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mercredi 2 mars 2016

Je suis CharLiberté!

Je suis CharLiberté!
Arthur Ténor, 
Scrinéo, Janvier 2016, 160p.
A partir de 13 ans.

Quasiment 1 an après, jour pour jour, les meurtres des journalistes de Charlie Hebdo, Arthur Ténor publie un roman citoyen.

Suite aux attentats du 7 janvier 2015, Tom, un jeune lycéen, très marqué par cette tuerie, décide de lancer un journal satirique au sein de son lycée. Avec trois de ses camarades, ils se lancent dans la grande aventure pour la défense de la liberté de la presse. Sliman au dessin, Max à la distribution, et Sarah à la direction éditoriale est aussi celle qui raconte cette aventure.
Si le ton du journal se veut humoristique, et refuse de parler de politique ou de religion pour ne pas choquer leurs camarades scolaires, rapidement certains vont se sentir offensés dans leurs convictions, dans leurs personnalités... Et rapidement les tensions apparaissent. Tensions suivies de menaces. Jusqu'où peut aller cette escalade?

Ce roman est très intéressant. Si au départ, il ne semble offrir qu'un hommage à Charlie Hebdo, rapidement il prends une tournure plus profonde. Arthur Ténor tente de faire comprendre la rapide escalade vers la violence qui peut se faire dans l'esprit de gens qui prennent tout au premier degré et refuse les opinions divergentes. Quand les mots ne sont pas possédés, alors on agit avec les poings. Ce petit journal lycéen satirique va rapidement exacerber les tensions entre les différents groupes de lycéens. A l'échelle d'un lycée on retrouve ce qui a, à une plus grande échelle, conduit aux attentats de janvier 2015. L'incompréhension, l'intolérance et la bêtise. 
Tom se heurte à tous ces murs qui se dresse entre lui et sa volonté de critiquer, de faire réfléchir en faisant rire. Il se heurte aussi à une censure de la direction. Comme pour Charlie Hebdo on lui fait comprendre que l'on ne peut pas rire de tout. Et pourtant! Comme le disait Desproges "On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde". 

Outre son message citoyen et politique très engagé et maîtrisé, j'ai aussi aimé le côté un peu plus léger du roman. J'ai re-goûté à mes années lycées, au journal qui s'arrachait au petit matin avec un café en gobelet dans la cour, aux pages que l'on tournait fébrilement pour trouver les dessins satiriques, les articles comiques et lire ensuite, tranquillement, les articles de fonds. Je ne me souviens pas de telles tensions. Était-ce une autre époque où il était plus simple de parler de tout?  Étaient-ce nos articles qui ne frayaient jamais avec le politiquement incorrect? Était-ce mon lycée qui offrait un cadre privilégié à la réflexion et à la tolérance? Je ne sais pas. Je ne me souviens plus très bien. Les souvenirs restent emprunts de rires, de bonheurs et de nostalgie.

En tous cas je félicite Arthur Ténor pour son ouvrage qui permet de réfléchir sur la liberté d'expression et la manière dont elle est terriblement menacée de nos jours. Il nous montre bien, à travers le destin de ce petit journal lycéen, les difficultés à la défendre quotidiennement, sur tous les sujets qui peuvent amener une opinions contraire.
A mettre dans toutes les mains dès collégiens et lycéens. A travailler en classe pour mettre en lumière les questions des jeunes sur la liberté d'expression et la peur face à la contradiction de ses idées. Je ne saurais que le conseiller.

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