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jeudi 26 juin 2014

Rêves de garçons

Rêves de garçons, Laura Kasischke
Le livre de poche, 256p
 
Il y avait un petit moment que je n'avais pas lu un Kasischke. Et pourtant à chaque fois, c'est une lecture pleine de surprises et de plaisirs.
 
Fin des années 70, 3 jeunes filles s'échappent du camps de pom-pom girls où elles passent leurs vacances d'été pour une escapade au lac le plus profond de l'état. Elles sont jeunes, elles sont belles, elles ont l'avenir devant elle. A bord d'une Mustang rouge décapotable elles sont invincibles. Sur la route elle croise une vieille camionnette pleine de rouille. A son bord deux jeunes garçons, des ado "péquenauds" du coin. Kristy la gentille fille, leur sourit. Une rencontre, un sourire et une provocation qui va tourner au cauchemar.
 
 
Ce que j'aime chez Laura Kasischke c'est le fait que d'une situation banale que l'on peut tous rencontrer un jour, elle arrive à tirer une histoire terrifiante et pleine de poésie. C'est beau, poétique, plein de sensations. On entends le chant ininterrompu des cigales, on sent la chaleur de cet été. Et puis on palpe l'angoisse des jeunes filles. Une angoisse lente, insidieuse qui monte progressivement jusqu'à la révélation finale. Et là toute l'horreur de l'humanité est dépeinte avec tant de naturel qu'elle semble simple et banale, et pourtant nous retourne.
 
Encore un roman poignant de Laura Kasischke, dans la même lignée que La couronne verte. 

mercredi 11 juin 2014

Le garçon qui aimait deux filles qui ne l'aimaient pas

Le garçon qui aimait deux filles qui ne l'aimaient pas,
Nathalie Kuperman,
L'école des Loisirs, Collection Médium
112p, à partir de 10 ans.
 
 
Rien que par le titre, on se doute que la situation n'est pas simple. Louis aime Mona, depuis toujours, depuis le jardin d'enfant où elle lui a jeté des cubes à la tête. Mona a beau le faire souffrir petit, l'utiliser en grandissant, Louis n'a d'yeux que pour elle. Pourquoi s'évertue-t-on à tomber amoureux de la personne pour qui on est au mieux invisible, au pire le (la) meilleur(e) ami(e)?
Alors quand la belle, rebelle, et populaire Mona ne l'appelle pas comme promis, Louis voit rouge. Il faut désormais qu'il s'applique à l'ignorer lui aussi. Et quand Mona lui présente son petit ami, un grand de 2nde, avec une mèche sur les yeux et un blouson en cuir, Louis décide de devenir un garçon cool, le genre hautain que rien n'atteint qui fait craquer les filles. Et quand Déborah lui annonce qu'il faut faire rompre Mona et son copain, qui est une mauvaise fréquentation, Louis décide de devenir le chevalier blanc sauveur de sa belle. Mais les choses ne vont pas se dérouler comme prévu. Et à 13 ans l'amour est encore un très grand mystère!
 
 
Un petit roman, très court sur l'amour, les débuts de l'adolescence, les difficultés à comprendre son cœur, quand on cherche à se raisonner, mais le cœur à ses raisons que la raison ignore. Louis est un héro très sympathique qui partage avec nous ses interrogations et ses déboires. Il nous entraine dans ses aventures rigolotes. On s'amuse, on se rappelle de cette époque et de cette situation compliquée, quand notre cœur nous dit que deux personnes y ont une place importante.
Sensible, drôle et attachant, que demander de plus?


mardi 10 juin 2014

Desolation Road

Desolation Road,
Jérôme Noirez,
Gulf Stream, collection Courants Noirs
200 p, A partir de 14 ans.
 
 
Depuis plus d'un an, ce roman trônait sur ma pile de livres à lire. Plus d'un an que je me disais qu'il fallait vraiment que je le lise, tant la couverture et la thématique m'attiraient. Et puis voilà, c'est chose faite.
 
 
Nous sommes dans le quartier des femmes de la prison de San Quentin, en Californie, en 1930. Gayle Hudson, journaliste free lance qui travaille sur les faits divers, doit rencontrer June. A 17 ans, elle est La jeune fille dont tout le monde parle actuellement. Elle attends patiemment son exécution. Dans la salle de la prison, face au journaliste elle a décidée de se livrer, de tout raconter. L'amour fou avec David dans un bled paumé du Nevada. Le début d'une fuite vers un avenir meilleur. L'arrivée à Los Angeles où ils espèrent trouver du travail. Mais le Jeudi Noir est passé par là. Elle parle de la descente aux enfers, de la misère, de la fin, de la Grande Dépression qui ravage tout le monde. Puis leur route change. Elle parle des braquages de stations services, des meurtres, de la contrebande d'alcool et du kidnapping de la petite fille. Puis de l'arrestation. David était son homme elle était prête à tout pour vivre son rêve à ses côtés. Lui aussi. Ils étaient jeunes, dans une Amérique dévastée. Ils se sont brûlés les ailes.
 
 
Dans ce roman noir tous les ingrédients sont présents. L'amour pour commencé. L'amour fou, qui fait perdre de la tête, que l'on croit éternel et qui nous fait sentir invincible.
L'Histoire. La période de crise des Etats-Unis au lendemain du krach de 1929. Les gens qui errent pour trouver du travail, qui traversent les Etats-Unis dans l'espoir d'un avenir meilleur. Il s'agit d'un roman pour adolescents, assez court, et ce n'est pas le sujet principal du livre. Mais on y retrouve Les raisins de la colère  de Steinbeck. Comme si le destin de June et David croisait brièvement la route de Joad.
Jérôme Noirez nous offre un roman noir magnifique! Il y a quelque chose du roman De sang froid  de Truman Capote. Jérôme Noirez s'inspire des meilleurs pour offrir aux jeunes lecteurs une histoire neuve, puissante, prenante. On avales les pages sans pouvoir s'arrêter. On espère un destin moins tragique que celui de Bonnie et Clyde même si dès le départ on sait plus ou moins à quoi s'attendre.

On s'attache à ces deux personnages, malgré la froideur et la folie qu'ils peuvent parfois montrer. On peut plaider le fait que la période n'était pas propice à un jeune couple qui cherchait à s'installer, à fonder une famille en partant de rien. Mais June ne semble pas capable de se contenter d'un petit nid pour fonder un foyer. Elle a soif de liberté. Elle est jeune et veut se sentir vivante. Quand à David, vu par les yeux de sa bien-aimée il semble plutôt chercher à lui faire plaisir. Mais qu'en est-il réellement?
 
Un roman parfaitement ficelé, remarquablement bien écrit, qui ouvre la voie à la lecture de grands auteurs classiques par le biais d'un texte plus court et plus facile d'accès pour les jeunes lecteurs. Malgré sa noirceur, il reste tout de même assez soft pour le public visé.
 
Un véritable coup de cœur que je regrette de ne pas avoir lu plus tôt!



dimanche 8 juin 2014

L'île aux 30 cercueils.

L'île aux 30 cercueils, Marc Lizano,
librement adapté du roman de Maurice Leblanc,
Noctambule aux éditions Soleil, 98p.
 
 
Je me suis réinscrite à la bibliothèque, comme si je n'avais pas assez de choses à lire comme ça à la maison... Enfin... Ca me permet aussi de flâner, et de dénicher des titres qui m'avaient totalement échappés. Et si c'est possible. Surtout en BD. Comme par exemple ce titre de Maurice Leblanc, adapté en roman graphique par Marc Lizano.
 
J'aime beaucoup le travail de Marc Lizano, j'aime son trait, même si je le connais surtout pour son travail en jeunesse.
Ici il s'attaque à un roman feuilleton de l'auteur d'Arsène Lupin. Titre qui avait été adapté en feuilleton télé et a, semble-t-il, fortement marqué l'auteur, au point qu'il en fasse cette adaptation.
Je ne vais pas trop vous parler de l'histoire, parce que j'en suis navrée, mais je n'ai pas tout tout compris.
Les dessins sont vraiment canons, avec certains passages que j'ai trouvé bien intéressants graphiquement (quoique parfois pas assez poussés. Je pense notamment à la scène dans la grotte, où Véronique parle à François).
Le principe du roman feuilleton est préservé, avec les chapitres. A chaque fois un petit résumé, un avant-goût de ce qui va se passer, des infos sur l'auteur, le titre, l'actrice... le tout présenté comme d'anciens articles de journaux. C'est très sympa.
Mais alors l'intrigue. Je suis restée pantoise. J'ai eu parfois l'impression de passer du coq à l'âne sans vraiment comprendre le lien entre tel ou tel évènement. Je n'ai pas eu l'impression d'avoir toutes les clés à la fin pour comprendre l'intégralité du récit.
Je ne sais pas si cela est dû à des difficultés d'adaptation ou au texte de départ, n'ayant jamais lu ce titre de Maurice Leblanc. Toujours est-il que la lecture ne coulait pas de source, et que j'ai eu du mal à aller au bout.
Dommage.



jeudi 5 juin 2014

14-14

14-14,
Silène Edgar & Paul Beorn,
Castelmore,
avril 2014, 320p.
 
A partir de 8 ans.
Prix Gulli 2014.
 
Ce qu'il y a de bien lors des rencontres avec des auteurs, c'est que parfois il suscitent l'envie et le désir de lire un roman à côté duquel on aurait pu totalement passer. Après le roman d'Olivier Gay, Le noir est ma couleur, que j'ai lu pour cette raison, voici un roman sorti au mois d'Avril, chez Castelmore autour de la guerre de 14-18.
 
Depuis la fin de l'année dernière de très nombreux ouvrages sortent sur cette période de l'histoire dont nous fêtons actuellement le centenaire. Un travail de mémoire qui s'adresse à toutes les générations. Et parmi la production importante, voici un titre qui m'a particulièrement touché.
 
Adrien a 13 ans, il vit à Laon en Picardie. Il est amoureux de Marion, en a un peu marre de l'école ce qui est un sujet de dispute avec sa mère.
Hadrien a 13 ans, il vit à Corbeny en Picardie. Il est amoureux de Simone avec qui il souhaite se marier. Il adore l'école et voudrait poursuivre ses études au lycée de Laon, ce qui est source de conflits avec son père.
Adrien et Hadrien ne sont pas si différents l'un de l'autre. Pourtant nous sommes dans un roman Castelmore, il faut donc qu'il y ait un peu de magie. Et l'apparition d'une nouvelle boite aux lettres devant la maison de chacun des personnages va tout bouleverser. Les deux garçons vont commencer à s'écrire, suite à une erreur due à ces fameuses boites aux lettres. Eux qui ne se connaissaient pas vont se lier d'amitié, se confier l'un à l'autre et tenter chacun d'aider l'autre avec ses moyens. Mais si Adrien vit en 2014, Hadrien lui vit en 1914, à la veille de la Première Guerre Mondiale. Adrien souhaite tout faire pour sauver son ami qui risque de mourir sous les obus de la Grande Guerre.
 
 
Deux auteurs qui travaillent ensembles. Deux garçons qui s'écrivent et se répondent. Deux périodes de l'Histoire qui se télescopent. Voilà un roman bien original. Par le biais des échanges épistolaires de ces deux garçons on découvre la vie à la campagne juste avant la guerre. Adrien va se passionner pour cette période dans le but de trouver une solution qui lui permettrait de sauver son ami. Il y a, du coup, un réel intérêt pédagogique dans ce roman, au delà de l'histoire prenante et touchante. Car oui on se passionne pour leurs histoires d'amour, d'amitiés, d'école. On les voit évoluer au contact l'un de l'autre. S'affirmer, prendre confiance, et choisir leur voie. Mais un enfant de 2014 peut facilement s'identifier à Adrien et découvrir la Grande Guerre avec le même intérêt que lui.
 
Un très beau roman historique et fantastique qu'on fini par lâcher difficilement. 

mercredi 4 juin 2014

Le noir est ma couleur

Le noir est ma couleur, Tome 1: Le pari
Olivier Gay,
Rageot,
4 juin 2014, 320p
A partir de 13 ans.

 Manon, en seconde, n'est absolument pas ce que l'on pourrait appeler une élève cool. Première de la classe, toujours au premier rang, elle ne s'intéresse ni aux histoires de cœur, ni à la mode, et encore moins à ses camarades de classe. Au contraire elle semble chercher à traverser la période du lycée en étant la plus invisible possible.
De son côté Alexandre ne cherche pas à réussir ses études. Lui c'est le gars cool, le bad boy dont toutes les filles sont amoureuses. Beau gosse, charmeur avec les filles, il s'impose auprès de ses camarades par sa force, son assurance, sa grande taille et ses cours de boxe. Son but? Sortir du lycée en s'étant amusé au maximum.
Lorsque lors d'un contrôle, Alexandre se retrouve à côté de Manon il espère bien pouvoir copier sur elle et remonter un peu sa note, qu'on le laisse un peu peinard quelques temps. Mais cette pimbêche ne craque pas devant son sourire ravageur et lui refuse cette faveur?! Qu'à cela ne tienne. Alex parie avec ses potes, dans 1 semaine elle lui mange dans la main.
Mais si Manon est si fuyante ce n'est pas sans raison. Elle cache un secret qui pourrait bien mettre l'équilibre de sa famille et d'Alexandre en péril.
 
Olivier Gay, que je n'avais jamais lu jusque là, écrivait jusque là surtout des romans policiers et fantastiques pour adultes. Avec cette nouvelle saga qui sort aujourd'hui chez Rageot, il se lance dans la littérature jeunesse. Une nouvelle manne pour de nombreux écrivains adultes qui apportent leur plume au service d'un jeune public. Et c'est sans chichis qu'il nous plonge dans un Paris à la face sombre, magique et inconnue.
 
L'originalité de ce roman se situe surtout dans l'écriture. Deux héros, deux voix. Les chapitres s'enchainent, alternant le point de vue d'Alexandre de celui de Manon. Une histoire vue par deux personnages. Garçon et fille, présent et passé simple, rebel et fille modèle. Deux univers qui semblent se percuter alors qu'ils n'avaient rien en commun.
Au delà de l'image surannée du jeune délinquant qui se rapproche de la jeune fille bien sous tous rapports, Olivier Gay nous fait plonger dans un univers sombre empli de magie. Pas de gentils tous blancs, ni de méchants tous noirs dans ce roman. Non, ici comme dans la vie, il y a plus de gris. Et pourtant parmi toutes les couleurs dont parle le roman, celle-ci n'est pas abordée.
Dans ce roman, chacun doit se surpasser. Manon doit apprendre à se lier et faire confiance à un étranger. Alexandre, quand à lui, doit se faire confiance et ne pas toujours penser qu'il est un bon à rien.
 
Un premier tome qui nous offre un très agréable moment de lecture, et nous donne véritablement envie de lire la suite, prévue pour le mois d'octobre.