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mercredi 28 mai 2014

Ari et la reine de l'orge

Ari et la reine de l'orge,
Pan Bouyoucas,
Les Allusifs,
février 2014, 151p.
12€
 
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de titre aux éditions québécoises des Allusifs. Et puis j'ai vu apparaitre ce nouveau titre dans leur catalogue. Un conte contemporain par l'auteur de Portrait d'un homme avec les cendres de sa femme, pourquoi pas?
 
Ari est l'ainé des deux fils de la reine de l'orge. Elle règne sur son empire d'une main de fer. Si elle n'a que dégout et désintérêt pour son cadet, bègue et discret, son ainé est sa plus grande fierté. Elle a un amour sans limite pour lui. et un avenir tout tracé. Il épousera la fille du roi de la bière, deviendra encore plus puissant et riche qu'elle, accomplira son destin comme elle l'a choisi. Mais voilà que Ari cherche a s'émanciper de son carcan. Il cherche à tous prix à rencontrer la femme de ses rêves, celle a qui il pourra faire un enfant. Mais sa mère, toute puissante, les fait toutes fuir. Jusqu'au jour où il rencontre Moli, qui rêve de devenir actrice et entraine Ari dans ses répétitions nocturnes dans le cimetière. C'est la bonne, celle pour laquelle il est prêt à se battre. Celle pour laquelle il est prêt à tenir tête à sa mère, à la rayer de sa vie s'il le faut.
 
Avec son écriture qui mêle les codes traditionnels des contes de fées, et l'écriture contemporaine, Pan Bouyoucas nous offre un court roman sur l'émancipation. La figure de la mère castratrice y est poussée à l'extrême dans une sorte de folie. Une passion maternelle dévastatrice qui pousse aux situations les plus extrêmes, révélant chez le héros des ombres à sa personnalité qu'il n'aurait jamais imaginé. Dans ses tentatives pour se libérer et se trouver, Ari outrepasse même les codes de l'humanité. Une catharsis puissante qui se lit d'une traite avec un plaisir presque enfantin. Un conte contemporain qui fait réfléchir sur une problématique toute masculine. 


jeudi 22 mai 2014

Une saison à Longbourn

Une saison à Longbourn,
Jo Backer,
Stock, La cosmopolite,
Avril 2014, 396p.
 
 
Longbourn ça vous dit quelque chose? Mais si ce petit cottage dans l'Angleterre du tournant des XVIIIème et XIXème siècle, où vie la famille Bennet.
La majorité d'entre vous voit maintenant de quoi je parle. Pour les autres il faudrait que je vous parle de Lizzy et de Mr Darcy pour que toute la lumière se fasse. Et oui bienvenue dans l'univers d' Orgueil et Préjugés.
Quoi? Encore une réécriture de l'œuvre de Jane Austen? Que peut-on faire après le (décevant) étonnant Orgueil et Préjugés et Zombies (que vous pouvez lire en roman ou en BD au choix)? Il y avait bien eu aussi le drôle et excellent Jane Austen et moi, au cours duquel vous interprétiez Elisabeth Bennet et cherchiez à faire un mariage de raison et d'amour. Et oui un livre dont on est l'héroïne qui était rondement mené!
Donc là on se dit que les nombreuses réécritures, adaptations et autres sont allées tellement loin que désormais on ne peut plus rien faire. Et pourtant Jo Baker nous offre une vision de P&P  qui ravira surement les amatrices de l'œuvre originale.
 
Vous souvenez-vous dans P&P de James, le valet qui porte une lettre à la jeune Jane? De la petite femme de chambre obligée de sortir sous une pluie diluvienne pour que les demoiselles Bennet aient de nouvelles rosettes pour le bal de Netherfield? Non, bien entendu. Ce ne sont que des ombres, des fantômes qui apparaissent parfois dans le récit. Ce qui importe ce sont les sœurs Bennet et les mariages qu'elles vont faire. C'est la manière dont Darcy et Lizzy tombent amoureux à l'étage. Ce qui se passe dans les cuisines, dans la cour ou les écuries importent peu. Et bien voilà Jo Baker qui y remédie.
Dans son roman elle donne corps au petit personnel peu nombreux de Longbourn. Car derrière le rideau aussi il y a une vie. Une vie de labeurs, mais aussi de dévouements, de rêves, d'amours et de secrets.
Jo Baker respecte parfaitement la chronologie de Jane Austen. Elle ne fait que donner vie à ceux qui jouent derrière le rideau. Un repas est servi, il a été préparé. Un courrier arrive de la résidence des Bingley, il a été apporté par un valet qui peut bouleverser le fragile équilibre de Longbourn.
Le texte de Jo Baker se mêle à celui de Jane Austen. On s'éprend des personnages secondaires qui sont ici au cœur du récit.
Elle reprend la construction en 3 parties. Et j'avoue que j'ai un faible pour la 3ème. Outre le fait que les nombreux secrets y sont dévoilés, on  découvre aussi la vie de l'armée anglaise à cette époque, alors en campagne contre Napoléon en Espagne et au Portugal. Loin de la bonne société provinciale de l'Angleterre on y découvre un autre aspect de cette époque. Cela donne une ouverture et un souffle frais au récit.
Et comme Jane Austen, Jo Baker nous offre dans le dernier chapitre l'avenir des protagonistes.
 
J'ai totalement fondu pour ce roman. Moi qui ai du mal à lire en ce moment, j'ai dévoré les 300 pages rapidement et avec beaucoup de plaisirs.
Je me suis attachée aux personnages, tout en sachant très bien ce qui allait arriver aux personnages principaux présents ici uniquement en filigrane.
Un très beau et bon travail. Le texte est documenté et romancé à souhait. Une très bonne lecture qui pourra même se faire sur la plage cet été pour celles qui l'auraient loupé!