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samedi 22 novembre 2014

Mon ami Dahmer

Mon ami Dahmer, Derf Backderf
Çà et Là, 
Février 2013, 224p.

Tout d'abord je n'avais jamais rien lu aux éditions Çà et Là. De plus je n'avais aucune idée de qui était Jeffrey Dahmer, surnommé "Le cannibale de Milwaukee". Je remercie donc vivement Suspends ton vol pour m'avoir aiguillée sur ce titre explosif! 

Dans les années 70, Derf Backderf était au lycée avec ce type un peu bizarre Jeff Dahmer. Étrange mais pas méchant. Avec ses copains ils en avaient fait leur sorte de mascotte, imitant ses crises de "damerhismes", pendant lesquelles il reproduit des comportements entre l'autisme et l'épilepsie. 

Quand on est ado, on s'amuse d'un rien. Malgré tout, pas de mélange, jamais ce "fan-club de Dahmer" ne l'invite dans ses sorties, ni ne le voit en dehors des cours. Dahmer reste le bouffon rigolo du bahut.

En 1991, l'auteur, Derf Backderf, reçoit un coup de téléphone de sa femme journaliste. Une bombe qui va faire la une des journaux! Un type vient d'être arrêté, pour avoir tué "un paquet de gens" (17 victimes recensées). "Son appartement était rempli de cadavres!" Et ce mec était dans sa classe! Dès la deuxième tentative, Derf trouve qu'il s'agit de Dahmer. Il passera ensuite 20 ans a enquêter, revenir sur ses souvenirs pour comprendre si oui ou non ils auraient pu prévoir.

Dans cet ouvrage il revient donc sur la dernière année de lycée, juste avant que Dahmer ne bascule et ne devienne un meurtrier. Il repense aux moments passés avec lui, à son comportement au lycée. La vie de Jeff Dahmer en dehors du lycée. Les démons qui devaient le ronger. A partir de documents officiels, de souvenirs, de témoignages... Derf Backderf nous offre le portrait d'un jeune homme perdu et malheureux dans l'Amérique des années 70.

J'ai véritablement adoré ce titre. Le dessin qui vient typiquement de la bédé américaine des années 70-80. La mise en scène inspirée du cinéma. Chaque case semble travaillée dans son cadrage. La première scène en ce sens m'a énormément marqué. Rien que par le début j'ai su que j'aimerai. Ces quelques cases où l'on zoome sur ce jeune homme qui marche, prise en plongée, un pied après l'autre, avant de tomber sur le cadavre d'un chat. Les caricatures sont excellentes. Le noir et blanc est utilisé pour renforcer l'horreur ou le malaise de certaines situations.

Et pourtant on ne tombe jamais dans une curiosité morbide ou malsaine. 
Je n'ai pas été chercher plus loin des infos sur Dahmer. Pourquoi? Sans doute parce que j'aurais eu l'impression de basculer dans cette curiosité, alors que l'auteur reste tout à fait respectueux de son sujet. 
Il ne nous demande pas d'avoir de la compassion pour Dahmer. Non, il nous propose juste de nous présenter cet ado mal dans sa peau, homosexuel refoulé, abandonné par toute sa famille, sans amis, ni personne qui lui porte le moindre intérêt. 
A quel moment lui, ses amis, les profs et autres adultes qui le voyaient, auraient pu prévoir ce qu'il allait devenir? A quel moment aurait-il fallut lui tendre la main pour l'aider juste une fois, et peut-être lui permettre de ne pas devenir un tueur en série?
On ne naît pas mauvais. Comme le dit Dahmer, en épigraphe "Quand j'étais gamin, j'étais comme tout le monde."

Une bédé véritablement coup de poing qui nous renvois à nos propres actions auprès de ceux qui sont différents, qui nous mettent mal à l'aise ou que l'on ne comprends pas si on ne leur parle pas.

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