La fille d'avant de JP Delaney,
traduit par Jean Esch
Edition Fayard/ Mazarine
432p
21,90€
Sorti le 8 mars 2017.
Aujourd'hui je reviens pour vous parler de La fille d'avant. Si vous n'en n'avez pas encore entendu parler, vous n'allez pas pouvoir passer à côté longtemps tant les critiques sont élogieuses sur les blogs et les sites de partages de lectures (comme Livraddict ou Babelio). Des coups de cœurs à foison.
Nous sommes à Londres, où nous suivons deux histoires en parrallèle, alternées dans les chapitres, "Avant: Emma", "Maintenant: Jane". Toutes deux viennent de vivre un drame et ont besoin de déménager pour se reconstruire. Toutes deux, à trois ans d'intervalle, vont porter leur dévolu sur une maison d'architecte totalement minimaliste et bourrée de domotique. Le loyer n'est pas cher et pour cause, il y a une telle liste d'obligations et d'interdits qu'en devenant locataires du One Folgate Street elles ne sont absolument pas maîtresses en leur demeure.
Bon déjà là je me suis dit que ce n'étais pas une demeure pour moi. Déjà autant de domotique et d'ondes dans la maison, il y a de quoi choper un cancer en quelques mois. Mais c'est surtout les interdictions d'avoir des plantes en pot ou des livres qui m'ont perdu. Mais soit, il y a des gens qui pourraient supporter.
Donc les voilà, chacune leur tour qui emménagent dans la maison. Les voilà chacune leur tour qui sont séduites par l'architecte. Les voici l'une après l'autre qui deviennent ses maîtresses et, qui deviennent aussi, des choses sous les caresses de cet homme plein de testostérone et d’intransigeances.
Autant vous le dire tout de suite, la lecture n'est pas mauvaise. Mais alors de là à crier au chef d'oeuvre il y a un gouffre que je ne saurais franchir.
J'ai trouvé ce livre totalement plat, sans surprise. On m'avait promit un thriller psychologique. Bah je suis passée à côté. Je n'y ai vu qu'un livre calibré pour faire des ventes, plein de ventes. Comme si l'auteur (il parait que JP Delaney est le pseudonyme d'un auteur bien connu) avait prit la liste des meilleures ventes de ces dernières années et nous avait offert un produit qui les mixe.
Vous avez donc une écriture à la Gillian Flynn dans Les Apparences (alternance des points de vue à chaque chapitre), une intrigue à la Paula Hawkins dans La fille du train (une maison qui est très présente, une folie qui semble monter chez les héroïnes, distillée par un personnage masculin), et puis alors le must, c'est qu'on a même quelques petites scènes un peu chaudes pour titiller les clitoris gonflés par E.L. James dans Cinquante Nuances (un homme riche, viril et puissant qui dit "Je veux te baiser" et qui te prends même quand tu n'en n'a pas spécialement envie et qui t'impose toutes ses règles pour ses petits jeux érotiques. Mais un homme qui a quand même ses failles et ses blessures parce que sinon ce serait juste un gros con psychopathe. Ah bon il ne s'appelle pas Christian Grey?). Voilà, voilà... Vous passez le tout au mixeur, vous versez votre soupe dans un mug blanc et sans âme et vous avez La Fille d'avant. Tout est fait pour que vous aimiez. Les chapitres sont courts, l'écriture est fluide, il y a beaucoup de dialogues, et le tout se lit avec une grande facilité.
Quand à l'intrigue elle n'est pas dingue, dingue. Dès le début on sait qu'Emma est morte. On se dit rapidement que Jane va finir pareil, puisque les chapitres sont construits pour bien montrer le parallèle entre les deux histoires, avec des passages totalement identiques -au cas où vous n'auriez pas bien compris, l'auteur évite d'être trop subtil-.
On voit donc le piège qui se met en place autour des deux femmes. Assez rapidement en fait.
Je n'ai pas spécialement envie de vous divulgacher la fin, mais il y a un coupable que tout semble pointer, et si vous réfléchissez une seconde vous vous dites "Si ce n'est pas lui... Bon bah ça sera X, puisque c'est le seul autre personnage en commun aux deux histoires." Et voilà. Bim. L'une des deux solutions est la bonne. Donc même pas de surprise finale wahou. Genre, en fait la maison a développé une intelligence artificielle maléfique qui pousse ses occupantes au suicide. Mais on n'est pas dans La maison de chair version 2.0 de Graham Masterton... Dommage.
Ah et si. Un WTF. Comment une maison qui analyse ton pipi tous les jours, pour voir si tu es en bonne santé, n'est même pas capable de voir que tu es enceinte!?!?!? Ça il faudra me l'expliquer.
Pour résumé, je ne dirais pas que ce livre est mauvais mais je dirais juste que l'on est sur un produit littéraire totalement formaté, calibré, fabriqué pour devenir un best-seller. C'est propre, c'est pro, tout est prêt pour l'adaptation au cinéma (parce que oui il y a une adaptation en cours).Rien d'original, rien de transcendant, mais de quoi faire plaisir à tous les lecteurs qui aiment lire pour se détendre. Un véritable "page turner" qui ne casse pas 3 pattes à un canard.
Entièrement d'accord avec ton analyse. J'ai eu la même sensation pour "la fille du train" !
RépondreSupprimerMerci. Parce qu'elles ne sont pas bien nombreuses les critiques mauvaises ou mitigées...
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