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vendredi 6 novembre 2015

La clef sous la porte

La clef sous la porte, Pascale Gautier, 
Editions Joelle Losfeld, 
juin 2015, 192p


Lorsque j'ai demandé ce roman pour la "Masse Critique" de Babelio, je m'attendais à un livre drôle. J'imaginais un regard plein d'humour sur les personnages. Je n'ai pas lu Les Vieilles, qui avait eu un grand succès. Je ne savais donc pas du tout à quoi m'attendre. Et à la lecture des premières pages je me suis dit que mon attente face à ce roman allait-être déçue. J'ai donc mis du temps à y entrer.

Non ce livre n'est pas drôle. Il nous raconte 4 vies. Agnès, quadra solitaire. Elle ne veut pas d'enfant, vit seule et ne tombe amoureuse que d'hommes mariés. C'est plus simple pour ne pas avoir d'homme dans sa vie de tous les jours. Surtout qu'elle a grandit avec 3 frères, qu'elle ne semble pas beaucoup aimer. Et là il lui faut casser sa routine pour se rendre au chevet de sa mère mourante, ce dont elle n'a pas du tout envie.
Ferdinand, un quinqua dont la vie est détestable. Autant au bureau qu'à la maison. Sa femme le trompe, sa fille ado le déteste et le provoque sans cesse, lui qui cherche refuge dans ses livres car il ne supporte pas les conflits. Il apparaît comme un être faible.
Ce qui est le cas aussi d'Auguste, prof quinqua qui n'aime pas son travail, n'est même pas bon dans ce qu'il fait. Célibataire, sans enfant, il vit sous la coupe de ses parents, trop bon trop con.
Et enfin José, retraité de la mairie, célibataire, qui n'aime que la télé, la seule fenêtre qu'il s'autorise sur le monde. Il n'aime pas ses contemporains, n'aime pas le monde dans lequel il vit, ou tout du moins fait semblant de vivre.

Quatre personnages, tous aussi solitaires et à côté de leur vie les uns que les autres. Leurs non-vies se ressemblent tellement. Ils pensent de la même manière sur de nombreux points (comme Agnès, Auguste et Ferdinand qui trouvent que c'est une aberration de faire des enfants dans ce monde pourrit déjà surpeuplé). Seuls au milieu du monde qui tourne sans eux, et pourtant tellement proches par leurs similitudes.
Ils sont tristes et gris, traînent la vie qu'ils n'ont pas choisis comme un boulet à leur pied. Ils semblent tous attendre que ça passe. 
Et pourtant, sur ces deux jours, leur vie va basculer. Chacun à un moment de crise, à une croisée des chemins. Faire comme d'habitude, courber l'échine et attendre que l'orage passe, ou se relever et affronter la vie en la prenant à bras le corps? De quelle manière chacun va-t-il mettre la clef sous la porte?

Pascale Gautier nous offre une vision finalement assez optimiste du monde. Car oui malgré ce vague à l'âme qu'ils semblent tous porter, cette vie qu'ils jugent tous sans intérêt, l'espérance semble plus forte. Tous semblent se débattre pour garder la tête hors de l'eau, toucher le fond pour y prendre appuie. Chacun se débats dans ses relations parents/enfants. Un rôle que l'on ne choisit pas mais que l'on vit tous. Un rôle qui nous va plus ou moins bien. 
Ferdinand déteste son rôle d'époux et de père. Rôle de père qu'il juge avoir totalement raté. Pour lui l'éducation passe par la culture et sa culture à lui ce sont les livres. Sa fille en rejetant sa seule passion le rejette lui et lui montre tout le mépris qu'elle lui porte.
Agnès déteste son rôle de fille et de sœur. Elle a fuit sa famille et son éducation dès qu'elle l'a pu. Prenant un métier que sa famille ne comprends pas, à Paris, loin de tout ce qu'elle a toujours connu. Elle rejette en bloc ce que ses parents attendent d'elle.
Auguste, subit son rôle de fils. Alors que ses frères et sœurs se sont émancipés et ne s'occupent plus de leurs parents vieillissants, Auguste semble incapable de les contredire. Il semble subir la vie que ces derniers ont voulu pour lui, même s'il n'est pas rentrer dans les ordres, comme sa mère l'espérait.
José lui n'a jamais eu le rôle de fils. Élevé par sa grand-mère, il ne se souvient plus de sa mère qui l'a abandonné. Et il a absorbé l'éducation de sa grand-mère avec une foi aveugle l'empêchant de vivre.

Ce sont des destins comme il doit y en avoir tant. Ces gens solitaires, un peu en dehors de la vie. On les juge souvent, en mal. Il n'y a que les gens aigris qui n'ont pas d'enfants et vivent seuls. Et pourtant leur combat, à leur échelle, n'en n'est pas moins un combat âpre, un combat de tous les jours. 

Un roman qui offre à réfléchir sur notre monde et la place que l'on souhaite y prendre. 

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