Les stagiaires, Samantha Bailly,
Milady, 352p.
Premier roman publié aux éditions Milady que j'ai terminé! Et non il ne s'agit pas de romance. Enfin, il y en a un peu, mais ce n'est pas le sujet principal de ce roman.
Paris, aujourd'hui. La société Pyxis, maison d'édition de mangas mais qui réalise aussi des jeux vidéos et de jeux on-line, attire de nombreux jeunes qui rêvent d'y être embauchés. D'après ce que l'on dit, l'ambiance y est cool, jeune, dynamique, créative, c'est un peu comme travailler chez Google. Mais voilà pour Ophélie, Arthur, Hugues, Alix, Enissa et Vincent, un CDI de rêve dans cette boite passe d'abord par un stage de 6 mois.
6 mois a être exploité et sous payé. 6 mois à trimer et se marrer entre stagiaires. 6 mois pendant lesquels, amour, amitié, vie privée et vie professionnelle vont se mêlées et se percuter. Chacun à des rêves, des objectifs et veut à tous prix les atteindre. Certains adopteront la bonne attitude, prêts à intégrer pleinement le monde du travail et de l'entreprise, d'autres sont encore un peu perdus, et ne savent pas exactement ce qu'ils cherchent.
A travers les deux narrateurs, Ophélie (la jeune rennaise montée à Paris pour ce stage) et Arthur (le riche parisien qui sort de sa grande école hors de prix), mais aussi des autres stagiaires, c'est toute une génération que dépeint Samantha Bailly dans son roman.
On s'amuse à suivre les pérégrinations de ces 6 jeunes. Ce n'est pas de la grande littérature, mais franchement? on s'en fiche. J'ai vraiment passé un excellent moment en leur compagnie, dans leurs galères de logement, d'argent, de peines de cœur et de recherche d'identité. Chacun cherche à tracer sa route, sans savoir exactement quel chemin il lui faut prendre. La peur du lendemain, les situations précaires, les stages et les CDD. On est tous passés par là, et ce n'est pas demain la veille que ce système va prendre fin. Mais quand on sort de la fac ou de l'école, qu'on n'a pas encore 25 ans, on est prêt à tout pour décrocher le Saint Graal, un CDI. On n'est pas encore désabusés et dégoutés, on est encore prêt à se faire exploiter, et avec le sourire s'il vous plait!
La scène avec le graphiste en poste, Mika est bien parlante!
"-Bon je vais te donner une petite définition. Stage: période de formation, d'apprentissage ou de perfectionnement en entreprise.
Je le dévisage, interdite face à son rappel. Ca m'étonnerait que Caroline accepte ça comme justification à l'absence d'article dans la boîte mail, demain.
-Tu fais le boulot d'une employée, là, déclare-t-il. (...) Vous êtes payés 400 euros, merde!
-Je sais bien, je sais bien...
-Un conseil: ne commence pas à entrer dans ce cercle infernal. (...)
Tu seras exploitée, jusqu'à l'épuisement, continue-t-il, un citron qu'on presse, qu'on presse, qu'on presse, et quand il n'y a plus de pulpe: poubelle.
-Charmant, murmuré-je.
-Voilà dans quelle société on évolue Il faut se battre, Ophélie! Ne pas accepter qu'on te traite de la sorte! Tu es en stage, pas en poste! Si Pyxis permet que quelqu'un fasse autant d'heures sup, alors ça veut dire qu'il y a un besoin. La boîte n'a qu'à ouvrir des postes avec l'argent des jeux online, si ça marche si bien!" (p67-68).
Ah oui ça doit rappeler des souvenirs à certains d'entre nous. Bon tous les stages ne sont pas comme ça, heureusement. Et puis il y a aussi les CDD après pour exploiter les gens, leur pomper toute leur énergie en leur faisant miroiter un CDI... Enfin...
J'ai trouvé ce roman drôle, mais aussi amer. Un regard juste sur une génération un peu plus paumée que la mienne (qui venait juste avant). Un très bon moment de lecture. Et en plus une jolie couverture de Boulet!
A travers les deux narrateurs, Ophélie (la jeune rennaise montée à Paris pour ce stage) et Arthur (le riche parisien qui sort de sa grande école hors de prix), mais aussi des autres stagiaires, c'est toute une génération que dépeint Samantha Bailly dans son roman.
On s'amuse à suivre les pérégrinations de ces 6 jeunes. Ce n'est pas de la grande littérature, mais franchement? on s'en fiche. J'ai vraiment passé un excellent moment en leur compagnie, dans leurs galères de logement, d'argent, de peines de cœur et de recherche d'identité. Chacun cherche à tracer sa route, sans savoir exactement quel chemin il lui faut prendre. La peur du lendemain, les situations précaires, les stages et les CDD. On est tous passés par là, et ce n'est pas demain la veille que ce système va prendre fin. Mais quand on sort de la fac ou de l'école, qu'on n'a pas encore 25 ans, on est prêt à tout pour décrocher le Saint Graal, un CDI. On n'est pas encore désabusés et dégoutés, on est encore prêt à se faire exploiter, et avec le sourire s'il vous plait!
La scène avec le graphiste en poste, Mika est bien parlante!
"-Bon je vais te donner une petite définition. Stage: période de formation, d'apprentissage ou de perfectionnement en entreprise.
Je le dévisage, interdite face à son rappel. Ca m'étonnerait que Caroline accepte ça comme justification à l'absence d'article dans la boîte mail, demain.
-Tu fais le boulot d'une employée, là, déclare-t-il. (...) Vous êtes payés 400 euros, merde!
-Je sais bien, je sais bien...
-Un conseil: ne commence pas à entrer dans ce cercle infernal. (...)
Tu seras exploitée, jusqu'à l'épuisement, continue-t-il, un citron qu'on presse, qu'on presse, qu'on presse, et quand il n'y a plus de pulpe: poubelle.
-Charmant, murmuré-je.
-Voilà dans quelle société on évolue Il faut se battre, Ophélie! Ne pas accepter qu'on te traite de la sorte! Tu es en stage, pas en poste! Si Pyxis permet que quelqu'un fasse autant d'heures sup, alors ça veut dire qu'il y a un besoin. La boîte n'a qu'à ouvrir des postes avec l'argent des jeux online, si ça marche si bien!" (p67-68).
Ah oui ça doit rappeler des souvenirs à certains d'entre nous. Bon tous les stages ne sont pas comme ça, heureusement. Et puis il y a aussi les CDD après pour exploiter les gens, leur pomper toute leur énergie en leur faisant miroiter un CDI... Enfin...
J'ai trouvé ce roman drôle, mais aussi amer. Un regard juste sur une génération un peu plus paumée que la mienne (qui venait juste avant). Un très bon moment de lecture. Et en plus une jolie couverture de Boulet!
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