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jeudi 18 décembre 2014

La blancheur qu'on croyait éternelle


La blancheur qu'on croyait éternelle, Virginie Carton, 
Stock, mars 2014, 
224p.

Il est sympa ce titre, on dirait la chanson de Souchon! Voilà ce que je me suis dit en voyant le livre. Et puis comme j'aime bien Souchon...
Dans ce roman il est question de Mathilde et de Lucien. Deux êtres décalés, perdus dans l'anonymat de Paris. Tous deux trentenaires et célibataires, ils ne se connaissent pas. Et pourtant ils vivent dans le même immeuble. Mathilde vends des chocolats après des études d'HEC. Lucien est pédiatre et vient d'ouvrir son cabinet. Dès le début on se dit que ces deux âmes solitaires sont faites pour vivre ensembles. Et pourtant, en se croisant lors d'une soirée déguisée de 6 personnes, ils ne se parlent pas. Leur timidité commune les éloigne. 
Au fil des pages on suit ces deux cœurs solitaires, qui rêvent de trouver leur moitié, et pensent qu'ils vont finir vieille fille et vieux garçon.

Bon ok l'histoire n'a rien d'exceptionnel. Deux être décalés avec leur temps et leur société, qui ne se doutent pas que l'amour se trouve sur le pas de leur porte, je vous l'accorde ce n'est pas bien original. 
Et pourtant, ce petit roman de Virginie Carton se lit d'une traite. On l'avale comme un bonbon qu'on laisse fondre sur la langue. Il est frais, doux, revigorant. 
Dedans on nous parle de cinéma (Lucien est fan de Jean-Louis Trintignant et d'Un homme et une femme de Lelouch; tandis que Mathilde se rêve en Romy Schneider, mais pas dans Sissi). On nous parle de théâtre, avec le séjour de Lucien à Avignon. Délicieux moment que ces scènes inspirées par Le monologue Shakespearien de Delerm. Parce que oui, surtout c'est la musique qui est très présente dans ce roman.
Tout au long de la lecture on se rends compte de l'importance donnée à la musique par Virginie Carton. La musique est présente soit sous forme de bande sonore (morceaux dont les personnages se souviennent lors d'une boum ou d'un moment important, morceaux chantés en soirée...), et de manière plus discrète sous forme d'inspiration. 
Parfois juste dans une phrase, comme quand Mathilde parle de sa peur de finir vieille fille, elle qui ne veut pas mettre du vieux pain sur son balcon pour attirer les moineaux, les pigeons. Soit dans une scène complète, comme si elle imaginait ce qui pourrait se passer en plus mais dont on ne parle pas dans la chanson. Lucien boit donc un Pepsi à une terrasse, avant d'aller voir une pièce de Shakespeare au cours de laquelle il se demande comment les cheveux d'une jeune femme sont noués.
Au-delà de la lecture de cette comédie romantique, on finit par se prendre au jeu, comme si nous jouions à Chabadabada. A la fin du roman, Virginie Carton nous liste la bande originale de son roman. On se plait donc à rechercher les passages liés aux chansons que l'on aurait loupé. On rajoute un ou deux titres que l'on a vu glissé dans le texte mais qu'elle ne met pas dans sa liste. 

Pour résumer, La blancheur qu'on croyait éternelle est un roman très frais et positif. Une comédie romantique dans laquelle il est facile de se reconnaître. Un roman qui fait du bien, à l'écriture douce. Certain chapitres en italique, racontés par une voix off, m'ont fait pensé à Amélie Poulain. Un roman d'amour qui parle à de nombreuses générations, à l'atmosphère enchanteresse, dont on ressort avec le sourire. Un petit roman qui met du soleil les jours de pluie, sans être prétentieux. Une très joyeuse lecture détente au coin du feu en ces jours d'hiver, à déguster avec la boite de chocolats reçue en cadeau de Noël.

lundi 8 décembre 2014

3 contes cruels.

3 contes cruels, Perceval Barrier et Matthieu Sylvander,
L'école des Loisirs, 52p
5 à 7 ans.
Dans cet album plein d'humour découvrez les aventures des Poireaux aventureux, qui rêvent de voyage, des Carottes moqueuses qui cherchent à ne pas finir comme les Poireaux. Puis enfin un troisième contes, qui raconte l'amour impossible entre Roméo et Julotte, membres des camps rivaux. Un amour qui tournera à la tragédie potagère.
Finalement un jardin de personnages naïfs qui ne sont pas sans rappeler certains d'entre nous. Des petits contes à la manière de La Fontaine où les animaux sont devenus des légumes. Comme nous?
C'est drôle. Rire de nous, de nos travers, avec un petit fond aigre fait du bien aussi.
Le format entre l'album jeunesse et la BD est très sympa et dynamise la lecture pour les jeunes lecteurs. Les dessins sont hilarants, et vous craquerez forcément pour Roméo et sa mèche rebelle!


samedi 29 novembre 2014

Le Joyau.

Le Joyau, Amy Ewing
Robert Laffont,R,
septembre 2014, 468p.

Alors autant vous le dire tout de suite, il ne s'agit pas d'un grand roman, mais d'un moment sympathique de lecture. 
Violet Lasting, est née dans une ville divisée en quartiers circulaires. Originaire du Marais (le quartier le plus pauvre en périphérie de la ville), des examens sanguins ont révélés qu'elle avait la mutation génétique permettant de donner naissance à un enfant pour l'une des familles riches de la ville. Enlevée à sa famille, élevée dans un internat pour jeunes filles mères porteuses comme elle, elle est ensuite vendue aux enchères et achetée par la Duchesse du Lac, l'une des femmes les plus puissantes du Joyau (partie centrale de la ville où se trouve aussi le pouvoir royal). 
Dans ce panier de crabes de la haute société, entre trahisons, coups bas, manigances, meurtre, et soirées mondaines, Violet va devoir accepter son sort et survivre. Mais la rencontre avec Ash risque de bouleverser tous ses plans.

Encore une dystopie. Et oui, c'est la mode. Mais bon, comme dans les nombreuses dystopies qui sortent en ce moment Violet n'est pas trop une battante. Certes son pouvoir est bien développé (ah oui j'ai oublié de vous parler des pouvoirs qu'elles apprennent à maîtriser lors de leur apprentissage en internat), mais elle subit plus qu'elle n'agit. Et alors quand elle tombe amoureuse... ouille ouille ouille! Désolé Violet, mais pour moi tu es niaiseuse à souhait.
Mise à part Violet, j'aime bien certains personnages qui l'entoure. Notamment celui de la Duchesse, beaucoup plus complexe qu'il n'y parait au premier abord. Sa meilleure amie, Raven, une battante insoumise est aussi très intéressante, malgré le fait que l'on ne la suive pas beaucoup.

Ce premier tome pose les bases de l'univers et de l'histoire. Les intrigues y sont assez nombreuses, malgré le fait que l'action soit assez molle. Pour le moment ce sont surtout des essayages de toilettes, des repas, des soirées, des escapades dans le jardin.

J'ai eu un sentiment de "déjà vu". Des réminiscences de lecture du Dernier Jardin de Lauren Destefano (dont je n'ai pas parlé ici tellement je l'ai trouvé pourri... Mais passons). Malgré tout j'ai trouvé intéressant le problème des Mères Porteuses. On y retrouve des similitudes avec le sort réservé aux esclaves noirs. Des êtres humains vendus sous un numéro de lot, qui perdent leur nom, leur identité, deviennent des bêtes de foire trimbalés en laisse par leur propriétaire. Des petits animaux d'apparats que l'on garde dans une cage dorée.

J'attends tout de même la suite car je suis frustrée de l'action qui n'arrive qu'à la fin.

Un bon moment de lecture, un roman qui ne demande pas trop d'efforts ni trop d'implication, mais qui joue bien son rôle de lecture distrayante. Il ne restera pas dans les annales pour moi. Reste à voir la suite de cette nouvelle trilogie.

vendredi 28 novembre 2014

Au-delà des Terres Gelées

Au-delà des Terres Gelées, Ronan Le Breton, 
illustrations de François Gomes,
Graine2, A partir de 9 ans, 
juin 2013, 
194p.

J'avais commencé ce roman à sa sortie, puis j'étais passé à un autre sans avoir beaucoup avancé dans ma lecture. Et là, en une soirée c'était avalé. Il m'a suffit de recommencé pour cette fois me plonger entièrement dans les aventures de Benjamin Thénor, et de vivre ce voyage extraordinaire à ses côtés. Comme quoi, parfois, un livre, c'est aussi une question de timing. Merci donc aux éditions Graine2 pour cet envoi sans lequel je serais passé à côté d'un roman très sympathique et surtout très original.

Original d'abord par son histoire. Benjamin part avec son père pendant les vacances de Noël. Ce dernier doit faire un reportage photos en Laponie. La mère de Benjamin ayant disparue, il ne peut faire autrement qu'emmener son fils avec lui. Rares sont les romans qui se déroulent dans cette partie du monde. Et pourtant on y retrouve une terre peuplée d'êtres magiques et de croyances sériques comme en Bretagne ou en Irlande (en Islande aussi, mais comme la Laponie ce n'est pas une région très prisée des auteurs).  Voici donc un roman d'aventure qui permet de découvrir les us et coutumes traditionnelles d'une région assez lointaine. Sous le prétexte des fêtes de Noël, l'auteur nous lance dans une aventure qui mêle magie, croyances populaires et aventure plus traditionnelle. Benjamin se retrouve entraîné par le Joulupukki (le Père Noël). Pour l'aider, le Joulupukki offre à Benjamin un Olkipukki (une figurine de paille tressée et de tissu rouge qui prends des formes variées, mais surtout celle d'un lutin cornu, et prodigue protection à son propriétaire). Et Benjamin va bien avoir besoin de cet Olkipukki pour se sortir des griffes de la terrible Fée du Lac. 
Comme vous le voyez cette aventure permet de se plonger pleinement dans les croyances Lapones et donnent à l'aventure une touche féerique bien agréable.

Mais ce roman est aussi très original dans sa forme.
Il s'agit d'un roman à partir de 9 ans, on ne s'étonnera donc pas des illustrations qui jalonnent le texte.

Toutes en noir et blanc, elles sont vraiment chouettes. J'ai beaucoup aimé la double pages d'animaux croqués au "Zoo" de Ranua. Mais celle Tunturi présentée ici renforce aussi le côté magique de l'histoire.


En plus des illustrations traditionnelles, François Gomes, auteur de bande-dessinée, retrouve ses premiers amours, avec des planches de BD intégrées à l'histoire. Elles ne sont pas là juste pour illustrer une partie du texte, non. Elles font partie intégrantes de l'histoire. 

Elles permettent de modifier la narration, tout en donnant un souffle à la lecture. Vraiment super!

Et, de plus, le roman intègre le genre épistolaire. Une lettre et plusieurs e-mails échangés entre Paris et la Laponie. De quoi faire découvrir un genre rarement abordé dans la littérature jeunesse. 

Ce ne sont que des petites incartades dans un texte à la construction plutôt traditionnelle, mais cela lui donne un cachet. 
Le format, ainsi que la couverture rigide et joliment illustrée, permet au lecture de rentrer immédiatement dans une histoire à l'imaginaire riche, inspirée par un folklore qui m'était tout à fait inconnu.

Une très agréable surprise, une belle lecture, pour une aventure qui en laisse espérer une seconde toute aussi magique... 

samedi 22 novembre 2014

Mon ami Dahmer

Mon ami Dahmer, Derf Backderf
Çà et Là, 
Février 2013, 224p.

Tout d'abord je n'avais jamais rien lu aux éditions Çà et Là. De plus je n'avais aucune idée de qui était Jeffrey Dahmer, surnommé "Le cannibale de Milwaukee". Je remercie donc vivement Suspends ton vol pour m'avoir aiguillée sur ce titre explosif! 

Dans les années 70, Derf Backderf était au lycée avec ce type un peu bizarre Jeff Dahmer. Étrange mais pas méchant. Avec ses copains ils en avaient fait leur sorte de mascotte, imitant ses crises de "damerhismes", pendant lesquelles il reproduit des comportements entre l'autisme et l'épilepsie. 

Quand on est ado, on s'amuse d'un rien. Malgré tout, pas de mélange, jamais ce "fan-club de Dahmer" ne l'invite dans ses sorties, ni ne le voit en dehors des cours. Dahmer reste le bouffon rigolo du bahut.

En 1991, l'auteur, Derf Backderf, reçoit un coup de téléphone de sa femme journaliste. Une bombe qui va faire la une des journaux! Un type vient d'être arrêté, pour avoir tué "un paquet de gens" (17 victimes recensées). "Son appartement était rempli de cadavres!" Et ce mec était dans sa classe! Dès la deuxième tentative, Derf trouve qu'il s'agit de Dahmer. Il passera ensuite 20 ans a enquêter, revenir sur ses souvenirs pour comprendre si oui ou non ils auraient pu prévoir.

Dans cet ouvrage il revient donc sur la dernière année de lycée, juste avant que Dahmer ne bascule et ne devienne un meurtrier. Il repense aux moments passés avec lui, à son comportement au lycée. La vie de Jeff Dahmer en dehors du lycée. Les démons qui devaient le ronger. A partir de documents officiels, de souvenirs, de témoignages... Derf Backderf nous offre le portrait d'un jeune homme perdu et malheureux dans l'Amérique des années 70.

J'ai véritablement adoré ce titre. Le dessin qui vient typiquement de la bédé américaine des années 70-80. La mise en scène inspirée du cinéma. Chaque case semble travaillée dans son cadrage. La première scène en ce sens m'a énormément marqué. Rien que par le début j'ai su que j'aimerai. Ces quelques cases où l'on zoome sur ce jeune homme qui marche, prise en plongée, un pied après l'autre, avant de tomber sur le cadavre d'un chat. Les caricatures sont excellentes. Le noir et blanc est utilisé pour renforcer l'horreur ou le malaise de certaines situations.

Et pourtant on ne tombe jamais dans une curiosité morbide ou malsaine. 
Je n'ai pas été chercher plus loin des infos sur Dahmer. Pourquoi? Sans doute parce que j'aurais eu l'impression de basculer dans cette curiosité, alors que l'auteur reste tout à fait respectueux de son sujet. 
Il ne nous demande pas d'avoir de la compassion pour Dahmer. Non, il nous propose juste de nous présenter cet ado mal dans sa peau, homosexuel refoulé, abandonné par toute sa famille, sans amis, ni personne qui lui porte le moindre intérêt. 
A quel moment lui, ses amis, les profs et autres adultes qui le voyaient, auraient pu prévoir ce qu'il allait devenir? A quel moment aurait-il fallut lui tendre la main pour l'aider juste une fois, et peut-être lui permettre de ne pas devenir un tueur en série?
On ne naît pas mauvais. Comme le dit Dahmer, en épigraphe "Quand j'étais gamin, j'étais comme tout le monde."

Une bédé véritablement coup de poing qui nous renvois à nos propres actions auprès de ceux qui sont différents, qui nous mettent mal à l'aise ou que l'on ne comprends pas si on ne leur parle pas.

mercredi 15 octobre 2014

Ceux qui me restent

Ceux qui me restent
Damien Marie et Laurent Bonneau, 
Bambou Eds, Coll. Grand Angle, 
Août 2014, 152p.

A 39 ans, Florent se retrouve déjà veuf. Il doit maintenant s'occuper seul de sa fille, Lilie, 5 ans. Sur le bateau qui les ramènent en France, après les obsèques de sa femme Jenny, Lilie se perd sur le bateau. 
Aujourd'hui, Florent a 70 ans. Placé dans un institut il se bat contre sa mémoire défaillante. Il court toujours après Lilie. Perdue il y a 30 ans sur le bateau, et perdue durant ces 20 dernières années dans une incompréhension mutuelle. Bien que Lilie vienne lui rendre visite toutes les semaines, Florent perdu dans son voyage en Alzheimer ne la reconnait plus. Pourtant il voudrait tant la retrouver avant de mourir. Il erre sur un bateau, perdu dans une mer de souvenirs interrompus. Sans cesse il cherche enfant celle dont il ne se souvient pas adulte. 

La confusion dans laquelle se retrouve cet homme rongé par Alzheimer me semble bien retranscrite dans cette bédé. Le lecteur se retrouve parfois perdu comme Florent. Quelle est la suite de ce souvenir de perte? Que se passe-t-il ensuite? Comme la gomme qui semble effacer doucement le titre, la maladie gomme l'intégralité des souvenirs, le condamnant a revivre en boucle un événement dont la fin ne fut pas tragique. 
La petite Lilie à l'imperméable jaune est devenue une belle jeune femme au pull jaune. 
Les dessins sont vraiment très beaux. Souvent juste esquissés. Un beau travail aussi sur les fondus (je ne sais pas comment on appelle cette technique qui consiste à estomper le crayon comme Laurent Bonneau le fait). Les couleurs participent à la narration.

Une belle histoire, sans pathos, qui laisse un souvenir prégnant de ce "Voyage en Alzheimer". 

mardi 14 octobre 2014

Les vieux fourneaux, 1.

Les vieux fourneaux, tome 1
Ceux qui restent
Wilfrid Lupano et Paul Cauuet,
Dargaud,
Avril 2014, 56p.

Bon alors autant vous prévenir tout de suite, la lecture de cette bédé a été pour moi une grande marade!
Pierrot, Mimile et Antoine sont amis d'enfance. Réunis pour les obsèques de Lucette, la femme d'Antoine, ils commencent par se remémorer les souvenirs de jeunesse. De quoi se raccrocher un peu plus à la terre ferme, et freiner des quatre fers pour ne pas glisser les deux pieds dans la tombe. Sur fonds de lutte des classes, d'usine pharmaceutique, de rêves et de souvenirs, les voilà finalement lancés dans un road-movie vers la Toscane. Car il n'y a pas d'âge pour commettre un crime passionnel!

Un grand coup de cœur pour cette bédé!
Les illustrations sont vraiment sympas, elles m'ont fait penser aux Triplettes de Belleville. Les détails sont nombreux et utiles. Les couleurs sont vivantes.

Les personnages sont truculents! Ce trio de septuagénaires est tout à fait drôle et attachant. Pierrot et Mimile partent à la poursuite d'Antoine accompagnés de Sophie, sa petite fille, enceinte jusqu'au yeux. Un choc des générations qui n'est pas sans créer du comique. Et puis c'est que Sophie elle a de qui tenir, pas la langue dans sa poche. Une jeune fille battante de son temps, le portrait craché de sa grand-mère, Lucette. 
L'histoire nous enlève sur les chapeaux de roues. Et on suit à toute berzingue l'aventure de ces trois papis. La vieillesse c'est le meilleur moyen de ne pas mourir, alors ils en profitent! Ce n'est pas parce qu'on est vieux qu'on doit être croulants. 
Une petite préférence pour le personnage de Pierrot, qui en bon chef de bande d'anars aveugles (Ni Yeux Ni Maîtres), aime à faire chier le monde. Parce que c'est bien connu, quand on est vieux, que reste-t-il sinon d'emmerder le monde le plus longtemps possible?

Des dialogues hilarants, des dessins qui m'ont plus, une histoire prenante. J'ai craqué! 
Le tome 2 sort le 24 octobre. N'hésitez pas, prenez les deux d'un coup!

lundi 13 octobre 2014

Le Manoir, tome 3.

Le Manoir, III
Alisande et le Cercle de feu
Evelyne Brisou-Pellen, Bayard jeunesse,
avril 2014, 418p.

Après le deuxième volet de la saga du Manoir, je m'étais dis que j'allais sans doute arrêter là ma lecture. Et puis on m'a offert le tome 3 et je n'ai pas pu résister. Une fois que le livre était là, sur ma table basse, il m'étais trop difficile de l'ignorer. Je me suis laissée embarquer!

Dans ce troisième tome, deux nouveaux arrivants se présentent au Manoir. L'un à pieds, étonnement, et l'autre en barque, encore plus étonnant. Il y a quelque chose de louche là dedans. Et si l'un d'eux était un gris? Serait-ce la belle et torturée Alisande, dont on ne sait de quelle époque elle vient? Ou le sympathique et souriant Désiré, qui s'adapte si facilement à tous les occupants du Manoir? 
En menant l'enquête, Liam rentre au Manoir accompagné de Nathan, un musicien rock. Et ce dernier va tout faire pour aider Liam et Cléa a découvrir la vérité.

Dans ce troisième opus, Evelyne Brisou-Pellen nous ballade. Du Moyen-Age et les Cathares, à la Première Guerre Mondiale et au Barbe-Bleu de Gambais. On en découvre aussi plus sur ce mystérieux personnage, arrivé dans le tome 2, mais qui ne se mêle pas aux habitants du Manoir.

Parce que je n'ai pas trop envie de spoiler ce tome, je n'en dirai pas plus.
Sachez juste que j'ai aimé me faire balader de la sorte, et suivre ces multiples histoires en parallèle. Il en reste encore tellement à découvrir!

L'aventure n'est pas finie pour les habitants du Manoir.

Et pour revenir sur les deux premiers:

Retour.

Ouh la, cela fait longtemps que je n'ai pas fait de billet!
Il faut dire qu'entre le déménagement, les travaux, la fin des traitements médicaux, etc..., je n'ai eu ni beaucoup de temps, ni beaucoup de motivation pour écrire.
Mais j'ai continué de lire. Ah oui, je ne me suis pas arrêtée tout de même. 
Il va donc falloir me mettre à jour sur mes lectures, vous proposer des critiques sur tout ce que j'ai pu dévorer ou non durant ces derniers mois.
Pas mal de BD (et oui d'un coup, comme ça, j'ai eu l'envie de lire de la BD), et surtout du roman jeunesse. Des histoires qui m'ont fait rêver ou des livres que j'ai traîné longtemps comme un boulet à ma cheville. Encore des choses à partager en fait!

jeudi 11 septembre 2014

L’île du point Némo

L'île du Point Némo, 
Jean-Marie Blas de Roblès, 
Zulma, 21/08/2014
464p.

Attention chef d'oeuvre!

En cette rentrée littéraire, comme tous les ans, un foisonnement de nouveaux romans sur les tables de vos libraires. De quoi avoir la tête qui tourne, et le portefeuille qui pleure. 
Je vous avais signalé le Price chez Monsieur Toussaint Louverture comme une valeur sûre, en voici une seconde. 

C'est un roman total que nous offre Bras de Roblès. Deux histoires se mêlent et s'entremêlent. Celle de Canterel, un dandy drogué, et de son ami John Shylock Holmes, descendant du célèbre détective, expert en art alcoolique partent à la poursuite d'un diamant volé dans le coffre de Lady MacRae, ex compagne de Canterel. Dans leur quête ils sont aidés et accompagnés par toute une galerie de personnages pas si secondaires que ça. Cette course poursuite les mènent sur les traces d'un assassin, l'Enjambeur Nô, et des pieds chaussés de baskets Anakès (du même nom que le diamant disparu). Par leur enquête ils traversent l'Europe, la Russie, la Chine et l'Australie avant de voguer sur les mers à la recherche du Point Némo.
En parallèle, c'est la vie des employés d'une usine de livres électroniques dans le Périgord. Ancienne fabrique de cigares revendue à un chinois colombophile et pervers sexuel, elle abrite elle aussi des personnages pas si secondaires que l'on pourrait le croire. Arnaud Méneste et sa belle Dulcie tombée dans un comas sans fin, Charlotte et son amoureux geek Fabrice, Chonchon et Marthe les voisins de pallier, Carmen et Dieumerci et leurs problèmes sexuels... Chacun des personnages a une histoire, une existence. Et la pelote de fils se dénoue progressivement pour nous permettre de voir les ramifications entre tous.Il est difficile de parler de l'histoire sans trop en dévoiler. Blas de Roblès nous y ballade pourtant,par le bout du nez, avec un rythme d'enfer pour notre plus grand plaisir.

Autre point remarquable dans ce roman, les genres. Dans ce roman l'auteur touche à tous les styles. L'enquête policière se mêle à un roman d'aventure, il y incorpore des passages érudits, des passages historiques, du comique, parfois on pourrait y voir du pastiche, mais aussi une vision sociale et écologique de notre monde. C'est aussi en ça que ce roman est total. Blas de Roblès semble être un lecteur qui aime divers styles littéraires, qu'il a digéré pour nous les offrir à sa sauce dans un plat que l'on déguste avec délectation. On y voit les références à Jules Verne et à Conan Doyle de manière bien visible, mais on peut repérer d'autres auteurs dans sa prose. J'y ai trouvé un goût de John Kennedy Toole et d'Eugène Sue. Peut-être est-ce un erreur de ma part, mais dans ce roman à tiroirs secrets, à diverses couches de lectures, je suis certaine qu'il y a encore des choses qui m'ont échappées. Et puis avec tout cet amour de la littérature et de la lecture qu'il nous fait partager, comment ne pas aimer?

C'est délirant, totalement fou, scientifique, historique, haletant, je n'avais jamais rien lu de tel. C'est pourquoi si vous ne deviez en choisir qu'un, je vous conseille celui-ci!




mardi 9 septembre 2014

Rush, Contrat #1

Rush, Contrat #1
Dette de sang, 
Phillip Gwynne, 
Casterman, 304p
Mars 2014, 15€.
A partir de 13 ans.

Bienvenue en Australie, et plus précisément dans les beaux quartiers de Gold Coast. Dom a aujourd'hui 15 ans. Il ne se doute pas du cadeau empoisonné dont il va bénéficier! Si il vit dans l'opulence et la richesse de ses parents, il est loin de se douter que son aïeul, Dominic Silvagni a contracté une dette auprès de la Ndrangheta, la mafia locale de la Calabre dont ils sont originaires. Pour payer cette dette, tous les descendants, aînés, mâles, doivent remplir 6 contrats exigés par la mafia à partir du jour de leurs 15 ans. Pour cela ils ne doivent parler à personne des contrats, ne bénéficier d'aucune aide extérieure. Dom se retrouve donc en charge de son premier contrat. Et s'il ne rempli pas la mission qui lui a été confié dans le mois à venir, "Le créancier pourra prélever une livre de chair sur son débiteur."

Et voilà Dom qui pensait passer une journée normale, juste un peu meilleure que d'habitude (bah oui c'est tout de même le jour de son anniversaire), embarqué dans une aventure tel un agent secret. Les gadgets, la couverture gouvernementale, les fonds quasi-illimités en moins. 
Son premier contrat est finalement moins difficile qu'il se l'imaginait, personne à abattre. Mais tout de même, capturer le Zolt? Ce dernier est un adolescent, un peu Robin des Bois des temps modernes, un peu Colton Harris-Moore. Il vole des avions au nez et à la barbe de la police, se moque ouvertement des forces de l'ordre, squatte les maisons des riches en bord de mer. Il semble s'amuser et n'avoir pas vraiment de message à délivrer. Et pourtant il soulève une véritable ferveur populaire. Alors comment attraper celui qui échappe sans cesse à la police et même à un mercenaire chasseur de primes?

Voici un premier volume haletant. On suit Dom sans jamais vouloir lâcher le livre. Une fois terminé, une seule envie, se plonger dans la suite (il faut que je me la procure!!). Les lecteurs qui ont dévorés les aventures de James dans  Cherub, ou celles de l'équipe des Effacés y trouveront surement leur compte. Le fait que Dom n'ai recourt à aucune technologie de pointe hors de portée, qu'il ne puisse s'appuyer sur aucune organisation gouvernementale secrète, permet de s'identifier facilement à ce jeune adolescent presque comme tous les autres. On se prends à rêver d'avoir les contrats à remplir à sa place. On le soutien pour qu'il ne perde aucune livre de son corps, et garde son intégrité physique, tout en préservant son intégrité morale Car si le premier contrat ne lui demandait rien de bien méchant, rien n'allant contre la loi ni ses convictions profondes, qu'en sera-t-il des prochains contrats? A quel moment sera-t-il prêt à perdre une jambe ou un bras pour refuser un contrat, comme son grand-père l'a fait avant lui? Qu'est-ce qui pourrait être de trop, de l'autre côté de la ligne pour lui? Pourrait-il vivre en ayant tout accompli, même le pire?

Un roman pleins de rebondissements, vraiment bien ficelé. Pas de temps morts, un style très fluide, des chapitres assez courts qui ajoutent au rythme soutenus. Un vrai roman page turner avec les codes de la série télé. Ne vous fiez pas à la couverture.

dimanche 27 juillet 2014

Le secret de la cigogne

Le secret de la Cigogne, 
Pourquoi, quand, comment naît un enfant?
Hemma, 1989.

Arrive toujours le jour tant redouté par les parents, La question "Comment on fait les bébés?". Ce documentaire, plus tout frais, et malheureusement plus édité, explique parfaitement bien toute la reproduction humaine. 
De la puberté, à l'ADN en passant par l'évolution jusqu'à l'accouchement, ce documentaire entièrement illustré explique aux enfants la chose dans ses moindres détails. Si à 7 ans on ne comprends pas tout, on peut toujours le ressortir plus tard pour mieux appréhender les différents sujets traités ici. Car faire un bébé c'est un peu plus long à expliquer que les cigognes, les choux, les roses et les abeilles. Et puis comme on ne prends pas les enfants pour des idiots, voici de quoi aider les parents un peu perdus à tout leur expliquer. 
Les dessins sont un peu défraîchis, mais leur côté très enfantin et très coloré permet d'attirer les enfants. De quoi les intéresser à la science facilement.
Petit plus, à la fin de l'ouvrage on fait sortir soi même le bébé du ventre de la maman, et en plus on a les pointillés pour couper le cordon ombilical! 

Si vous l'avez dans un carton au grenier, ou si vous tombez dessus lors d'une brocante, surtout n'hésitez pas! 

dimanche 20 juillet 2014

Oui-Oui chauffeur de taxi

Oui-Oui chauffeur de taxi, Enid Blyton
Hachette, Bibliothèque Rose
96p, 5€

Si aujourd'hui Oui-Oui est un personnage connu et appréciés surtout par les touts-petits, à mon époque il faisait uniquement partie du paysage des premières lectures.
Il s'agit là de ma première fierté littéraire! Et oui, premier roman lu en entier, sans l'aide de personne! 

Tout premier livre de la série des Oui-Oui, dans cette aventure, il obtient sa fameuse voiture rouge et jaune. Le petit bonhomme de bois, tout heureux, souhaite partager sa magnifique automobile avec tous les habitants de Miniville. Il décide donc de devenir chauffeur de taxi. Malheureusement n'est pas Sébastien Loeb qui veut! Et voilà notre ami, qui ne conduit pas très bien, embarqué dans des courses folles, pleines de rebondissements et de dangers, mais heureusement jamais catastrophiques! Heureusement que son ami, le nain Potiron, est là pour le sortir du pétrin...

Quelle fierté d'avoir lu ce roman en entier quand on a 6-7 ans! Venir à bout tout seul de près de 100 pages (même s'il y a des dessins)! 
Si je ne me souviens pas en détail de l'histoire ni de l'écriture, ce roman n'en reste pas moins pour moi ma petite madeleine de Proust. Le premier roman qui m'a fait découvrir les joies de la lecture. Qu'il est plaisant de perdre son temps avec un livre! 
Un premier roman qui m'a lancé dans l'univers des livres avec joie. Dommage qu'aujourd'hui les enfants de plus de 4 ans s'en détournent. Je l'avais pourtant trouvé bien sympathique même à 6 ans.

samedi 19 juillet 2014

Eleanor & Park

Eleanor & Park, 
Rainbow Rowell, 
Pocket Jeunesse, 
juin 2014, 384p.

Encore un roman d'amour?? Bah oui, l'amour c'est ce qui fait tourner le monde non?

1986. Sur fond de musiques punk et new-wave, Eleanor rencontre Park. Elle est trop ronde, trop rousse, trop pauvre et trop bizarre. Lui est trop asiatique, solitaire, et juste assez respecté pour ne pas subir les attaques des populaires du lycée. A sa montée dans le bus Eleanor est perdue, proie facile pour les railleries. Sans réfléchir Park lui propose de s'asseoir à côté de lui. 30 cm de banquette vide qu'ils vont progressivement combler à l'aide de comics et de cassettes audio. 30 cm qui vont disparaître au profit d'un amour intense et fusionnel. Parce que quand on a 16 ans le grand amour est toujours possible. 

Mais bon attention tout n'est pas si facile que ça! Eleanor ne vit pas dans un foyer idyllique. Le monde pour elle est plutôt dangereux. Entre son beau-père violent et alcoolique, une maison minuscule où on ne mange pas toujours à sa faim, une mère dépassée, une chambre partagée avec 3 petits frères et 1 petite sœur, et les brimades au lycée, Park devient rapidement sa bulle de bien être, son oasis. Elle voudrait bien laisser ses problèmes derrière elle quand elle est avec lui. Malheureusement, même à 16 ans, il est difficile de se défaire de ses boulets. Surtout quand on ne veut pas en parler, quand on veut régler ses problèmes seule.

Voici donc un roman touchant et juste, qui ne parle pas uniquement d'un amour adolescent simple. J'ai trouvé que le traitement était intelligent. Eleanor semble se jeter à corps perdu dans cet amour qu'elle trouve trop beau pour être vrai, mais toujours en restant sur la défensive. Un amour rythmé par les chansons des Smiths ou de Joy Division, qui fait revivre les années 80 avec brio. Un cri qui résonne, une envie de vivre et d'être soi, une volonté farouche de s'en sortir. Malgré les souffrances, on rit beaucoup dans ce roman. Pas de pathos ni de larmes, et une fin touchante pour un roman que l'on dévore.

jeudi 17 juillet 2014

Divergente, T3 Allégeance,

Divergente Tome 3, Allégeance,
Veronica Roth,
Nathan,
Mai 2014, 464p.
Fin 2011 je craquais sur une nouvelle dystopie publiée chez Nathan Jeunesse. Une héroïne pas trop girly, qui aime la baston, dans une société policée où elle risque sa vie. J'y retrouvais des accents des sagas Uglies ou Hunger Games. Du bon quoi.
Un an plus tard sortait le tome 2, que je trouvais décevant... Trop brouillon, mou, la magie n'y était plus.
Et voici enfin le troisième et dernier tome.... Attention! Une fin en apothéose ou en soufflé alors.... Roulement de tambours...
Passez votre chemin!
Je suis navrée d'avoir lancé autant de lecteurs sur une série si prometteuse, qui n'est finalement qu'un échec. Non pas que c'est totalement nul. Il ne faut pas dire ça non plus. Mais franchement, 300 pages de blabla qui servent de remplissage. Une torture. On attend que l'action avance, et tout se met en place lentement. Les états d'âmes de Tris et Tobias, qui s'alternent et cherchent à donner un côté dramatique n'en finissent pas. J'ai bien cru que je n'arriverai jamais au bout. Et ça aurait été dommage car les 100-160 dernières pages valent le coup. 
Finalement si on ne prends que ces dernières pages, la série se finit intelligemment. Mais pourquoi avoir trainé en longueur avant? J'en viens à me demander si l'éditeur de la jeune Veronica Roth ne lui a pas imposé la formule de la trilogie. Savoir que Machin met son stylo rouge dans sa bouche avant de sortir de la pièce alors qu'il n'a aucun impact sur la trame narrative... Non je m'en fiche. Trop de détails d'une lourdeur sans fin.
Alors je ne vais pas, moi même en faire des tonnes.
Si vous avez aimé le début de la saga, lisez la fin ça suffira...

dimanche 13 juillet 2014

Attention nouveauté!

Wahou un livre à gagner!


Night School, tome 4, Résistance, de C.J. Daugherty.

Comment faire pour le gagner? Rien de plus simple!
Il suffit de laisser un commentaire sur l'une de mes critiques d'un livre de la collection R. Vous avez jusqu'au 31 juillet pour tenter de gagner le nouveau tome de la série de Daugherty! 

Alors à vos claviers!

Price

Price, Steve Tesich
Monsieur Toussaint Louverture, 
544p, sortie prévue le 21 août 2014.

C'est bientôt la rentrée littéraire. Cette année 607 romans sont prévus pour cette nouvelle folie éditoriale. 607 fictions qui sortiront entre août et octobre! Voici le premier que j'ai pu lire (encore un grand merci aux éditions Monsieur Toussaint Louverture), qui me fait dire que si toute la rentrée littéraire est à la hauteur de ce roman, cette année ça va être une saison délicieuse!

East Chicago, 1961. Dans cette ville industrielle au paysage marqué par les cheminées des raffineries, Daniel B. Price a 18 ans. Fin du lycée, fin d'une époque, début de l'été. Il erre dans les rues de sa ville, avec ses deux amis, Freud et Misiora, tout aussi paumés que lui. Il fuit la maison où son père, petit homme aux beaux cheveux règne par son silence et sa tristesse. Sa mère, est une grande et belle Monténégrine, pétrie de croyances, à laquelle Daniel ressemble beaucoup physiquement. 
Au début de cet été, alors que Daniel ne sait quoi faire de sa vie, redoutant le moment où il devra prendre un boulot dans une usine, comme son père, Daniel rencontre Rachel. Emporté par son premier amour, passionné et douloureux, il découvre durement le passage à l'âge adulte.
De plus cet été est aussi celui de la fin d'une amitié, et de la déchéance de cette figure patriarcale agonisante. Daniel redoute de l'avenir, du Destin qui le pousse à marcher sur les pas de ce père tant haït. 
Dernier été d'adolescence, dévastateur, orageux, et entrée brutale dans le monde des adultes, ce roman de Steve Tesich est un bijou.

J'avais très envie de lire Karoo a sa sortie (roman publié par Monsieur Toussaint Louverture en 2012, et qui est encore sur ma pile à lire). Et finalement je commence par découvrir cet auteur par le truchement de ce roman sur l'adolescence, décrit comme "fondateur" par l'éditeur. 
Et franchement, je ne regrette pas. 
Daniel est un personnage pour le moins très agaçant. Il imagine, sans cesse. Imagine ce que les autres pensent, prête des sens cachés à leurs actions. Il semble traverser le monde en modelant les êtres qui l'entourent sans chercher vraiment à les comprendre. Et quand les gens n'agissent pas comme il l'espérait, il est déçu, impatient, s'énerve. Il a du mal à imaginer les autres comme des êtres à part entière, et en fait plutôt le reflet de ses propres peurs. Cela le fait parfois oscillé dangereusement sur la frontière de la folie.
Et pourtant Daniel est attachant. Dans son combat vain pour être aimé, et ne pas comprendre l'amour des autres, ou leur besoin d'être aimés aussi. Face à Rachel, passionnée de la Grèce et des ruines, cette jeune fille destructrice dont il est tombé amoureux, on a envie de le voir se rebeller. 
Il est dur de parler de ce roman sans trop en dire. Je voudrais vous laisser la surprise. 

Malgré le fait que Daniel ne soit que peu à l'écoute des autres, Steve Tesich a rendu tous les personnages secondaires de ce roman entiers et profonds. Et par un habile jeu littéraire à la fin du roman, il leur donne encore plus de consistance. On regrette donc de quitter cette galerie de personnages, tous plus touchants les uns que les autres. 

"Premier roman maîtrisé et fondateur, Price, par ses tensions et ses renoncements, vibre d’une incroyable puissance dramatique et décrit avec honnêteté la lutte intérieure d’un jeune homme pour assumer sa liberté par-delà le désespoir."
(Monsieur Toussaint Louverture)
Qu'y-a-t-il à ajouter? 

dimanche 6 juillet 2014

Bouche d'ombre, Lou 1985

Bouche d'Ombre, Lou 1985
Carole Martinez et Maud Begon
Casterman,
Mai 2014, 72p.
 
 
Carole Martinez, que j'avais totalement adoré en littérature, avec Du domaine des murmures, qui s'essaie à la BD? Comme si je pouvais passer à côté! Bien entendu que j'ai envie de voir ça!
 
 
L'histoire commence au Moyen-Age. A l'aide d'un foulard rouge et d'un morceau de Téléphone le décor change. Bienvenue en 1985. Lou est une lycéenne comme les autres. Les problèmes des ados, les amitiés, les soirées, les amours, le bac. Pourtant au cours d'une séance de spiritisme le destin de ce groupe d'amis va basculer. Quand on ne prends pas les choses aux sérieux, elles peuvent parfois déraper.
En parallèle de cette histoire touchante, Lou est confronté à des phénomènes intrigants. Quand le réel et l'imaginaire semblent se mêler, de plus en plus, au point que la distinction ne semble plus possible. Entre rites vaudous, fantômes et visions, Maud Begon, par ses dessins nous transporte dans un univers aux frontières du réel.
Les textes de Carole Martinez sont superbes et touchants.
Un premier opus, pour une tétralogie prometteuse. J'ai été emmenée facilement dans cet univers. Je me suis laissé guider, et j'attends désormais avec impatience la suite de cette histoire troublante et étonnante.

mardi 1 juillet 2014

Emile est invisible

Emile est invisible,
Vincent Cuvellier et Ronan Badel,
Gallimard Jeunesse, Giboulées,
Avril 2012,28p
A partir de 3 ans.
 
Aujourd'hui maman a préparé des endives au jambon. Et Emile déteste ça. Il ne veut pas en manger. Comment y échapper? C'est facile. Aujourd'hui Emile est invisible! C'est décidé. Personne ne peut plus le voir. Pourtant maman arrive toujours à le repérer. Qu'est-ce qui le trahit? Mais oui! Bon sang mais c'est bien sûr! Ses vêtements. Emile tout nu, c'est certain il est vraiment invisible. Et heureusement car sa copine Julie qui vient lui rendre visite aurait pu voir son zizi!
 
 
Vincent Cuvellier et Ronan Badel travaillent ensembles sur la collection Emile, un petit garçon qui veut toujours plein de choses. Des albums drôles et décalés, aux illustrations aussi amusantes que les textes. Ici on y parle des jeux d'enfants, et de la force de persuasion de leur imaginaire.
Une série qui permet de s'amuser autant que les petits, et même quand on commence à lire tout seul!
 
 


jeudi 26 juin 2014

Rêves de garçons

Rêves de garçons, Laura Kasischke
Le livre de poche, 256p
 
Il y avait un petit moment que je n'avais pas lu un Kasischke. Et pourtant à chaque fois, c'est une lecture pleine de surprises et de plaisirs.
 
Fin des années 70, 3 jeunes filles s'échappent du camps de pom-pom girls où elles passent leurs vacances d'été pour une escapade au lac le plus profond de l'état. Elles sont jeunes, elles sont belles, elles ont l'avenir devant elle. A bord d'une Mustang rouge décapotable elles sont invincibles. Sur la route elle croise une vieille camionnette pleine de rouille. A son bord deux jeunes garçons, des ado "péquenauds" du coin. Kristy la gentille fille, leur sourit. Une rencontre, un sourire et une provocation qui va tourner au cauchemar.
 
 
Ce que j'aime chez Laura Kasischke c'est le fait que d'une situation banale que l'on peut tous rencontrer un jour, elle arrive à tirer une histoire terrifiante et pleine de poésie. C'est beau, poétique, plein de sensations. On entends le chant ininterrompu des cigales, on sent la chaleur de cet été. Et puis on palpe l'angoisse des jeunes filles. Une angoisse lente, insidieuse qui monte progressivement jusqu'à la révélation finale. Et là toute l'horreur de l'humanité est dépeinte avec tant de naturel qu'elle semble simple et banale, et pourtant nous retourne.
 
Encore un roman poignant de Laura Kasischke, dans la même lignée que La couronne verte. 

mercredi 11 juin 2014

Le garçon qui aimait deux filles qui ne l'aimaient pas

Le garçon qui aimait deux filles qui ne l'aimaient pas,
Nathalie Kuperman,
L'école des Loisirs, Collection Médium
112p, à partir de 10 ans.
 
 
Rien que par le titre, on se doute que la situation n'est pas simple. Louis aime Mona, depuis toujours, depuis le jardin d'enfant où elle lui a jeté des cubes à la tête. Mona a beau le faire souffrir petit, l'utiliser en grandissant, Louis n'a d'yeux que pour elle. Pourquoi s'évertue-t-on à tomber amoureux de la personne pour qui on est au mieux invisible, au pire le (la) meilleur(e) ami(e)?
Alors quand la belle, rebelle, et populaire Mona ne l'appelle pas comme promis, Louis voit rouge. Il faut désormais qu'il s'applique à l'ignorer lui aussi. Et quand Mona lui présente son petit ami, un grand de 2nde, avec une mèche sur les yeux et un blouson en cuir, Louis décide de devenir un garçon cool, le genre hautain que rien n'atteint qui fait craquer les filles. Et quand Déborah lui annonce qu'il faut faire rompre Mona et son copain, qui est une mauvaise fréquentation, Louis décide de devenir le chevalier blanc sauveur de sa belle. Mais les choses ne vont pas se dérouler comme prévu. Et à 13 ans l'amour est encore un très grand mystère!
 
 
Un petit roman, très court sur l'amour, les débuts de l'adolescence, les difficultés à comprendre son cœur, quand on cherche à se raisonner, mais le cœur à ses raisons que la raison ignore. Louis est un héro très sympathique qui partage avec nous ses interrogations et ses déboires. Il nous entraine dans ses aventures rigolotes. On s'amuse, on se rappelle de cette époque et de cette situation compliquée, quand notre cœur nous dit que deux personnes y ont une place importante.
Sensible, drôle et attachant, que demander de plus?


mardi 10 juin 2014

Desolation Road

Desolation Road,
Jérôme Noirez,
Gulf Stream, collection Courants Noirs
200 p, A partir de 14 ans.
 
 
Depuis plus d'un an, ce roman trônait sur ma pile de livres à lire. Plus d'un an que je me disais qu'il fallait vraiment que je le lise, tant la couverture et la thématique m'attiraient. Et puis voilà, c'est chose faite.
 
 
Nous sommes dans le quartier des femmes de la prison de San Quentin, en Californie, en 1930. Gayle Hudson, journaliste free lance qui travaille sur les faits divers, doit rencontrer June. A 17 ans, elle est La jeune fille dont tout le monde parle actuellement. Elle attends patiemment son exécution. Dans la salle de la prison, face au journaliste elle a décidée de se livrer, de tout raconter. L'amour fou avec David dans un bled paumé du Nevada. Le début d'une fuite vers un avenir meilleur. L'arrivée à Los Angeles où ils espèrent trouver du travail. Mais le Jeudi Noir est passé par là. Elle parle de la descente aux enfers, de la misère, de la fin, de la Grande Dépression qui ravage tout le monde. Puis leur route change. Elle parle des braquages de stations services, des meurtres, de la contrebande d'alcool et du kidnapping de la petite fille. Puis de l'arrestation. David était son homme elle était prête à tout pour vivre son rêve à ses côtés. Lui aussi. Ils étaient jeunes, dans une Amérique dévastée. Ils se sont brûlés les ailes.
 
 
Dans ce roman noir tous les ingrédients sont présents. L'amour pour commencé. L'amour fou, qui fait perdre de la tête, que l'on croit éternel et qui nous fait sentir invincible.
L'Histoire. La période de crise des Etats-Unis au lendemain du krach de 1929. Les gens qui errent pour trouver du travail, qui traversent les Etats-Unis dans l'espoir d'un avenir meilleur. Il s'agit d'un roman pour adolescents, assez court, et ce n'est pas le sujet principal du livre. Mais on y retrouve Les raisins de la colère  de Steinbeck. Comme si le destin de June et David croisait brièvement la route de Joad.
Jérôme Noirez nous offre un roman noir magnifique! Il y a quelque chose du roman De sang froid  de Truman Capote. Jérôme Noirez s'inspire des meilleurs pour offrir aux jeunes lecteurs une histoire neuve, puissante, prenante. On avales les pages sans pouvoir s'arrêter. On espère un destin moins tragique que celui de Bonnie et Clyde même si dès le départ on sait plus ou moins à quoi s'attendre.

On s'attache à ces deux personnages, malgré la froideur et la folie qu'ils peuvent parfois montrer. On peut plaider le fait que la période n'était pas propice à un jeune couple qui cherchait à s'installer, à fonder une famille en partant de rien. Mais June ne semble pas capable de se contenter d'un petit nid pour fonder un foyer. Elle a soif de liberté. Elle est jeune et veut se sentir vivante. Quand à David, vu par les yeux de sa bien-aimée il semble plutôt chercher à lui faire plaisir. Mais qu'en est-il réellement?
 
Un roman parfaitement ficelé, remarquablement bien écrit, qui ouvre la voie à la lecture de grands auteurs classiques par le biais d'un texte plus court et plus facile d'accès pour les jeunes lecteurs. Malgré sa noirceur, il reste tout de même assez soft pour le public visé.
 
Un véritable coup de cœur que je regrette de ne pas avoir lu plus tôt!



dimanche 8 juin 2014

L'île aux 30 cercueils.

L'île aux 30 cercueils, Marc Lizano,
librement adapté du roman de Maurice Leblanc,
Noctambule aux éditions Soleil, 98p.
 
 
Je me suis réinscrite à la bibliothèque, comme si je n'avais pas assez de choses à lire comme ça à la maison... Enfin... Ca me permet aussi de flâner, et de dénicher des titres qui m'avaient totalement échappés. Et si c'est possible. Surtout en BD. Comme par exemple ce titre de Maurice Leblanc, adapté en roman graphique par Marc Lizano.
 
J'aime beaucoup le travail de Marc Lizano, j'aime son trait, même si je le connais surtout pour son travail en jeunesse.
Ici il s'attaque à un roman feuilleton de l'auteur d'Arsène Lupin. Titre qui avait été adapté en feuilleton télé et a, semble-t-il, fortement marqué l'auteur, au point qu'il en fasse cette adaptation.
Je ne vais pas trop vous parler de l'histoire, parce que j'en suis navrée, mais je n'ai pas tout tout compris.
Les dessins sont vraiment canons, avec certains passages que j'ai trouvé bien intéressants graphiquement (quoique parfois pas assez poussés. Je pense notamment à la scène dans la grotte, où Véronique parle à François).
Le principe du roman feuilleton est préservé, avec les chapitres. A chaque fois un petit résumé, un avant-goût de ce qui va se passer, des infos sur l'auteur, le titre, l'actrice... le tout présenté comme d'anciens articles de journaux. C'est très sympa.
Mais alors l'intrigue. Je suis restée pantoise. J'ai eu parfois l'impression de passer du coq à l'âne sans vraiment comprendre le lien entre tel ou tel évènement. Je n'ai pas eu l'impression d'avoir toutes les clés à la fin pour comprendre l'intégralité du récit.
Je ne sais pas si cela est dû à des difficultés d'adaptation ou au texte de départ, n'ayant jamais lu ce titre de Maurice Leblanc. Toujours est-il que la lecture ne coulait pas de source, et que j'ai eu du mal à aller au bout.
Dommage.



jeudi 5 juin 2014

14-14

14-14,
Silène Edgar & Paul Beorn,
Castelmore,
avril 2014, 320p.
 
A partir de 8 ans.
Prix Gulli 2014.
 
Ce qu'il y a de bien lors des rencontres avec des auteurs, c'est que parfois il suscitent l'envie et le désir de lire un roman à côté duquel on aurait pu totalement passer. Après le roman d'Olivier Gay, Le noir est ma couleur, que j'ai lu pour cette raison, voici un roman sorti au mois d'Avril, chez Castelmore autour de la guerre de 14-18.
 
Depuis la fin de l'année dernière de très nombreux ouvrages sortent sur cette période de l'histoire dont nous fêtons actuellement le centenaire. Un travail de mémoire qui s'adresse à toutes les générations. Et parmi la production importante, voici un titre qui m'a particulièrement touché.
 
Adrien a 13 ans, il vit à Laon en Picardie. Il est amoureux de Marion, en a un peu marre de l'école ce qui est un sujet de dispute avec sa mère.
Hadrien a 13 ans, il vit à Corbeny en Picardie. Il est amoureux de Simone avec qui il souhaite se marier. Il adore l'école et voudrait poursuivre ses études au lycée de Laon, ce qui est source de conflits avec son père.
Adrien et Hadrien ne sont pas si différents l'un de l'autre. Pourtant nous sommes dans un roman Castelmore, il faut donc qu'il y ait un peu de magie. Et l'apparition d'une nouvelle boite aux lettres devant la maison de chacun des personnages va tout bouleverser. Les deux garçons vont commencer à s'écrire, suite à une erreur due à ces fameuses boites aux lettres. Eux qui ne se connaissaient pas vont se lier d'amitié, se confier l'un à l'autre et tenter chacun d'aider l'autre avec ses moyens. Mais si Adrien vit en 2014, Hadrien lui vit en 1914, à la veille de la Première Guerre Mondiale. Adrien souhaite tout faire pour sauver son ami qui risque de mourir sous les obus de la Grande Guerre.
 
 
Deux auteurs qui travaillent ensembles. Deux garçons qui s'écrivent et se répondent. Deux périodes de l'Histoire qui se télescopent. Voilà un roman bien original. Par le biais des échanges épistolaires de ces deux garçons on découvre la vie à la campagne juste avant la guerre. Adrien va se passionner pour cette période dans le but de trouver une solution qui lui permettrait de sauver son ami. Il y a, du coup, un réel intérêt pédagogique dans ce roman, au delà de l'histoire prenante et touchante. Car oui on se passionne pour leurs histoires d'amour, d'amitiés, d'école. On les voit évoluer au contact l'un de l'autre. S'affirmer, prendre confiance, et choisir leur voie. Mais un enfant de 2014 peut facilement s'identifier à Adrien et découvrir la Grande Guerre avec le même intérêt que lui.
 
Un très beau roman historique et fantastique qu'on fini par lâcher difficilement.