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samedi 25 janvier 2014

Une page de l'histoire américaine (2)

Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka,
10/18,


Encore un pan de l'histoire américaine que je ne connaissais pas! Après la découverte de la migration forcée des orphelins de  la côte Ouest à la fin du XIXeme, je découvre ce coup-ci l'histoire de la communauté japonaise aux États-Unis au début du XXeme. Julie Otsuka nous propose de découvrir les histoires de ces japonais qui avaient émigrés dans le Nouveau Monde à la recherche d'une vie meilleure comme tous ces peuples aux XIXeme et début du XXeme siècle.
Dans le premier chapitre nous suivons ces femmes qui ont épousées, par l'intermédiaire de marieuses, des hommes qu'elles ne connaissent pas et qu'elles rejoignent par bateau de l'autre côté de l'océan pacifique. Laissant derrière elles leur famille, leur village,  parfois un enfant, des coutumes et des traditions... 
Arrivées sur cet immense continent aux mœurs totalement différentes c'est pour beaucoup la déception et le désenchantement. Les hommes ne correspondent pas aux photos et aux lettres envoyées. La vie ne va pas être aussi simple et riche qu'elles l'ont imaginé.
Julie Otsuka a choisi de nous parler de toutes ces histoires et pas d'une seule. Elle nous parle de toutes ces femmes, de tous ces hommes, qui avaient placés tous leurs espoirs dans ce continent vaste et où l'on rêvait déjà du rêve américain. Avec une écriture à la construction répétitive, comme un mantra, elle nous expose toutes ces histoires, les mêlant et les entremêlant sans jamais nous laisser un fil à tirer pour isoler un destin. C'est le destin, l'histoire d'un peuple d'une génération, qu'elle partage avec nous. Les individus ne l'intéresse pas, ils sont un bloc identitaire. C'est assez déstabilisant au début, nous avons tellement l'habitude des romans aux personnages bien définis. Et ici elle renverse tous les codes de la littérature traditionnelle pour nous parler d'une multitude de gens. Car au final, quelques soient les chemins empruntés ces japonais ont tous connus le même destin. Avec l'entrée en guerre du Japon contre les États-Unis ils sont devenus des ennemis. Ces gens si discrets, si serviables sont devenus des suspects. Que cachent-ils? Sont-t-ils des agents infiltrés? Ils ne sont pas américains, trop différents, trop communautaires. Alors le gouvernement décidé de protéger ces concitoyens contre ces dangereux ennemis trop silencieux. Parqués dans des camps militaires américains ils seront libérés en 1944-1945. Mais de ça Julie Otsuka ne nous dit rien. Tous ces japonais semblent disparaître, aussi discrètement qu'ils ont vécus parmi les américains, comme ça, en silence. 


Un texte très beau, qui se lit très rapidement. Son rythme nous entraine au fil des pages sans que l'on s'en rende véritablement compte. Magnifique et instructif. 

samedi 18 janvier 2014

Noir c'est noir

Un léger bruit dans le moteur, Munoz et Goet's,
Physalis, 120p.

Bienvenue dans ce petit village perdu au bord de la route qui mène à la grande ville. Ici les gens se connaissent tous, la communauté est vraiment toute petite. L'école se fait dans une roulotte par une institutrice sans âge, il n'y a pour seul commerce qu'une petite épicerie, et la seule famille de noirs est bannie au milieux des champs de maïs par ces villageois tout à fait charmant.
Dans ce village vit un petit garçon. Persuadé d'avoir tué sa mère à sa naissance, il a assassiné son frère quelques années auparavant. Désormais il rêve de liberté, de pouvoir prendre cette route, découvrir la grande ville et le monde qui se trouve au bout. Il rêve de monter dans l'une de ces voitures qui traversent son bled, et ne s'arrêtent que lorsque le conducteur entend "un léger bruit dans le moteur". Mais avant de pouvoir prendre la route de la liberté il doit tuer tous les habitants du village, en faisant passer tous ses meurtres pour des accidents, ce pour quoi il se dit très doué. Le voici donc lancé dans sa quête et sa mission.
 
Cette bande dessinée est une adaptation d'un roman de Jean-Luc Luciani que, je vous avoue, n'avoir jamais lu. Mais si la BD y est fidèle le roman doit être excellent. Le scénario est vraiment bien ficelé, et le personnage de ce petit garçon diabolique nous hypnotise totalement.
 
Tout est moche dans cette BD (bien que les illustrations soient magistrales). Les personnages sont, dans la grande majorité, des personnes moches. Un père incestueux, des gens bêtes qui ferment les yeux sur les crimes du voisin, une prostituée qui ne donne pas envie, une communauté qui se ligue contre une famille parce qu'elle n'a pas la même couleur de peau et qui va jusqu'à commettre l'irréparable sur un enfant.... On se croirait un peu dans le village de Magasin Général mais en moche, en sale, en glauque. Tout y est sombre, la couleur dominante est le brun, les gens y sont tellement stupides. Le regard que le petit garçon porte sur ses voisins et sur sa famille est bien sombre lui aussi.
On pourrait croire que je n'ai pas aimé, loin de là! C'est noir, cynique, on s'englue dans cette BD avec un plaisir sans doute sadique. Tout est parfait! On s'accroche nous même le sac de plomb qui va nous entrainer au fond des marécages qui brodent ce village. Mais attention, si vous aimez les gentils enfants et les bons sentiments, si vous n'avez pas le cœur bien accroché, passez votre chemin, traverser ce village sans vous y arrêter!
 
 

L'amitié plus que tout

Qui es-tu Alaska? John Green,
Gallimard Jeunesse, 416p.
 
Miles Halter a 16 ans. Timide, bon élève, il n'a pas beaucoup d'amis. Il pense qu'il n'a pas vécu. Il décide de partir à la "quête du Grand Peut-être", et s'inscrit dans un internat loin du cocon familial pour tenter l'expérience de la vie. A Culver Creek il fait la rencontre de Takumi, de son camarade de chambre le Colonel, et surtout de la belle et envoutante Alaska. Il en tombe éperdument amoureux. Mais qui est-elle? Que pense-t-elle? Est-elle vraiment l'image que Miles s'en fait?
 
J'avais adoré Nos étoiles contraires, du coup j'avais très envie de lire un autre roman de John Green. Et comme on m'avait conseillé celui-ci... Why not?
Et bien je n'ai pas été déçue.
Les chapitres portent tous en titre une date, un compte à rebours. Mais avant quoi? C'est la question que l'on se pose tout au long de ce décompte. Mais la vie quotidienne dans cet internat nous apte totalement, et l'on tourne les pages sans s'en rendre compte. On suit les journées de cours, les devoirs, les blagues potaches, les bêtises, les amours, les amitiés, les cigarettes fumées en cachette, les bouteilles de vin descendues en douce par ces adolescents qui vivent, tout simplement. Mais pour Miles, appelé le Gros par ses camarades (du fait qu'il soit gaulé comme un sprat), toutes ces choses sont nouvelles. Il découvre enfin la vie. Lui qui se passionne pour les dernières phrases prononcées par les personnages célèbres, se retrouve confronté à des adolescents qui aiment profiter de la vie. Et il est embarqué dans ce tourbillon qui ne peut que le faire grandir.
 
C'est donc un simple roman sur l'adolescence, sur les premières fois, sur les limites, comment on les dépasse. Mais aussi sur l'amitié. Car il se noue une amitié indéfectible entre ces personnages. Le père de Miles qui avait été étudiant à Culver Creek dans sa jeunesse se souvient de ses années d'adolescence. Et au delà du drame qui se joue au jour J, Miles se souviendra lui aussi de cette période qui l'a tant fait évoluer.
Mais c'est un beau et bon roman. Juste, touchant, qui ne peut laisser indifférent.
 
Un roman sur la vie et la mort, sur l'adolescence et le passage à l'âge adulte, sur la fin et sur la manière dont on vit dans ce labyrinthe de souffrances. " (...) on se sert de l'avenir pour échapper au présent."

jeudi 9 janvier 2014

Quand les tares physiques deviennent une marchandise


Belle Epoque, Elizabeth Ross,
R, 432p.
A la fin du XIXème, Maude Pichon quitte sa Bretagne natale pour échapper à l'avenir que lui prévoit son père. Elle refuse de passer sa vie dans l'épicerie familiale et ne veut pas épouser le boucher du village. A 16 ans, elle rêve de plus, de découvrir la vie et surtout Paris. Mais la vie parisienne n'est pas facile quand on ne connait personne et qu'on est une jeune fille sans le sou. Après des débuts en temps que blanchisseuse, elle dégotte finalement un emploi assez étrange. Elle devient un faire-valoir pour les femmes de la Haute Société. Mesdames vous avez de l'argent mais vous n'êtes pas de toute beauté. Brillez en société en vous faisant accompagner d'une moche. Elle fera ressortir l'éclat de votre beauté, si fade soit-elle. Voilà le principe de l'agence Durandeau dans laquelle la jeune Maude se fait embauchée.
Comme toutes les jeunes femmes employée par l'agence elle met son mouchoir sur son amour propre et entre au service de la Comtesse Dubern qui cherche à marier sa fille. Mais la jeune Isabelle Dubern n'est pas comme toutes les jeunes filles bien élevées de sa condition. Et entre Maude et Isabelle la relation marchande devient une relation amicale. Comment Maude va-t-elle pouvoir réaliser les rêves de la Comtesse qui l'embauche tout en aidant son amie à réaliser les siens?
Elizabeth Ross nous propose un roman qu'elle a écrit après la lecture d'une nouvelle d'Emile Zola, "Les repoussoirs". Une nouvelle eu connue d'un auteur français traitée par une auteur américaine.
Au début j'ai eu un peu de mal, peu emballée par l'écriture et le style d'Elizabeth Ross. Pourtant au fil de la lecture j'ai fini par me laisser entrainer dans le Paris effervescent à la veille de l'Exposition Universelle, la construction de la Tour Eiffel, les débuts de la photographie, le Paris des troquets et des petits artistes, la Haute Société des Hôtels particuliers Haussmanniens... L'auteur arrive a bien retranscrire l'ambiance de la ville et de la vie de l'époque. On se laisse prendre par l'histoire de la jeune et crédule Maude qui se bat pour survire au risque de se bruler les ailes dans un milieu qui n'est pas le sien.
En lisant la nouvelle de Zola, on comprend ce qu'a voulu faire Elizabeth Ross, car on a envie d'en savoir plus sur ces filles et ses femmes qui vendent leur disgrâce. Et on comprends rapidement où se trouve la véritable laideur.
Un roman pour adolescentes et jeunes adultes qui permet de passer un bon moment dans le Paris de 1889.


dimanche 5 janvier 2014

Les carnets de Cerise

Les carnets de Cerise, T1, Le Zoo pétrifié,
Joris Chamblain et Aurélie Nevret,
Soleil, coll Métamorphose, 72p.
 
 
Grace à la sortie d'un deuxième volume, je viens de découvrir cette bande dessinée.
Cerise est une petite fille au look un peu Indiana Jones. Son rêve? Devenir plus tard un grand écrivain. Elle aime s'imaginer la vie des gens qu'elle croise. Mais parfois certains dégagent un mystère qu'elle souhaite résoudre. En attendant de devenir adulte et écrivain, elle s'entraine dans ses carnets, et résout des mystères.

Voilà pour une petite présentation de la jeune Cerise, écrivain à ses heures et meneuse d'enquêtes. Pour l'aider dans sa tâche elle peut compter sur ses deux meilleures amies, mais aussi sur sa vieille voisine, , une écrivain célèbre qui lui donne aussi des conseils sur sa future carrière.

Dans le premier opus, Cerise s'interroge sur un vieux monsieur qui vient tous les dimanches dans la forêt avec plein de pots de peinture. Que fait-il? Où se rend-il exactement? Pourquoi de la peinture dans la forêt?
Son enquête va la mener dans un endroit extraordinaire pour une aventure magnifique et pleine de poésie.

Les carnets de Cerise, T2, Le livre d'Hector,
Joris Chamblain et Aurélie Nevret,
Soleil, coll Métamorphose, 72p.
 
Dans le second volume, Cerise s'intéresse à une vieille femme. Pourquoi a-t-elle l'air si triste? Pourquoi prend-elle le bus toutes les semaines à la même heure, avec un livre sous le bras? A qui rend-elle visite? Quel est ce livre qui semble tant lui tenir à cœur?
Un second volume toujours touchant, mais un peu moins surprenant que le premier. Pourtant la magie opère encore une fois. Les dessins sont superbes, l'alternance de bande-dessinée et de carnets personnels de Cerise est fort agréable. On s'attache vraiment aux personnages.
 
Une chouette BD à mettre entre de nombreuses mains dès 8 ans.
 

jeudi 2 janvier 2014

Docteur Sleep

Docteur Sleep, Stephen King
Albin Michel, 612p.
 
Vous vous souvenez de Danny Torrance, ce petit garçon qui voyait des fantômes dans le maléfique hôtel Overlook? Vous aussi vous avez fait des cauchemars suite à la lecture de Shinning, et même au visionnage du film? Vous aussi vous vous êtes demandé comment ce petit garçon totalement traumatisé avait fait pour s'en sortir dans la vie?
Nous retrouvons donc Danny Torrance trente ans plus tard. Comment faire taire ses démons? Pendant plusieurs années Danny s'est perdu, la drogue, l'alcool font diminuer les voix et les visions. On en vient  se demander si son père n'avait pas le Don lui aussi. Don qu'il tentait aussi d'atténué à l'aide de l'alcool qui l'a rendu fou.
Après des années d'errements, Dan fini par s'arrêter dans une petite ville du New Hampshire. Et oui encore le Don qui fait des siennes, et lui fait sentir que cette ville est la bonne pour trouver la paix. Désormais il ne va plus fuir le Don. Bien au contraire. Embauché dans un hospice, il met son Don au service des personnes âgées mourantes pour leur apporter la paix. Mais il semble que non loin de là une jeune fille ait le même don que lui. Et en bien plus puissant.
Danny devient donc à son tour le maître qui va aider sa jeune élève à utiliser , gérer et vivre avec ces pouvoirs parapsychique.  D'autant plus que la jeune Abra s'est mêlée d'une affaire qui ne la regarde pas et se retrouve la proie d'une abominable bande qui voyage en camping car.
Dan doit donc se battre pour sauver Abra et se sauver lui-même.


36 ans après Shining, l'enfant lumière, Stephen King est toujours le maitre. Je n'avais plus lu cet auteur depuis un bon moment, n'étant plus totalement adepte de ses nouveaux romans. Et là le voilà qui revient avec un roman "à l'ancienne". J'y ai retrouvé tout ce que j'aimais dans les romans de Stephen King. Du suspense, du surnaturel tellement mêlé à la réalité qu'on est prit au jeu. Il sait toujours autant nous tenir en haleine. Si vous aimez les œuvres plus anciennes de ce fantastique romancier, je vous conseille de profiter de la lecture de ce nouvel opus pour un moment particulièrement agréable.