Impurs, David Vann
Gallmeister, 288p.
Après les grandes étendues de l'Alaska, la neige, les pins, et l'eau omniprésente, David Vann nous entraine cette fois dans la fournaise de la Californie en pleine canicule.
Dans une ancienne plantation de noix, Galen, 22 ans, vit avec sa mère, Suzy Q. Lui rejette son enveloppe corporelle et cherche à atteindre le Nirvana par la méditation (bien qu'il soit assez obsédé sexuellement, surtout par sa cousine nymphomane de 17 ans). Elle cherche à retrouver le bonheur de son enfance idéalisée. Ils vivent presque en vase clôt dans cette immense maison, propriété de la grand-mère, placée en mouroir depuis qu'elle perd la tête. Leur quotidien est fait de petits riens. La prise du thé sous le figuier, la visite journalière à la grand-mère, les visites de la tante- Helen- et la cousine de Galen -Jennifer- qu'il appelle la mafia. Vue comme ça on pourrait penser à une famille normale. Mais qu'est-ce que la normalité familiale chez David Vann?
Tous se haïssent. Tous accusent un mal être qu'ils imputent aux autres. Personne n'est responsable des ratés de sa vie, tous sont coupables des malheurs des autres. Et dans ce terreau, David Vann fait pousser une nouvelle fleur toxique qui fera exploser le faible équilibre.
Comme dans ces précédents romans (si vous ne l'avez jamais lu, ruez vous sur Sukkwan Island et sur Désolations), on sent le drame poindre. Il est là, présent, palpable. Mais quand la bombe va-t-elle exploser? Où? Comment? Qui va appuyer sur le détonateur? Il joue avec nos nerfs, frôlant la catastrophe, puis la laissant filer au loin, relachant la pression de la cocotte. Lorsque cette famille de "white trash" part en vacances pour quelques jours dans une cabane dans la montagne la tension est à son maximum. Mais non. Chacun rentre chez soit. La vie semble suivre son cours. Et pourtant...
C'est une lente descente aux enfers, une folie pure qui grandit lentement, s'insinue dans un esprit. Et quand elle prend forme elle est effrayante.
J'ai adoré ce roman de Vann. C'est noir, opaque, on s'y embourbe. On étouffe dans la chaleur californienne, on est assoiffé par ce manque d'eau, cette terre craquelée. On frémit devant cette folie. Mais j'en redemande.
Sans doute suis-je folle moi aussi. Surtout que j'ai trouvé le début très drôle...
Il faut que je me le prenne :)
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