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mardi 18 juin 2013

London Calling

London WC2, Gilles Sebhan
Les Impressions Nouvelles, 160p.

Lorsque j'ai fais la demande de ce livre pour en faire une critique, je ne m'attendais pas du tout à cela. Me voilà bien embêtée pour en faire une critique. Non pas que je n'ai pas aimé, loin de là! Mais ce livre est tellement loin de mes lectures habituelles!
Sur la couverture il est écrit "roman", pourtant nous ne sommes pas tout à fait dans un roman, du moins pas au sens traditionnel du terme. 
Il s'agit plus d'un récit. Et pour le coup, je ne lis jamais de récit. Du moins rarement. Enfin quand j'y étais obligée dans ma scolarité en fait... Non pas que je dénigre ce genre. Mais j'avoue que quand je tente la lecture d'un récit, je m'englue assez rapidement dans la narration, ayant besoin de plus d'imaginaire. 
Et là encore je me dis que du coup, London WC2 n'est pas non plus un récit...
Un roman autobiographique. Oui, voilà. Je pense que c'est le terme qui convient le mieux. A la lecture de London WC2 j'ai retrouvé quelque chose de Sartre dans Les Mots, ou de Breton dans Nadja. Un mélange d'autobiographie et d'imaginaire. Les deux sont si savamment mêlés qu'on ne sait jamais tout à fait quelle est la part de vrai dans ces souvenirs...

Gilles Sebhan (que je ne connaissais pas du tout avant cette lecture), nous propose de découvrir 5 années de la vie d'un jeune français à la fin des année 70 et au début des années 80. Entre 9 et 14 ans, au moment des premiers émois sexuels, de la transformation de son corps, de la formation de son goût et de sa personnalité, le voilà irrémédiablement attiré vers un monde qu'il ne connaissait pas: le Londres underground. 
Alors qu'il n'a que 9 ans, sa sœur, son autre lui, sa moitié, part en Angleterre pour des vacances chez sa correspondante. Finalement, rien ne se déroulera comme prévu. Elle y fait des rencontres qui changeront la vie du jeune garçon durablement. Notamment un garçon, le jeune Neville Brody, graphiste passionné, encore débutant. 
Ce n'est pas tant la vie de cette sœur que nous suivons dans ce texte, bien qu'elle y soit omniprésente, elle y est le plus souvent absente. Gilles Sebhan prend le prétexte de la vie marginale de cette jeune française; qui vit d'abord dans un squat de Covent Garden avec l'un des graphistes les plus brillants de sa génération, côtoie Sid Vicious, Boy George, Iggy Pop, et tant d'autres; pour nous parler des modifications profondes connues par un pré-ado français. 
La vie de sa sœur il l'a rêve (jusqu'à quel point?), il l'envie, il se l'approprie. Au point que devenu adulte il en conserve des souvenirs vivaces, intacts (à quel degré), tandis qu'elle semble avoir tiré un trait sur ce passé. 

J'ai trouvé ce texte parfaitement original, une sorte d'OVNI (du moins par rapport à mes lectures habituelles). 
Tout d'abord la forme. L'auteur nous perd sans arrêt entre la réalité et la fiction. L'histoire est racontée par un écrivain qui cherche à faire un livre sur la jeunesse londonienne de sa sœur, et pour cela tente de recoller les pièces d'un puzzle familial longtemps laissé au grenier. S'agit-il de Gilles Sebhan lui-même ou est-ce un personnage de fiction? Sans arrêt quand nous pensons être dans le fictif, une photo sortie d'un tiroir est insérée au texte, nous replongeant dans la réalité. Quelle est donc la part d'invention dans son roman? Cela peut sembler assez perturbant, mais j'avoue que j'ai adhéré et j'ai fini par me laisser porter par son histoire.
On passe du coq à l'âne, d'un évènement à un autre, comme si nous suivions le fil d'une pensée en formation. Un fil d'Ariane, un souvenir en amenant un autre même s'il ne semble pas y avoir de réel lien chronologique.

Sur le fond maintenant. Que dire? Là aussi j'ai été perturbée. En lisant la 4ème de couverture, je pensais me trouver là face à un roman qui me ferait découvrir la folle vie londonienne à l'époque de la déferlante punk. Et bien pas tant que ça. Cette Histoire contemporaine de Londres est bien présente tout au long du roman, mais seulement en filigrane. Elle n'en est que la toile de fonds. Car ce qui importe ce sont les profonds changements connus par ce personnage narrateur. Sa découverte de la sexualité. Car de sexe il en est vraiment question dans ce texte. Tout y est prétexte. Son attirance pour les hommes, sa sexualisation de l'Angleterre et de la langue anglaise, la sensualité et la sexualité des lettres et des mots. 


Pour conclure (car il faut bien le faire à un moment), je dirais que ce texte est perturbant. Il nous ballade d'un bout à l'autre, sans jamais que l'on sache bien où l'on va, ni même où l'on est. C'est un texte sexuel, brut, prenant.
Je pense que sa lecture va me marquer. Je viens de le terminer, il me faudra donc un peu de temps pour voir ce qu'il va m'en rester. Mais ce n'est, en aucun cas, un texte qui m'a laissé indifférente!
  

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