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samedi 29 novembre 2014

Le Joyau.

Le Joyau, Amy Ewing
Robert Laffont,R,
septembre 2014, 468p.

Alors autant vous le dire tout de suite, il ne s'agit pas d'un grand roman, mais d'un moment sympathique de lecture. 
Violet Lasting, est née dans une ville divisée en quartiers circulaires. Originaire du Marais (le quartier le plus pauvre en périphérie de la ville), des examens sanguins ont révélés qu'elle avait la mutation génétique permettant de donner naissance à un enfant pour l'une des familles riches de la ville. Enlevée à sa famille, élevée dans un internat pour jeunes filles mères porteuses comme elle, elle est ensuite vendue aux enchères et achetée par la Duchesse du Lac, l'une des femmes les plus puissantes du Joyau (partie centrale de la ville où se trouve aussi le pouvoir royal). 
Dans ce panier de crabes de la haute société, entre trahisons, coups bas, manigances, meurtre, et soirées mondaines, Violet va devoir accepter son sort et survivre. Mais la rencontre avec Ash risque de bouleverser tous ses plans.

Encore une dystopie. Et oui, c'est la mode. Mais bon, comme dans les nombreuses dystopies qui sortent en ce moment Violet n'est pas trop une battante. Certes son pouvoir est bien développé (ah oui j'ai oublié de vous parler des pouvoirs qu'elles apprennent à maîtriser lors de leur apprentissage en internat), mais elle subit plus qu'elle n'agit. Et alors quand elle tombe amoureuse... ouille ouille ouille! Désolé Violet, mais pour moi tu es niaiseuse à souhait.
Mise à part Violet, j'aime bien certains personnages qui l'entoure. Notamment celui de la Duchesse, beaucoup plus complexe qu'il n'y parait au premier abord. Sa meilleure amie, Raven, une battante insoumise est aussi très intéressante, malgré le fait que l'on ne la suive pas beaucoup.

Ce premier tome pose les bases de l'univers et de l'histoire. Les intrigues y sont assez nombreuses, malgré le fait que l'action soit assez molle. Pour le moment ce sont surtout des essayages de toilettes, des repas, des soirées, des escapades dans le jardin.

J'ai eu un sentiment de "déjà vu". Des réminiscences de lecture du Dernier Jardin de Lauren Destefano (dont je n'ai pas parlé ici tellement je l'ai trouvé pourri... Mais passons). Malgré tout j'ai trouvé intéressant le problème des Mères Porteuses. On y retrouve des similitudes avec le sort réservé aux esclaves noirs. Des êtres humains vendus sous un numéro de lot, qui perdent leur nom, leur identité, deviennent des bêtes de foire trimbalés en laisse par leur propriétaire. Des petits animaux d'apparats que l'on garde dans une cage dorée.

J'attends tout de même la suite car je suis frustrée de l'action qui n'arrive qu'à la fin.

Un bon moment de lecture, un roman qui ne demande pas trop d'efforts ni trop d'implication, mais qui joue bien son rôle de lecture distrayante. Il ne restera pas dans les annales pour moi. Reste à voir la suite de cette nouvelle trilogie.

vendredi 28 novembre 2014

Au-delà des Terres Gelées

Au-delà des Terres Gelées, Ronan Le Breton, 
illustrations de François Gomes,
Graine2, A partir de 9 ans, 
juin 2013, 
194p.

J'avais commencé ce roman à sa sortie, puis j'étais passé à un autre sans avoir beaucoup avancé dans ma lecture. Et là, en une soirée c'était avalé. Il m'a suffit de recommencé pour cette fois me plonger entièrement dans les aventures de Benjamin Thénor, et de vivre ce voyage extraordinaire à ses côtés. Comme quoi, parfois, un livre, c'est aussi une question de timing. Merci donc aux éditions Graine2 pour cet envoi sans lequel je serais passé à côté d'un roman très sympathique et surtout très original.

Original d'abord par son histoire. Benjamin part avec son père pendant les vacances de Noël. Ce dernier doit faire un reportage photos en Laponie. La mère de Benjamin ayant disparue, il ne peut faire autrement qu'emmener son fils avec lui. Rares sont les romans qui se déroulent dans cette partie du monde. Et pourtant on y retrouve une terre peuplée d'êtres magiques et de croyances sériques comme en Bretagne ou en Irlande (en Islande aussi, mais comme la Laponie ce n'est pas une région très prisée des auteurs).  Voici donc un roman d'aventure qui permet de découvrir les us et coutumes traditionnelles d'une région assez lointaine. Sous le prétexte des fêtes de Noël, l'auteur nous lance dans une aventure qui mêle magie, croyances populaires et aventure plus traditionnelle. Benjamin se retrouve entraîné par le Joulupukki (le Père Noël). Pour l'aider, le Joulupukki offre à Benjamin un Olkipukki (une figurine de paille tressée et de tissu rouge qui prends des formes variées, mais surtout celle d'un lutin cornu, et prodigue protection à son propriétaire). Et Benjamin va bien avoir besoin de cet Olkipukki pour se sortir des griffes de la terrible Fée du Lac. 
Comme vous le voyez cette aventure permet de se plonger pleinement dans les croyances Lapones et donnent à l'aventure une touche féerique bien agréable.

Mais ce roman est aussi très original dans sa forme.
Il s'agit d'un roman à partir de 9 ans, on ne s'étonnera donc pas des illustrations qui jalonnent le texte.

Toutes en noir et blanc, elles sont vraiment chouettes. J'ai beaucoup aimé la double pages d'animaux croqués au "Zoo" de Ranua. Mais celle Tunturi présentée ici renforce aussi le côté magique de l'histoire.


En plus des illustrations traditionnelles, François Gomes, auteur de bande-dessinée, retrouve ses premiers amours, avec des planches de BD intégrées à l'histoire. Elles ne sont pas là juste pour illustrer une partie du texte, non. Elles font partie intégrantes de l'histoire. 

Elles permettent de modifier la narration, tout en donnant un souffle à la lecture. Vraiment super!

Et, de plus, le roman intègre le genre épistolaire. Une lettre et plusieurs e-mails échangés entre Paris et la Laponie. De quoi faire découvrir un genre rarement abordé dans la littérature jeunesse. 

Ce ne sont que des petites incartades dans un texte à la construction plutôt traditionnelle, mais cela lui donne un cachet. 
Le format, ainsi que la couverture rigide et joliment illustrée, permet au lecture de rentrer immédiatement dans une histoire à l'imaginaire riche, inspirée par un folklore qui m'était tout à fait inconnu.

Une très agréable surprise, une belle lecture, pour une aventure qui en laisse espérer une seconde toute aussi magique... 

samedi 22 novembre 2014

Mon ami Dahmer

Mon ami Dahmer, Derf Backderf
Çà et Là, 
Février 2013, 224p.

Tout d'abord je n'avais jamais rien lu aux éditions Çà et Là. De plus je n'avais aucune idée de qui était Jeffrey Dahmer, surnommé "Le cannibale de Milwaukee". Je remercie donc vivement Suspends ton vol pour m'avoir aiguillée sur ce titre explosif! 

Dans les années 70, Derf Backderf était au lycée avec ce type un peu bizarre Jeff Dahmer. Étrange mais pas méchant. Avec ses copains ils en avaient fait leur sorte de mascotte, imitant ses crises de "damerhismes", pendant lesquelles il reproduit des comportements entre l'autisme et l'épilepsie. 

Quand on est ado, on s'amuse d'un rien. Malgré tout, pas de mélange, jamais ce "fan-club de Dahmer" ne l'invite dans ses sorties, ni ne le voit en dehors des cours. Dahmer reste le bouffon rigolo du bahut.

En 1991, l'auteur, Derf Backderf, reçoit un coup de téléphone de sa femme journaliste. Une bombe qui va faire la une des journaux! Un type vient d'être arrêté, pour avoir tué "un paquet de gens" (17 victimes recensées). "Son appartement était rempli de cadavres!" Et ce mec était dans sa classe! Dès la deuxième tentative, Derf trouve qu'il s'agit de Dahmer. Il passera ensuite 20 ans a enquêter, revenir sur ses souvenirs pour comprendre si oui ou non ils auraient pu prévoir.

Dans cet ouvrage il revient donc sur la dernière année de lycée, juste avant que Dahmer ne bascule et ne devienne un meurtrier. Il repense aux moments passés avec lui, à son comportement au lycée. La vie de Jeff Dahmer en dehors du lycée. Les démons qui devaient le ronger. A partir de documents officiels, de souvenirs, de témoignages... Derf Backderf nous offre le portrait d'un jeune homme perdu et malheureux dans l'Amérique des années 70.

J'ai véritablement adoré ce titre. Le dessin qui vient typiquement de la bédé américaine des années 70-80. La mise en scène inspirée du cinéma. Chaque case semble travaillée dans son cadrage. La première scène en ce sens m'a énormément marqué. Rien que par le début j'ai su que j'aimerai. Ces quelques cases où l'on zoome sur ce jeune homme qui marche, prise en plongée, un pied après l'autre, avant de tomber sur le cadavre d'un chat. Les caricatures sont excellentes. Le noir et blanc est utilisé pour renforcer l'horreur ou le malaise de certaines situations.

Et pourtant on ne tombe jamais dans une curiosité morbide ou malsaine. 
Je n'ai pas été chercher plus loin des infos sur Dahmer. Pourquoi? Sans doute parce que j'aurais eu l'impression de basculer dans cette curiosité, alors que l'auteur reste tout à fait respectueux de son sujet. 
Il ne nous demande pas d'avoir de la compassion pour Dahmer. Non, il nous propose juste de nous présenter cet ado mal dans sa peau, homosexuel refoulé, abandonné par toute sa famille, sans amis, ni personne qui lui porte le moindre intérêt. 
A quel moment lui, ses amis, les profs et autres adultes qui le voyaient, auraient pu prévoir ce qu'il allait devenir? A quel moment aurait-il fallut lui tendre la main pour l'aider juste une fois, et peut-être lui permettre de ne pas devenir un tueur en série?
On ne naît pas mauvais. Comme le dit Dahmer, en épigraphe "Quand j'étais gamin, j'étais comme tout le monde."

Une bédé véritablement coup de poing qui nous renvois à nos propres actions auprès de ceux qui sont différents, qui nous mettent mal à l'aise ou que l'on ne comprends pas si on ne leur parle pas.