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mercredi 28 août 2013

Etre une fille dans la littérature jeunesse.

Ça fait longtemps que je n'ai pas fais un article thématique... Vous vous souvenez du coup de gueule que j'avais relayé sur l'édition genrée? Un petit trou de mémoire? Par là pour combler ce vide.
Dans son article, l'auteure nous parle de la série Mademoiselle Zazie. Pour ne pas mourir idiote j'en ai pris 1, histoire de voir... 

Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi?
Thierry Lenain et Delphine Durand, 
Nathan.

Et bien voilà, je suis devenue accro!
Je ne vous ferais pas le résumer de ce volume, il est très bien fait dans le billet d'humeur. Mais sachez que c'est un régal!
Alors du coup, j'ai enchaîné sur les autres titres. Et là, il y en a 2 qui ont particulièrement retenus mon attention.


Dans la rue, partout, des affiches de dames à moitié nues! Max ne sait plus où donner de la tête. Ses yeux partent dans tous les sens. Comme dans les émissions, il donne des notes sur 10 aux corps des mannequins. Zazie n'aime pas ça du tout, surtout qu'elle n'a pas de gros nénés elle! Avec tact et humour elle donne une belle leçon à Max, et aux lecteurs. Ne pas juger un livre à sa couverture dit-on. Ne pas juger de la beauté et de la qualité d'une personne à son physique. Voilà un joli message que nous fait passez Zazie. Un bon coup dans les dents au sexisme et à la société d'apparences. 





Comme vous avez pu le voir, Zazie n'est pas vraiment fifille. Un jour au supermarché avec Max elle bave devant un magnifique ballon de foot. Mais Max ne partage pas son enthousiasme. Il a les yeux rivés sur "une robe de danseuse rose, avec un gros nœud blanc, des rubans et tout le tralala." Il voit déjà son amoureuse dedans, et s'imagine combien elle sera belle, comme une princesse!
Zazie n'est pas du tout d'accord. Mais quand sa grand-mère lui offre ladite robe, elle n'a plus le choix, il lui faut bien la porter. Et la réalité est bien différente du fantasme de Max! Je ne vous raconterai pas la chute, tant elle est drôle, et je vous laisse le plaisir de vous retrouver rouge comme une pivoine au milieu d'un magasin après avoir explosé de rire à la lecture d'un livre pour les tous jeunes lecteurs! (Et oui Laura, nous ne seront pas les seules!)

En lisant ce livre j'y ai retrouvé une autre lecture récente:

Boucle d'Ours, Stéphane Servant et Lætitia Le Saux, 
Didier Jeunesse, 32p.

Dans ce conte détourné, les animaux de la forêt s'apprêtent à fêter le carnaval. Papa Ours, grand et fort, est déguisé en Méchant Loup. Maman Ours, en Belle au Bois Dormant. Tout est parfait. Sauf que Petit Ours a choisi de se déguiser en Boucle d'Ours. Couettes, nœuds, jupe rose, tout y est! Papa Ours n'en revient pas!
"Les jupes et les couettes, c'est pour les filles, les oursonnes, les femmelettes, les  cacahuètes, les hommelettes!" Non, son fils ne sortira pas dans cet accoutrement ridicule! Pourtant quelqu'un va le faire changer d'avis.
Le message antisexiste n'est pas envoyé qu'aux enfants. A l'aide du conte traditionnel, et avec beaucoup d'humour, l'auteur et l'illustratrice bousculent les convenances, et pointent du doigt les préjugés.

Alors dans cette société qui cloisonne, ce sont des albums qui font du bien! 

Tristesse d'un pilon

Dans la vie d'un homme, Aurélie Godard
Anne Carrière, 330p.

Sortie annulée.

Parmi les romans que j'avais reçu à lire avant cette rentrée littéraire, un premier roman en littérature française m'avait particulièrement plu.

Trois hommes, trois époques, trois moments cruciaux marquants une tangente dans la vie d'un homme. 

James Dean, 1955, tournage de Giant. L'ambiance n'est pas au beau fixe, et George Stevens pas des plus aimable avec le jeune acteur tourmenté devenu déjà une icône de la jeune génération. Tant de doutes et de peurs assaillent le jeune homme. Voulait-il vraiment cette voie et cette célébrité? En est-il satisfait? Ne cherchait-il pas une autre vie? Finalement il décidera de prendre une année sabbatique à la fin du tournage, mais son destin prendra finalement le tour tragique qu'on lui connait.

Martin Frère, 34 ans, 1992, Lille. Responsable consultants dans une agence immobilière, il est à deux doigts de toucher la promotion dont il rêve tant depuis si longtemps: devenir directeur des agences Grondin. Il pourra alors donner à sa femme et à son fils le train de vie dont cette dernière rêve. Il sera enfin quelqu'un. Mais est-ce vraiment son rêve le plus profond? Devenir riche et important le rendra-t-il vraiment heureux? Grand fan du film Giant, il comprend toute la tristesse de ne pas assouvir son rêve, comme Jett Rink. Tant de doutes l'assaillent lui aussi. Est-ce son rêve ou celui de sa femme devenue une étrangère qui ne fait que dépenser l'argent qu'il a tant de mal à gagner?

Mr Rink, 2012, Cannes. Aujourd'hui le dernier film qu'il a réalisé doit être projeté à Cannes. S'il réussit à séduire, il obtiendra les millions de dollars dont il a besoin pour réaliser le film de ses rêves. Son jeune acteur Haakon est au bord de la dérive. Trop de drogues, trop de peurs, trop de doutes qui le tuent à petit feu et le poussent à l'auto-destruction. Mr Rink doit-il pousser son jeune protégé à jouer son rôle jusqu'au bout? A monter sur le tapis rouge alors que cela pourrait lui être fatal? Est-il un monstre d'exploiter autrui pour atteindre son rêve? Ce rêve en vaut-il le coup? Est-il vraiment son rêve ultime?

Trois hommes aux destins apparemment non liés. Mais trois hommes perdus face à leurs rêves d'enfants et leurs vies d'adultes. Tous coincés par l'éternel mal de l'homme, comme disait Schopenhauer: le désir. Lorsque l'homme est insatisfait il souffre, il n'arrive pas à avoir ce qu'il désir et cela le rends malheureux. Mais lorsqu'il est comblé, il s'ennuie face à une absence de désir. Comme un puits sans fond, jamais comblé. Tous les désirs assouvis créent alors l'envie des hommes insatisfaits, qui eux, ont encore le droit d'avoir des espoirs et des rêves. 

Aurélien Godard nous avait offert là un magnifique roman sur la condition masculine. "On parle souvent de la cause féminine. Parle-t-on de la solitude des hommes? Pense-t-on à la tristesse masculine? Aux difficultés vécues dans l'indifférence générale?" Car il est difficile d'être un homme. Il faut aussi répondre à des exigences sociétales et tacites. C'était là véritablement un très beau premier roman sur les hommes, écrit par un auteur très jeune. Malheureusement il ne sortira pas. C'est donc un collector que j'ai à la maison et que vous ne pourrez malheureusement pas trouver en librairie. 

Et oui, des remontées de lectures auraient fait mention d'un plagiat. De quel titre en particulier, cela n'est pas dit par les éditions Anne Carrière. On lit sur la toile qu'il s'agirait du roman Les Heures  de Michael Cunningham, dont il a reprit le procédé narratif (une journée, trois personnages, trois époques, mais un point commun). Je n'ai pas lu Les Heures, mais j'en ai maintenant très envie. Pas seulement pour voir si ce roman est bel et bien le roman plagié, mais parce que j'ai aimé ce système. Mais ce n'est pas ça pour moi qui rendait (c'est bien la première fois que je parle d'un roman au passé. Un roman qui n'a plus de vie, je n'avais encore jamais vécu cette situation...) ce roman si puissant. Non vraiment ce que j'y ai aimé, ce sont ces destins, ces questions, ces souffrances qui traversent trois hommes à qui tout semble réussir. 

Malgré le fait que ce livre soit parti au pilon avant même sa sortie en boutique, je voulais le partager avec vous. J'espère sincèrement qu'Aurélien Godard nous offrira un autre roman tout aussi poignant, qui aura une vie plus longue et plus riche que celui-ci. C'est un nom que je vais retenir et guetter pour les années à venir...

dimanche 25 août 2013

Fistule et politique

La maladie du roi, Christian Carisey, 
Le Cherche Midi

Sortie prévue le 12 septembre 2013.


Toutes mes lectures de la rentrée littéraire n'ont pas été extraordinaires... Une en particulier m'a déçue...

Nous sommes à Versailles en 1686. Le règne de Louis XIV est sur le déclin. Bien que la paix soit instaurée, la révocation de l'Edit de Nantes en 1685 ébranle le royaume. Louis XIV est alors un vieil homme âgé de 48 ans, et bien qu'étant le Roi Soleil, la maladie ne l'épargne pas. Ainsi il se retrouve à souffrir d'une fistule anale. Celle-ci le fait atrocement souffrir et l'empêche de participer à nombres d’événements de la Cour fait pour asseoir son pouvoir. Alors que l'ambassadeur de Siam doit venir lui rendre visite pour négocier d'importants accords commerciaux, le roi charge le jeune chirurgien Félix de Tassy de le soigner. A l'heure où la chirurgie n'est pas encore considérée comme une science médicale et que l'on soit encore par saignées, le jeune homme va tout faire pour être capable d'opérer le roi sans risquer l’hémorragie. Il s’entraîne donc sur des prisonniers de la Bastille.

C'est dans un contexte politique assez troublé que survient une maladie bien handicapante pour le souverain. Face aux espions, aux jalousies de la Cour, aux divergences religieuses, chacun cherche a réalisé son destin. C'est bien un affaiblissement du pouvoir lié à la décrépitude physique du Roi Soleil que Christian Carisey nous raconte ici. C'est intéressant. Mais voilà, je n'ai pas beaucoup aimé. J'ai trouvé que son récit était... fade. Pas assez romanesque, pas assez romancé, il nous donne des informations historiques les unes derrières les autres. On est loin d'un roman historique à la Dumas. Pas de grands sentiments. Tout y est raconté de manière clinique (pour un roman sur la maladie, me direz-vous, ça tombe bien). Je m'attendais à un roman, j'ai eu l'impression de lire des cours d'Histoire. 



Un événement assez peu connu de l'Histoire de France qui aurait sans doute demandé une plume plus enlevée.
Dommage.
  

jeudi 22 août 2013

-Si vous essayez de me faire le coup foireux du "je suis ton père", je vous préviens que je vais péter les plombs.

Mothership. Tome 1. Et si l'amour venait de l'espace? Embarquement immédiat!
Martin Leicht et Isla Neal
Fleuve Noir.

Sortie prévue le 5 septembre.

Quand on pense à la rentrée littéraire on ne songe pas forcément à la section jeunesse. Effectivement, de mes lectures récentes et pour cette période, je n'en aurait qu'un à vous présenter. Mais attention! Ce roman est unique!

Elvie, 16 ans, est une ado assez sarcastique sympathique. 
En cette année 2074 elle ne pensait pas que sa vie changerait à ce point. Tomber enceinte du sublime Cole n'étais pas prévu, d'autant plus qu'elle est lucide sur la faible intelligence dudit tombeur.
C'est donc dans une ancienne station orbitale transformée en maternité pour ado que son père l'envoie. Une idée parfaite sur le papier. Préparer l'accouchement en étant suivie par une équipe sérieuse. Mais c'était sans compter la présence à bord de sa pire ennemie (et oui quand on est ado, il y a toujours une fille que l'on déteste viscéralement), elle aussi enceinte, et du même crétin aux yeux de biche pour couronner le tout. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, la station est attaquée par un commando très spécial. Quelle idée d'attaquer un vaisseau peuplé d'ados aux hormones en ébullitions, rondes comme des barriques? Et surprise! Il faut que Cole fasse partie du bataillon... Le but de cette attaque? Libérer les jeunes filles d'un personnel encadrant qui serait composé d'extraterrestres.

Ai-je besoin d'en dire plus pour vous mettre l'eau à la bouche? Personnellement il ne m'en n'a pas fallut autant pour avoir les yeux qui brillent à l'idée de lire cet ovnis littéraire. Ce roman est fou. Bien construit, avec une intrigue aux nombreux rebondissements. Drôle, à la hauteur de ce que l'on pourrait espérer du pitch. 
L'héroïne est maline. Oui elle tombe enceinte à 16 ans, mais elle n'est pas du tout dans l'idée de devenir fille mère. Bon ok ses hormones lui ont joués des tours. Mais elle a des rêves autre que de devenir l'épouse d'un garçon très beau mais totalement con. Elle est sarcastique, ce qui est souvent drôle, parfois même dans des situations stressantes. 
C'est un roman assez visuel, on s'imagine facilement les lieux, les personnages... Ce n'est pas de la grande littérature, mais ça rend euphorique.


Furieusement drôle, totalement addictif, je n'attends qu'une chose: LA SUITE!

mardi 13 août 2013

L'amour, encore et toujours

J'étais Quentin Erschen, Isabelle Coudrier
Fayard, 410p.

Sortie prévue le 2 septembre 2013

On poursuit cette petite -toute petite- présentation de la rentrée littéraire par le chouchou de mes lectures!

Depuis toujours Natacha et ses parents vivent à côté de chez les Erchen. Depuis toujours Natacha grandit avec les 3 enfants Erchen, comme si tous 4 faisaient partie de la même fratrie. Il y a Quentin, Delphine et Raphaël.
Depuis toujours Natacha, la plus jeune, rêve de faire partie intégrante de cette famille qu'elle trouve magnifique et hors du commun (la mère est décédée dans un accident de voiture avant la naissance de Natacha).
Mais voilà qu'en grandissant les choses changent. Rien n'est immuable. Les enfants deviennent des adolescents, des jeunes adultes, puis des adultes. Les sentiments fraternels de Natacha changent, surtout pour le beau et énigmatique Quentin. Des amours enfantins qui s'installent, murissent et grandissent avec elle. Un amour à sens unique qui ne semble pas vouloir disparaître. 
A quel point un amour d'enfant peut-il influer sur une vie? Jusqu'où peut-il mener sans que cela ne paraisse malsain? Combien de temps peut-on aimer sans être aimé en retour? A t-on le droit d'être malheureux à vie en s'accrochant à un amour impossible?
Et si cet amour n'était pas vraiment de l'amour, mais plutôt une manière de retenir l'enfance. Amoureuse de lui enfant, amoureuse de lui adulte, elle garde un pied dans cette période bénit qu'elle se refuse à quitter. D'ailleurs lequel des 4 cherche à quitter l'enfance? Lequel souhaite grandir, prendre son envol, devenir adulte? Comme si tous cherchaient à retenir un temps révolu, à la conserver, quitte à vivre dans le passé. 

Je n'avais jamais lu Isabelle Coudrier, je n'ai jamais mis le nez dans son roman Va et-dis-le aux chiens, mais j'en ai désormais très envie!
Son écriture est sensible et juste. Elle nous transporte dans tous les sentiments de ses personnages par le biais de nombreux paragraphes, tous assez courts, comme des sous chapitres de vies bien remplies. On se reconnait tous à un moment ou un autre dans l'un de ces personnages, car Isabelle Coudrier tombe juste sur les émotions qui habitent chaque être humain face à l'amour, à la vieillesse, aux secrets, au silence, à l'absence d'un être cher. 
Il y a une certaine fragilité au sein de ce roman, mais par sur la qualité!


Pendant presque tout le roman, les passages ayant Quentin pour personnage principal sont à la troisième personne du singulier. Puis d'un coup en plein milieu du roman, on passe à la première personne, avant de revenir, beaucoup plus loin à ce "il". Si quelqu'un à l'explication, cela m'intéresse... 

lundi 12 août 2013

Vivre!

Nos étoiles contraires, John Green
Nathan, 332p.

Récemment, avec le soleil, la plage, les concerts... toussatoussa, j'ai connu une baisse de régime niveau lecture. Moins de temps, moins d'envie. Enfin bref, parfois ça arrive. Et puis l'autre soir j'ai eu envie de lire quelques lignes. Mon livre étant resté dans mon sac de plage, et étant déjà bien installée (et oui, je suis parfois une grosse flemmarde!), j'ai pris le premier de la Tour de Babel qui orne ma table de nuit. Et là, Oh Joie!

J'avais entendu le meilleur de Nos étoiles contraires. Mais bon, je me disais qu'il fallait tout de même "être dans l'humeur", pour lire ce roman. C'est tout de même l'histoire d'une ado (Hazel, 17 ans) qui a un cancer des poumons et vit avec une assistance respiratoire, qui rencontre un garçon (Augustus Walters, 17 ans), beau comme un dieu, mais unijambiste suite à un début d'ostéosarcome (cancer des os).
Bon voilà, dis comme ça, ça ne fait pas forcément rêver... J'imagine déjà les difficultés que je vais avoir à le mettre dans les mains des mamans et des mamies venues chercher un roman pour une jeune fille en fleur...
Pourtant c'est un roman qui vaut vraiment le détour!

Loin d'un témoignage larmoyant sur la maladie, ce roman est une véritable ode à la vie et à l'amour! C'est drôle, réfléchit, touchant, plein d'espoirs et de peurs. Mais "sans souffrance comment connaître la joie?".
Passez donc la peur du sujet pour connaître un véritable plaisir, une vraie joie à la lecture de ce roman lumineux!
Merci Aurélie! Suspendstonvol

dimanche 11 août 2013

Le rituel du coucher

La femme à la clé, VVonne van der Meer
Editions Héloïse d'Ormesson

 Sortie prévue le 29 août 2013

A 59 ans, Nettie se retrouve veuve, sans revenus. Depuis longtemps qu'elle a arrêté de travailler, elle ne sait pas vraiment ce qu'elle pourrait faire pour gagner sa vie. Elle regarde sa solitude dans les yeux, et se dit que de nombreuses autres personnes doivent se sentir seules. Combien sont-ils à rentrer le soir dans un appartement vide ou personne ne les attends? Combien sont-ils à aller se coucher sans avoir personne à qui souhaiter une bonne nuit?
C'est décidé Nettie va devenir "lectrice-bordeuse de lit". 
Pour commencer, rédiger une annonce en vue de trouver des clients:
"Femme, 59 ans, d'apparence maternelle, hanches larges, voix agréable, vient vous border et vous faire la lecture avant que vous vous endormiez. Discr. assurée. Intentions sexuelles totalement exclues."

Une fois les clients trouvés, elle se rends chez eux, le soir, pour leur faire la lecture avant qu'ils ne s'endorment. Elle leur souhaite une bonne nuit, puis rentre chez elle.
Par ces rencontres, des destins se nouent. Nettie ne peut ignorer les joies ou les malheurs qui touchent ces gens qui lui ouvrent leur intimité. 
Ce sont plusieurs tranches de vie que l'on découvre ici par le biais de l'intimité des chambres à coucher. On retrouve un peu d'Anna Gavalda ou de Barbara Constantine dans ce roman qui regroupe des gens seuls, blessés par la vie, qui se soutiennent mutuellement, tels des béquilles.
On s'amuse des mises en abîmes des textes lus par Nettie, qui donnent un rythme différent à notre propre lecture. 
C'est un joli roman que nous offrent ici les éditions Héloïse d'Ormesson. Quelque chose de frais, de léger, et de tendre. Presque un roman pour les vacances. De quoi prolonger un peu le temps de repos malgré le retour au boulot... 
Un roman qui donne aussi envie de profiter des petites choses et des rencontres hasardeuses que l'on peut faire tout au long de notre vie.



vendredi 9 août 2013

Musique et politique

Dans la gueule du loup, Olivier Bellamy
Buchet Castel, 184p.

Sortie prévue le 29 août 2013.

Nous sommes à Paris en 1932.
Prokofiev, exilé politique, commence à se lasser de la France, et surtout des français qui ne comprennent pas sa musique. Une lettre arrivée d'Union Soviétique lui propose de rentrer dans sa terre natale pour devenir le compositeur du peuple. Staline passe la brosse à reluire. Et Prokofiev, fier, s'emballe pour ce retour qu'il imagine triomphal: "Ils ont besoin de moi, de ma réputation, de mon prestige pour faire croire au monde entier que l'URSS est la panacée de l'humanité, que le communisme crée des génies bien plus sûrement que le capitalisme."
C'est donc avec femme et enfants qu'il rentre en Russie. Mais il vient de se jeter dans la gueule du loup. Jamais plus il ne pourra quitter le territoire. Retenu à Moscou, son travail est de plus en plus bridé par Staline. On lui demande de faire une musique plus accessible, il n'a plus le choix de ses compositions. Une dictature politique et artistique romancée par Olivier Bellamy, chroniqueur à Radio Classique.

C'est un roman qui se lit très vite, et qui ne demande pas d'avoir des connaissances en musique classique pour apprécier le ton et le thème. D'ailleurs hormis Pierre et le Loup, je suis totalement inculte en Prokofiev! Mais tout au long du roman on a envie d'accompagner sa lecture de ses morceaux. Pourtant je ne l'ai pas fait. Pourquoi? Et bien parce que le texte en lui même est très rythmé, très enlevé, il est lui même très musical. Ce roman est un peu écrit comme une pièce de théâtre. Les personnages de Prokofiev et de sa femme Lina (ancienne chanteuse d'opéra qui a mit un terme à sa carrière pour son mari et ses enfants), sont grandiloquents et théâtraux. Ils parlent avec emphase, rendant les scènes vivantes. 
Seul bémol, les analogies... Il y a, en effet, des comparaisons tout le long du roman. Mais vraiment beaucoup. Quasiment à chaque petite description. 

Quelques exemples parmi tant d'autres:
"Le front de Lina se fait soucieux comme si elle prenait subitement conscience qu'une fuite d'eau peut toucher tout un chacun."
"Lina lance un rire léger et ouvre un coffret sur le bureau en levant un pied comme si elle hésitait entre un marron glacé et un chocolat à la liqueur."
"Prokofiev se lève et se met à déclamer comme s'il défendait un ambitieux projet de loi à la chambre des députés".

Ce ne sont que trois exemples retrouvés au hasard des pages. Mais dans mon souvenir il y en a des tas. J'ai même eu la sensation que plus j’avançais dans le texte, plus il y en avait. Ou alors, le fait de les avoir remarqué me les faisait sauter au visage comme une mouche me volant autour de la tête en cette période de canicule. Toujours est-il qu'au bout d'un moment, ça m'a un peu agacé. 

Il n'en reste pas que c'est un roman dont j'ai encore un très bon souvenir. On y découvre la vie artistique parisienne à l'aurore de la Seconde Guerre Mondiale, puis celle des artistes Soviétiques pendant la guerre et sous le durcissement du régime stalinien. Un bon roman historique qui permet de découvrir ou redécouvrir le personnage et la musique de Prokofiev.

"J'avance dans la vie comme un rameau d'épineux balloté par les caprices du vent à travers le désert."

Arizona Tom, Norman Ginzberg, 
Éditions Héloïse d'Ormesson, 217p.

Sortie prévue le 22 août 2013.

Dans un bled paumé de l'Arizona, au milieu du désert Mojave, le vieux shérif Ocean Miller se souvient de l'affaire qui l'a le plus marqué. 
Alors qu'il fait une ronde sur sa vieille carne, il tombe sur un gamin d'une dizaine d'années, en plein désert.

"De ma lunette, j'ai suivi la corde épaisse qui reliait le gosse à son paquetage. Je n'en ai pas cru mon œil. Ma tête devait me jouer des tours. Mon cœur défaillait aussi. Il tambourinait tant et tant dans ma poitrine, j'ai pensé que mon trépas était proche. Au bout de la corde, un cadavre sans tête! Un corps d'homme, ou plutôt un tronc: ses membres inférieurs s'arrêtaient aux cuisses, ses deux bras étaient sectionnés à hauteur des coudes. Il était habillé de blanc, comme le gosse. La corde formait un harnais passé sous ses épaules, prolongée par une pièce de cuir, sans doute taillée dans une selle, sur laquelle reposait le cul du cadavre. Et le gosse tirait le tout des deux mains, la corde calée sur sa clavicule. Diable, quelle vision!"

Une scène qui pourrait être un mirage, mais qui malheureusement pour Ocean Miller est bien réelle. Ainsi, va-t-il devoir mener l'enquête. Qui est la victime? Où se trouve sa tête? Que s'est-il passé? L'enfant est-il coupable de ce meurtre et de ce démembrement? Pourquoi traine-t-il ce corps à travers le désert brûlant? Des questions auxquelles le jeune garçon, sourd muet, ne semble pas capable de répondre. Qui est-il, ce jeune homme un peu étrange qui semble ne communiquer que par le dessin?

Sur fond de conquête de l'Ouest, de chercheurs d'or, de spoliations de terres aux indiens natifs, de whisky et de poussière, entrez dans un western-policier. 
Écrit par un franco-américain, vous trouverez là un roman très sympathique. C'est drôle, plein de suspens, de chevauchées sauvages et de coups de feu comme dans les meilleurs western spaghetti des années 60. On s'attache fortement à ce shérif totalement décalé, ancien soldat dans la Guerre de Sécession, qui hait les péquenots, boit beaucoup, et lit La Fontaine. Un mélange d'étonnant qui en fait un personnage bourru et tendre, à la langue bien pendue, pièce maitresse de ce roman.

Et puis, western à la rentrée littéraire, c'est tout de même assez peu courant...    
 

mardi 6 août 2013

C'est bientôt la rentrée...

Et oui, nous ne sommes même pas à la mi-août mais déjà les magasins ont installés les fournitures de la rentrée scolaire. Les parents viennent commander les manuels pour cette nouvelle année, et ils ne sont pas encore stressés. Mais on commence déjà à sentir les odeurs des cartables neufs, des stylos et des cahiers vierges sous celle, encore bien présente, de la crème solaire.
Mais la rentrée scolaire annonce aussi la rentrée littéraire.
Comme tous les ans, les éditeurs vont inonder les tables de vos libraires, les pages de vos magazines (pas forcément littéraires), et les rubriques de vos émissions de radio, avec tous ces nouveaux romans. Enjeux majeur du marché du livre, parmi les quelques centaines de romans, essais et autres, je vais commencer à vous parler de ceux que j'ai pu lire. Même pas 1% de la production... 
Mamamia...
 

samedi 3 août 2013

Tremblez... de rire.

43 rue du Vieux Cimetière: Trépassez votre chemin,
Kate Klise.
Albin Michel, Collection Witty, 160p.

Ignace Bouchon est un auteur pour les enfants particulièrement ronchon. Depuis 20 ans c'est la pane seiche! Il est incapable d'écrire une nouvelle aventure de son héro Bartholomew Brown, dompteur de fantômes. Pour s'atteler au 13ème tome difficile de sa série, il part se mettre au vert à Livid, dans une bicoque victorienne, au 43 rue du Vieux Cimetière. Et là, stupeur! il doit partager son habitation avec un gamin, Les Perrance (le fils des propriétaires), et Adèle I. Vranstock (le fantôme d'une auteur jamais publiée). Comme si les fantômes existaient!
Il tient bien à montrer à ce garnement qu'on ne peut le duper si facilement!

La collection Witty s'adresse aux jeunes lecteurs fans de Roald Dahl. Et là encore, on retrouve une auteur qui en est la digne héritière.
C'est un roman drôle, truffé de jeux de mots rigolos, et dont la forme elle-même est originale. Pas de narration traditionnelle ni de dialogues. Ici, toute l'histoire est racontée par le truchement de lettres, de mails et d'articles de journaux. Et oui, il ne faut pas oublier que tout est VRAI!

Une lecture originale et plaisante à partir de 9 ans. 

Le club des cinq est de retour

Les cousins Karlsson, T1, Espions et Fantômes
Katarina Mazetti, 
Thierry Magnier, 224p.

Depuis des générations, si je vous demande 4 enfants et 1 animal qui mènent l'enquête, vous me dites? Le Club des Cinq. Mais oui, bien sûr!
Et bien maintenant ils ont de la concurrence! 
Katarina Mazettti, que l'on connait plus pour ses romans adultes, et surtout pour Le mec de la tombe d'à côté, modernise la petite bande d'enquêteurs en herbe.
2 filles, 2 garçons et 11 chat -quoique, nous pourrions aussi compter un poney dans l'affaire...

Cet été Julia et sa sœur Bourdon se rendent en vacances chez leur tante Frida. Pas le choix. Leur tante, une sculptrice un peu excentrique, vit sur une île. Pas d'eau courante, pas de télé. Les vacances s'annoncent horribles! D'autant plus qu'elles vont devoir partager leur quotidien avec leur 2 cousins, George et Alex, qu'elles ne connaissent pas. Mais voilà que la nuit de drôles de bruits se font entendre. Qui vole l'eau du puits et les boîtes de conserve? Qui fait du feu au milieu de l'épaisse forêt qui couvre une partie de l'île? Et qui inonde le marché de l'art avec de fausses sculptures signées du nom de Frida?
Dépassant leur peur, les enfants mènent l'enquête.

Et voilà des aventures de vacances dans un huis clôt bien sympathiques. Katarina Mazetti place ses héros dans l'aire du temps. Téléphones portables, télévision, passion pour la cuisine, pizzas surgelées, immigration clandestine..., elle parle de notre époque à des enfants de notre époque. Certaines répliques sont drôles, des situations cocasses ou angoissantes, on prends plaisir à se laisser avoir.

Les fans du Club des Cinq ne pourront que se réjouir de ces nouveaux héros!

A partir de 9 ans.