La fille du train, Paula Hawkins
Sonatine, mai 2015
380p.
Depuis sa sortie, j'avais très envie de lire ce roman policier dont la thématique m'intriguait, tout autant qu'elle me parlait. J'ai donc profité de mes vacances pour me plonger dans ce roman qui accroche très rapidement le lecteur, pour ne lui rendre sa liberté qu'à la dernière page.
Nous sommes dans la banlieue de Londres. Tous les matins, et tous les soirs, comme des milliers de personnes, Rachel prend le train pour son trajet dodo-boulot-dodo. Et tous les jours elle passe devant son ancienne maison. Celle qu'elle habitait avec son ancien mari, celle qui abritait son bonheur perdu. Aujourd'hui son ex-mari y vit avec sa nouvelle femme. Dans cette même rue, une autre maison. Celle qui représente pour elle le bonheur aujourd'hui. Tous les jours, pendant quelques secondes elle y observe un couple. Ils sont beaux, heureux, et elle leur à même donné un petit nom, Jason et Jess. Mais un jour, elle aperçoit Jess dans les bras d'un autre homme que Jason. Et quand quelques jours plus tard, Jess -de son vrai nom Megan- fait la une de tous les journaux après avoir disparu, Rachel se dit que c'est là son rôle que d'avertir le mari de cet autre homme. Elle découvre alors une vie de couple loin de celle qu'elle avait imaginé, s’immisce dans une vie qui n'est pas la sienne, et cherche à résoudre les problèmes qui sont les siens.
La narration de ce roman est faite par trois femmes. Rachel, héroïne principale, alcoolique, un tantinet agaçante. Elle a le chic pour se mettre à une place qui n'est pas la sienne, pour se fourrer dans des situations impossibles. Et cet art qu'elle a a toujours se voir comme une mauvaise personne, qui mérite de se faire traiter comme de la merde (pardonnez moi l'expression), c'est exaspérant! Mais progressivement son personnage devient attachant, et on souhaite pouvoir l'aider à se battre pour remonter le pente. Néanmoins, nous sommes longtemps sur la défensive face à sa narration. Souvent sous l'emprise de l'alcool, elle nous apparaît comme paranoïaque et peu fiable dans ces propos. Nous cherchons sans cesse à démêler le vrai du fantasmé.
Megan, qui nous raconte son histoire avant sa disparition. Jeune femme belle et insatisfaite en permanence, elle court sans cesse après un bonheur autre que celui qu'elle a déjà dans les mains.
Et enfin Anna, la nouvelle femme de Tom, l'ex-mari de Rachel. C'est ce personnage qui m'a le plus intéressé. Cette nouvelle femme, d'abord maîtresse désirée, puis désormais femme au foyer délaissée. Elle a du mal à trouver sa place dans sa propre vie de couple. Elle hait Rachel, et se compare sans cesse à cette dernière. Toute sa vie ne semble que faite pour tenter de montrer que dans son couple, elle est mieux et plus capable que Rachel. Elle voit Rachel à travers un prisme, et s'imagine comme son reflet qu'elle cherche sans cesse à améliorer. C'est, pour moi, le personnage le plus intéressant.
Bien qu'étant un thriller, qui n'est pas sans rappeler par un certain côté voyeur le film Fenêtre sur cour d'Hitchcock, il y a quelque chose de plus dans ce roman. J'ai adoré ces portraits de femmes, avec toutes leurs failles et leurs fragilités, qui n'ont qu'un seul et même but, être heureuses. J'ai retrouvé dans le roman de Paula Hawkins une touche de Laura Kasischke. Il y a dans son écriture, comme dans celle de l'américaine, une image de la banalité sans cesse sur le point de basculer. Comme si un drame guettait tout le monde à chaque coin de rue. Car qui d'entre nous ne s'est jamais montré voyeur et n'a jamais imaginé la vie derrière les fenêtres qui l'entoure? Mais dans la majorité des cas nous ne nous retrouvons pas face à une femme disparue dans de tragiques circonstances. La vie de nos voisins n'est que le reflet de notre vie, toute aussi banale que la notre.
Il s'agit là d'un vrai bon thriller psychologique, à l'image de Les apparences de Gillian Flynn. Un roman parfait pour les vacances, quand on a le temps de se laisser totalement happer par un bon page turner.
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