, loin de là! Mais ce livre est tellement loin de mes lectures habituelles!
Sur la couverture il est écrit "roman", pourtant nous ne sommes pas tout à fait dans un roman, du moins pas au sens traditionnel du terme. 
Il s'agit plus d'un récit. Et pour le coup, je ne lis jamais de récit. Du moins rarement. Enfin quand j'y étais obligée dans ma scolarité en fait... Non pas que je dénigre ce genre. Mais j'avoue que quand je tente la lecture d'un récit, je m'englue assez rapidement dans la narration, ayant besoin de plus d'imaginaire. 
Et là encore je me dis que du coup, London WC2 n'est pas non plus un récit...
Un roman autobiographique. Oui, voilà. Je pense que c'est le terme qui convient le mieux. A la lecture de London WC2 j'ai retrouvé quelque chose de Sartre dans Les Mots, ou de Breton dans Nadja. Un mélange d'autobiographie et d'imaginaire. Les deux sont si savamment mêlés qu'on ne sait jamais tout à fait quelle est la part de vrai dans ces souvenirs...

Gilles Sebhan (que je ne connaissais pas du tout avant cette lecture), nous propose de découvrir 5 années de la vie d'un jeune français à la fin des année 70 et au début des années 80. Entre 9 et 14 ans, au moment des premiers émois sexuels, de la transformation de son corps, de la formation de son goût et de sa personnalité, le voilà irrémédiablement attiré vers un monde qu'il ne connaissait pas: le Londres underground. 
Alors qu'il n'a que 9 ans, sa sœur, son autre lui, sa moitié, part en Angleterre pour des vacances chez sa correspondante. Finalement, rien ne se déroulera comme prévu. Elle y fait des rencontres qui changeront la vie du jeune garçon durablement. Notamment un garçon, le jeune Neville Brody, graphiste passionné, encore débutant. 
Ce n'est pas tant la vie de cette sœur que nous suivons dans ce texte, bien qu'elle y soit omniprésente, elle y est le plus souvent absente. Gilles Sebhan prend le prétexte de la vie marginale de cette jeune française; qui vit d'abord dans un squat de Covent Garden avec l'un des graphistes les plus brillants de sa génération, côtoie Sid Vicious, Boy George, Iggy Pop, et tant d'autres; pour nous parler des modifications profondes connues par un pré-ado français. 
La vie de sa sœur il l'a rêve (jusqu'à quel point?), il l'envie, il se l'approprie. Au point que devenu adulte il en conserve des souvenirs vivaces, intacts (à quel degré), tandis qu'elle semble avoir tiré un trait sur ce passé. 

J'ai trouvé ce texte parfaitement original, une sorte d'OVNI (du moins par rapport à mes lectures habituelles). 
Tout d'abord la forme. L'auteur nous perd sans arrêt entre la réalité et la fiction. L'histoire est racontée par un écrivain qui cherche à faire un livre sur la jeunesse londonienne de sa sœur, et pour cela tente de recoller les pièces d'un puzzle familial longtemps laissé au grenier. S'agit-il de Gilles Sebhan lui-même ou est-ce un personnage de fiction? Sans arrêt quand nous pensons être dans le fictif, une photo sortie d'un tiroir est insérée au texte, nous replongeant dans la réalité. Quelle est donc la part d'invention dans son roman? Cela peut sembler assez perturbant, mais j'avoue que j'ai adhéré et j'ai fini par me laisser porter par son histoire.
On passe du coq à l'âne, d'un évènement à un autre, comme si nous suivions le fil d'une pensée en formation. Un fil d'Ariane, un souvenir en amenant un autre même s'il ne semble pas y avoir de réel lien chronologique.

Sur le fond maintenant. Que dire? Là aussi j'ai été perturbée. En lisant la 4ème de couverture, je pensais me trouver là face à un roman qui me ferait découvrir la folle vie londonienne à l'époque de la déferlante punk. Et bien pas tant que ça. Cette Histoire contemporaine de Londres est bien présente tout au long du roman, mais seulement en filigrane. Elle n'en est que la toile de fonds. Car ce qui importe ce sont les profonds changements connus par ce personnage narrateur. Sa découverte de la sexualité. Car de sexe il en est vraiment question dans ce texte. Tout y est prétexte. Son attirance pour les hommes, sa sexualisation de l'Angleterre et de la langue anglaise, la sensualité et la sexualité des lettres et des mots. 


Pour conclure (car il faut bien le faire à un moment), je dirais que ce texte est perturbant. Il nous ballade d'un bout à l'autre, sans jamais que l'on sache bien où l'on va, ni même où l'on est. C'est un texte sexuel, brut, prenant.
Je pense que sa lecture va me marquer. Je viens de le terminer, il me faudra donc un peu de temps pour voir ce qu'il va m'en rester. Mais ce n'est, en aucun cas, un texte qui m'a laissé indifférente!
  

mercredi 12 juin 2013

La musique du coeur.

La Mélodie du bonheur, Christelle Huet-Gomez et Jérémie Fleury
Grenouille éditions, 24p.

Dans le Paris de l'année 1900, Armand est un petit garçon qui gagne sa vie en jouant de l'orgue de Barbarie. Lorsque son chemin croise celui de la belle Elisa il tombe amoureux. Que lui offrir pour la séduire? Il n'a presque pas d'argent et pourtant les pavillons de l'Exposition Universelle regorgent de trésors!! Mais le matériel n'est pas toujours le plus beau et le plus séduisant...

L'histoire de cet album n'est pas extraordinaire. Simple et sans chichi. Mais j'ai beaucoup aimé le contexte. C'est vrai que l'Exposition Universelle de 1900 n'est pas un thème très souvent abordé, il a le mérite d'être original.
Ce qui m'a vraiment plu ici ce sont les illustrations de Jérémie Fleury que j'ai trouvé vraiment très belles.

Ce n'est donc pas un album extraordinaire, mais sympa et au décors original. J'en retiens donc surtout les illustrations.

A partir de 5 ans.  

mardi 4 juin 2013

Les envahisseurs

Bon, j'ai un peu attendu de digérer ce livre avant d'en faire la critique. J'avais peur que celle-ci ne soit trop exaltée. Alors j'ai laissé les choses se décanter un peu...

La 5e vague, Rick Yancey, 
Robert Laffont, 608p.

C'est donc en toute objectivité que je peux vous dire: ce livre est une tuerie! 
Vraiment!
Je pense que ce roman va être LE nouveau phénomène littéraire des ados.
Si vous avez aimé Hunger Games, Battle Royal et Uglies vous ne pourrez qu'aimer La 5e vague
Pourtant il ne s'agit pas d'une dystopie. Non, là nous sommes dans de la SF, avec une invasion d'extraterrestres. Rien de bien original me direz-vous. Oui. Sauf que leur méthode d'invasion est bien pensée et en plusieurs parties. 
"LES EXTRATERRESTRES SONT STUPIDES.
Attention, je ne parle pas des véritables extraterrestres.
Les Autres ne sont pas stupides. Les Autres ont tellement d'avance sur nous que cela revient à comparer l'humain le plus idiot au chien le plus intelligent.C'est à ce point.
Non, je parle des extraterrestres créés par nos esprits depuis que nous avons réalisé que ces petites lueurs scintillant dans le ciel nocturne étaient des soleils comme le nôtre et avaient probablement, comme autour de notre Terre, des planètes en orbite. Vous savez, ces extraterrestres sortis tout droit de notre imagination. Ceux dont nous espérons une attaque... Les extraterrestres selon les humains.[...]"  
 

Oubliez donc les invasions que vous avez pu voir dans Independence Day ou dans Mars Attack. Ici pas de rayons lasers et tout l'armada. Oh non.
D'abord une première vague: ils nous lancent un rayon électromagnétique qui coupe tous nos moteurs, nos appareils électriques. Désormais nous voilà revenus au Moyen-Age. Bon on finit par s'y habituer.
Deuxième vague: lâcher une énorme tige de métal depuis le vaisseau en orbite pour créer un Tsunami d'une ampleur démesurée. Déjà là, c'est plus difficile. Adieu donc à tous les habitants des côtes et des îles! Ça réduit gentiment le nombre d'ennemis pour eux.
Troisième vague (ma préférée): ils balancent un gentil petit virus, sorte de virus Ebola amélioré. Là en quelques jours il éradiquent 7 milliards de personnes. Reste plus qu'a éliminer les derniers survivants qui ont un système immunitaire du tonnerre. 
Quatrième vague: le silence. On laisse les derniers survivants se débrouiller. Isolés les humains flippent. Surtout quand ils ne connaissent pas la tête de leurs ennemis. Tous le monde est donc un prédateur potentiel. Il faut donc tuer avant d'être tué. Parce que si les envahisseurs dans la série éponyme étaient reconnaissables grâce à leur auriculaire qu'ils ne peuvent plier, ici rien.
Et maintenant la cinquième vague...
Nous suivons ici plusieurs personnages en mode survie. Cassie, une jeune fille de 16 ans qui cherche à sauver son petit frère Sammy, 5 ans. Ben, un garçon d'environ son âge, qui après avoir abandonné tout espoir trouve finalement une raison de se battre. D'autres enfants, en second plan. Evan, un garçon de 19 ans qui vit seul dans la forêt et semble cacher de lourds secrets. Et un chasseur, un de ces Autres, silencieux, rapide et efficace.

On retrouve les ingrédients qui nous font accrocher à ce type de romans. Une héroïne forte et battante, qui n'est pourtant qu'une ado comme une autre et traverse des moments de doute. Une histoire d'amour, bah oui, même dans le chaos les ados aux hormones en ébullitions tombent amoureux. Des moments de stress et de tension énormes. Du sang, des membres arrachés, des explosions. De l'action, des plans foireux.

Voilà donc un roman qui se dévore de la première à la dernière page, sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle. Les questions y sont multiples (qui sont-ils? que veulent-ils? pourquoi? pourquoi se battre? comment garder son humanité? peut-on encore croire en Dieu?....), le doute est là, partout tout le temps. Aucune confiance. Plus d'humanité.
J'aurais bien vu en ouverture la phrase de Dante (à l'entrée des Enfers de sa Divine Comédie) "Toi qui entre ici abandonne toute espérance". 
En le lisant on ne peut qu'imaginer une très bonne adaptation filmique tant le roman en reprends les codes.  

Un deuxième tome est prévu pour l'année prochaine.
La fin actuelle m'aurait parfaitement convenue comme véritable fin au roman, mais si le deuxième opus est aussi bon que celui-ci je serai au rendez-vous!



  

My tailor is rich! / Where is Brian?

La semaine dernière on m'a fait découvrir une collection à côté de laquelle j'étais totalement passé. Et pourtant!
Je n'ai jamais été très douée en anglais. Je me débrouille, mais mes années collège et lycée ont été une véritable torture pour moi dans cette matière. J'avais l'impression de remplir ma tête de vocabulaire qui ne me servirait jamais. 
En arrêtant l'anglais scolaire, j'ai pensé qu'il serait bon de ne pas perdre toutes ces heures de classe dans le néant et d'essayer de conserver le peu que j'avais acquis. Je me suis mise aux films et aux séries en VO, ce qui m'a pas mal aidé pour la compréhension orale. Mais de là à lire un livre! J'ai bien lu un tome de Cherub mais ce fut long et laborieux. De même que pour Gossip Girl. J'avais donc abandonné l'idée de lire en anglais.
Et puis voilà, on m'a parlé de la collection Paper Planes teens chez Didier. 
Cette nouvelle collection propose aux collégiens et lycées des courts romans et pièces de théâtre pour lire en anglais. Pas des classiques difficiles avec du vocabulaire dépassé, pas des livres pour débutants qui n'ont jamais fait d'anglais de leur vie. Non. De vraies histoires originales avec du vocabulaire contemporain et un niveau adapté!

J'ai commencé par le niveau A1 avec Welcome to Star School.
Welcome to Star School, Michaela Morgan
Didier, 41p.

Sous forme de pièce de théâtre nous suivons une bande d'ados qui intègrent une école bien sympa. En plus des cours traditionnels (Maths, Histoire...) ils y apprennent le chant, la danse, la mise en scène... Mais dans cette école il se passe des choses très étranges. Une voix qui semble venir de nulle part, des objets qui disparaissent... Les élèves mènent l'enquête.
C'est sympa, facile à lire, avec des passages assez drôles. J'étais fière de l'avoir terminé si vite et sans difficultés. J'ai même trouvé ça tellement simple que je me suis dit que finalement j'étais capable de lire le niveau A2!

J'ai commencé par Bubonic Britain (et oui les titres de "Terrible Times" me tentaient tout de même plus que les "Crazy Classics". Encore des classiques?)


Bubonic Britain, Phillippa Boston
Didier, 45p.

Ce titre se divise en deux parties. Dans la première on nous présente la peste, ses formes, ses symptômes, son histoire... Ce n'est pas casse pied du tout, tant les choses y sont présentées de façon amusante, et puis j'aime assez le petit côté sanglant... Les illustrations, à la manière de Quentin Blake, renforcent le côté humoristique du texte.
La seconde partie est faite sous forme de faux journal intime. Bella, une ado londonienne y raconte sa vie quotidienne au milieu d'une épidémie de peste. Cela permet de rendre plus réelles et concrètes les informations données dans la première partie.

Là encore je l'ai lu facilement. Et c'est non sans fierté que j'ai refermé ce livre. J'ai aimé l'histoire, le traitement, et le fait d'avoir réussi à le lire. Du coup je me suis dit que finalement je lirais bien un Crazy Classics!

  Romeo & Juliet in Las Vegas, Rupert Morgan
Didier, 60p.

Ici nous retrouvons deux héros fort bien connus de la littérature classique que sont les amants maudits Roméo et Juliette. Transposé à Las Vagas en 1979 le traitement y est beaucoup plus rock'n'roll. L'histoire est racontée par un sosie du King, qui tient une petite chapelle comme il en existe tant à Las Vegas. Les Montague et les Capulet sont deux familles mafieuses, qui tiennent des casinos, et se font la guerre depuis bien longtemps.
On retrouve tout ce que l'on connait déjà du classique de Shakespeare: la rencontre dans un bal masqué, le caractère impétueux des jeunes, la mort de Mercutio (ici Micky), la scène du balcon, le mariage express, et la fin tragique. Mais le texte est adapté, et beaucoup plus facile à lire que celui très littéraire de Shakespeare. C'est Elvis Presley (enfin son sosie, quoique...) qui raconte l'histoire. Roméo drague Juliette à l'aide de paroles de chansons du King:
"Romeo -Take my hand. Take my whole life too.
Juliet (amused)-Oh really? You know... Wise men say 'only fools rush in'?
Romeo -Yes... But I can't help falling in love with you."

Et comment croyez-vous que Micky, Big Ben Valio et Romeo se soient déguisés pour intégrer la soirée donnée par les Capulet? En membres des Village People voyons!
"Romeo, Big Ben and Micky enter the nightclub in the Pink Flamingo Casino. It is disco night, and they have disguised themselves by dressing like members of the Village People.
Romeo - I fele ridiculous. "

Pour ce titre ci aussi je tire mon chapeau! J'ai adoré!

Donc voilà, j'ai craqué sur cette collection qui m'a véritablement donné envie de lire en anglais. Je n'ai qu'une hâte, lire les autres titres de la collection, et que de nouveaux sortent. Peut-être me lancerais-je ensuite dans des titres plus compliqués... Mais il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs!

A préciser aussi, il y a un aspect pédagogique à ces ouvrages. En effet vous pouvez trouver sur le site de Paper Planes Teens des versions audio de chacun des livres, gratuites, en MP3. Je n'ai écouté que celle de Romeo & Juliet, mais j'ai beaucoup aimé les voix d'Elvis et de Marlon Brando dans le Parrain.
De plus le site met à disposition des enseignants des ressources pédagogiques. Intéressants pour travailler en classe, n'est-il-pas? 
  

dimanche 2 juin 2013

Fa-si-la écouter

Avec le mois de juin vient la fête de la musique, de toutes les musiques. Alors je me suis dit que je parlerais bien de quelques livres CD pour les enfants. Car il n'y a pas d'âge pour découvrir et aimer la musique.

D'ailleurs le Prince de Motordu de Pef, fait un rejet total de la musique. 

Ses enfants souhaitent assister à un concert, mais celui-ci refuse. Trop de mauvais souvenirs dans son enfance, il n'ira pas à la musique. C'est la musique qui viendra à lui. Il fait donc venir l'orchestre jusque dans son royaume et finalement va reprendre plaisir à écouter de la musique.
"Oui, j'ai dit oui à la musique.
Oui, j'avais enfoui la musique.
Oui, la musique s'était enfuie.
Oui, mes enfants m'ont redonné ma chance.
Oui, la musique est revenue.
Oui, la musique est partout."
Le Ré-si-do-ré du prince de Motordu,
Pef et Marc-Olivier Dupin.
Avec l'orchestre national d'Ile-de-France.
Gallimard Jeunesse, 32p,+1CD de 50min.

Depuis que je suis petite je suis une fan du prince de Mortordu. Ses mots de travers m'ont toujours fait rire. Mais là j'avoue que j'ai eu un peu de mal. En fait je dis même plutôt "non" à cet album... Trop de jeux de mots difficiles à comprendre à l'oral, sans le texte écrit ils ne passent pas très bien. J'ai trouvé intéressant le fait que ce soit ici un adulte qui arrive à la musique par ses enfants et non l'inverse -comme c'est beaucoup plus souvent le cas-. Mais pour un album qui veux faire découvrir la musique d'orchestre à des enfants de 5 à 10 ans, je l'ai trouvé vraiment trop complexe. Des passages un peu dramatiques m'ont fait décrocher de l'écoute. Ce n'est malheureusement pas par le biais de cet album que je ferais découvrir la musique classique à des enfants.

Heureusement il existe toujours Pierre et le loup, avec la toujours fantastique version de 1956, racontée par Gérard Philippe et l'Orchestre symphonique de l'URSS (et tant d'autres versions). Mais pas que...

En effet, actuellement Elodie Fondacci fait de très bons albums pour faire découvrir la musique classique à nos chères têtes blondes. Surtout il ne faudrait pas passer à côté de sa très bonne version du Carnaval des animaux de Camille Saint-Saens. Vous trouverez tous ses titres édités par Gautier-Languereau dans la collection Histoires en musique en partenariat avec Radio Classique.

Mais là c'est du titre Monsieur Offenbach à la fête que je voudrais vous parler.
Il s'agit là d'un opéra-bouffe en 1 acte et 1 souper écrit par Gilles Avisse et raconté par Olivier Saladin. Vous savez bien, Olivier Saladin, des Deschiens! Il prête sa voix de manière truculente au personnage haut en couleurs d'Offenbach.
 Monsieur Offenbach à la fête, Gilles Avisse, Hervé Suhubiette et Delphine Jacquot.
Raconté par Olivier Saladin, musiciens de l'orcherstre de Pau Pays de Béarn.
Didier Jeunesse, 46p +1CD.

Cet album est un régal! Offenbach est en train de travailler chez lui, victime d'une crise de goutte, quand débarque toute une troupe de farfelus personnages, tous sortis de ses différents opéras-bouffes, opérettes et autres opéras comiques. Ils s'invitent tous à diner chez lui. On y retrouve donc des morceaux forts connus (comme Le Brésilien de la Vie parisienne) et d'autres qui le sont moins. On se laisse porter par ce montage très bien faits de tous ces petits airs, qui forment une nouvelle histoire haute en couleurs. C'est entrainant, facile d'accès, ça rends joyeux! 
Une belle réussite, pleine de vie et de fantaisie, qui rends l'opérette très accessible aux enfants, et même aux plus grands. 

 

Mais la musique classique n'est pas la seule que l'on souhaite faire découvrir aux enfants!
Ainsi j'ai choisi de vous présenter 4 autres albums très différents des précédents.

Je ne sais pas si vous connaissez la collection Tintamarre chez Milan Jeunesse. Non? A écouter et à chantonner dès 6 ans, ces albums sont tout à fait originaux. Dans chaque livre-cd un artiste fait découvrir aux enfants sont univers musical et textuel par le biais de 14 chansons pour la grande majorité inédites. 

Dans Bête et méchant la parole est donnée à Oldelaf.
J'ai acheté cet album il y a bien longtemps, juste parce que j'adore Oldelaf et son univers décalé. Dans cet album on retrouve tout ce que l'on peut aimer dans les albums qu'il a pu faire avec Monsieur D. 
Nous suivons Michel un petit garçon qui a une passion pour la torture animale. Et oui, arracher les pattes des insectes, dégommer les oiseaux au lance-pierre... ça il adore. Mais un jour, à son réveil, le monde est sens dessus-dessous. Les animaux parlent et promènent en laisse leurs humains de compagnie! Que se passe-t-il? Comment Michel va-t-il trouver sa place dans cet univers où ceux qu'il aimait faire souffrir sont devenus les plus forts?
Bête et méchant, Oldelaf et Anne Royant.
Milan Jeunesse, 30p +1CD.

Franchement, sur moi ça fonctionne du tonnerre. Je redeviens une enfant et me passe en boucle les titres "J'veux être musclé" et "Des bisous" (hommage à Boby Lapointe) sans me lasser. 
Outre l'univers musical d'Oldelaf on y trouve aussi de nombreuses références. Sans aucun doute, elles ne pourront toutes être saisies par les plus jeunes, mais ça fait aussi plaisir aux parents. Ainsi "Le Boeuf et la Grenouille", inversion de la célèbre fable de La Fontaine, plus proche de notre réalité, où le boeuf voudrait avoir la taille aussi fine que la grenouille. La chanson des 3 singes demande déjà une connaissance de la culture désormais populaire (référence aux trois singes de la sagesse). Et puis dans "J'veux être musclé", je ne suis pas certaine que les enfants comprennent bien le fait que le ver de terre -le plus cool de la Terre- veuille à tous pris "Avoir les abdos, les pectos tout dessinés (...) Pour pouvoir chanter un jour comme Bernard Minet". Mais en grandissant...

Enfin voilà, moi je craque. Et les illustrations toutes aussi décalées sont parfaites avec le texte et les délires d'Oldelaf. En plus à la fin de l'album on peut trouver les pistes de "karamoké"! Y'a pas le ukulélé c'est génial! 


Toujours dans la même collection et aussi décalé l'excellent Ma tata, mon pingouin, Gérard et les autres de François Hadji-Lazaro de Pigalle. 
     Ma tata, mon pingouin, Gérard et les autres..., François Hadji-Lazaro, Delphine Durand, 
Milan Jeunesse, 40p +1CD.

Toute une galerie de personnages, tous plus décalés et truculents les uns que les autres. On est pas loin de l'univers des Garçons Bouchers (d'ailleurs 3 des titres sont des réarrangements de titres déjà existants, comme l'excellent L'éboueur). Et là encore ça fonctionne du tonnerre! Je suis certaines que les enfants craqueront totalement sur cet album plein d'humour, de poésie, de jeux de mots... La musique y est entrainante, avec les sonorités "folk-punk" et "trash-musette" qui ont fait le succès de François Hadji-Lazaro. Les instruments y sont nombreux et originaux (comme de la cornemuse, de la sanza, de l'oud égyptien...), et font découvrir des sons variés aux plus jeunes. 
Les illustrations sont aussi rigolotes que la musique.
Je ne sais pas comment vous dire qu'il ne faut ABSOLUMENT pas passer à côté de cet album vraiment super original, dans une collection qui l'est tout autant et qui offre une diversité musicale riche aux enfants, loin de les prendre pour des idiots. On est vraiment dans la veine de ce qu'avait lancé Vincent Malone (du groupe ODEUR) dans les années 90 avec son personnage du Roi des Papas. J'avais 9 ans à l'époque, ma sœur 6, et je peux vous dire que l'album passait en boucle à la maison!


Et puis pour en venir aux 2 derniers dont je voulais vous parler, on va changer de style et se lancer dans le Jazz.
Comme la musique classique on pense souvent que ce n'est pas une musique très accessible surtout pour les plus jeunes. Que nenni!, vous dirais-je, surtout avec des albums magnifiques comme

 On suit Zazou la cigale qui aime chanter et part en Amérique, où, après des péripéties, elle intègre le groupe Swing Café. L'histoire est coupée de 12 morceaux des plus grands noms du jazz des années 30-50. 
Sur le même principe que l'album sur Offenbach, les morceaux sont véritablement au cœur de l'histoire. 
Les morceaux sont très accessibles à tous. Si vous n'y connaissez rien au Jazz vous y découvrirez les morceaux incontournables!
De plus les illustrations de Rebecca Dautremer sont, comme d'habitude, sublimes! Son travail sur les affiches anciennes, la lumière, tout est magnifique. Le fait qu'elle ait représenté des humains pour ce conte 
 Swing Café, Carl Nora, Rébecca Dautremer, 
lu par Jeanne Balibar.
Didier Jeunesse, 35p +1CD.

animalier ne choque nullement.



Enfin, mon gros gros coup de cœur à Noël dernier:

 Swinging Christmas, Olivia Ruiz, Benjamin Lacombe,
Album Michel Jeunesse, 48p +1CD.

Bon là je vais faire court, sinon ça va déborder d'adjectifs superlatifs! Donc sachez juste que là il s'agit surtout d'un album accompagné d'un CD. Olivia Ruiz a écrit un conte sur l'amitié, la découverte de la littérature et du jazz, le partage, le tout accompagné de 5 titres de jazz qu'elle interprète. Une histoire servit par les illustrations de Benjamin Lacombe, sur lesquelles je ne reviendrais pas tant elles sont belles. 
Un album pour les enfants à partir de 7 ans. Un objet de toute beauté, dont le seul défaut: 5 titres, c'est beaucoup trop court...

Voilà donc plusieurs albums qui pourront ravir les oreilles des enfants à partir de 5 ans, mais aussi de leurs parents. Un bon moyen de les ouvrir au monde et d'écouter autre chose que ce qui passe tous les jours sur les ondes.