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jeudi 30 avril 2015

Brainless

Brainless, Jérôme Noirez
Gulf Stream, collection Electrogène Fantastique,
257p, à partir de 13 ans.

Sortie prévue le 21 mai 2015

Brainless, voici le surnom de Jason, adolescent quelconque vivant à Vermillion, une petite ville du Dakota du Sud. Rien ne le prédestinait à sortir du lot. Passionné de films d'horreur, son seul ami est Ryan, un garçon obèse qui ne porte que des survêtements jaunes et rêve de devenir détective privé. Mais pendant l'été avant son entrée au lycée, Jason meurt étouffé par du maïs. Seulement, alors qu'il se trouve à la morgue de l’hôpital, le voilà qui se réveille. Jason est devenu un revivant, un subvivant, mais lui préfère se définir comme zombie. Il est le 433ème cas de SCJH (syndrôme de coma homéostasique). Loin des zombies des films de Romero qu'il affectionne, il se retrouve vivant mais pas tout à fait. Pour ne pas dépérir et pourrir trop vite, il ne doit surtout pas oublier ses injections quotidiennes de formol. Mais son cerveau lui se ramolli de plus en plus. Le surnom de Brainless qu'il se traîne depuis l'enfance, finit par devenir une réalité.
Pourtant quand le directeur du lycée demande à ce que Brainless soit surveillé de près, de peur qu'il ne finisse pas dévorer le cerveau d'un de ses camarades de classe, on commence à se demander si les zombies sont vraiment un des plus grands dangers de l'espèce humaine.

Autant j'avais adoré Desolation Road, autant ce nouveau roman de Jérôme Noirez me laisse plutôt sceptique. 
D'un côté nous suivons donc Brainless et tous les problèmes que cela lui crée au quotidien d'être plus mort que vivant, d'un autre nous suivons la vie de ce petit lycée de province. 
Pour commencer je ne suis pas très fan des zombies qui pensent, qui ressentent, qui tombent amoureux et tout le tralala. Comme Brainless entre dans cette catégorie, ça partait plutôt mal. 
Et puis il y a ce côté très réaliste de la vie lycéenne. Les populaires et ceux qui ne le sont pas, les problèmes de drogues, et surtout le sentiment d'invisibilité. 
Au milieu de tous ces adolescents un peu détraqués (y'en a pas vraiment un pour rattraper l'autre), ce ne sont finalement ceux qui paraissent le plus dangereux qui le sont réellement.
Un petit coup de cœur pour le CS (club des salopes). De véritables garces, il est vrai, mais des filles qui osent enfin être aussi infâmes que certains garçons, et qui le revendique haut et fort. Dans l'Amérique puritaine, ça détonne pas mal. 

Au final je ressors de cette lecture sans grand enthousiasme. Pas mal, mais loin d'égaler ma lecture précédente de Jérôme Noirez. Heureusement qu'il y a un peu de trash pour pimenter un peu tout ça, sinon je me serais carrément ennuyée. 

vendredi 10 avril 2015

Un parfum d'herbe coupée, Nicolas Delesalle

Un parfum d'herbe coupée, Nicolas Delesalle
Préludes, janvier 2015
288p.

Troisième roman reçu dans le cadre du prix Lecteurs-Voyageurs, je n'avais aucun a priori sur ce roman ne connaissant ni l'auteur, ni même l'éditeur. 
Et ce n'est pas sans plaisir que j'ai savouré cette lecture. Et pourtant on ne peut pas dire que l'autofiction soit mon genre de prédilection.

Dans cette autofiction, Nicolas Delesalle nous raconte son enfance. Avec la mort de son grand-père, Nicolas réalise que même au sein de la famille les souvenirs disparaissent. Qui était son grand-père? Et son arrière-grand-père? Alors qu'ils font partie de sa famille, la filiation des souvenirs ne s'est pas faites. On ne sait pratiquement rien de ceux qui nous ont précédés. Des choses importantes, des faits marquants de leur vie, mais leur enfance? leurs rêves? Il décide donc d'écrire une lettre à Anna, sa future arrière-petite-fille qui n'est encore que des atomes éclatés dans l'univers. Il n'a que 40 ans, mais déjà beaucoup de choses dont il souhaiterai qu'on se souvienne quand on pensera à lui. 

Ses souvenirs d'enfance, il nous les raconte par le biais de chapitres comme des instantanés. Une suite de polaroids de l'esprit. Une odeur, une sensation, un souvenir qui émerge dans son quotidien comme autant de madeleines de Proust. 
Il n'y a pas d'ordre chronologique, car il n'y en n'a pas dans les souvenirs. Ils apparaissent à la surface de notre mémoire comme des bulles et s'écoulent entre nos doigts.
Il ne nous parle pas de ses expériences en temps que grand reporter. Les voyages à l'étranger, la guerre, la misère, tout ça ne fait pas partie du bagage qu'il souhaite léguer. Il ne parle que de son enfance et de son adolescence.
Que reste-t-il de l'enfant que nous avons été? Quels sont les souvenirs qui nous restent en mémoire parmi les milliers de tiroirs que nous avons là-haut?
Les fusées avec lesquelles il tentait d'envoyer des sauterelles dans l'espace l'été. Le premier moment de bien être à ne rien faire avec cette odeur d'herbe coupée plein les narines. Des professeurs. Un premier baiser avec la langue. Ses premiers ceps trouvés grâce à Totor. Raspoutine, le chien de la famille, qui partagea son quotidien pendant de si nombreuses années. Les Pépitos en été.

On se laisse porter par son écriture simple et sensible. On se prends à repenser à sa propre enfance, à ses expériences. On se laisse entraîner sur le chemin des souvenirs avec plaisir. C'est un texte facile à lire, dans lequel on se glisse avec plaisir comme sous une couette chaude et douillette. C'est réconfortant et rafraîchissant. 
Un texte qui se laisse lire comme on mangerait un bonbon, et qui donne le sourire. 

"Les adultes font souvent mine de s'étonner du désespoir baroque des adolescents, mais cet étonnement est un leurre, ils n'y croient pas eux-mêmes; au fond, ils savent très bien à quel point c'est compliqué de se relever quand on tombe de son enfance" (p47)